Directeur Technique National de la Fédération Française de Boxe, Mehdi Nichane se confie à l’approche des finales des championnats de France Elites, ce samedi 25 janvier à Boulazac.
En tant que DTN, quel regard portez-vous les finales des championnats de France qui auront lieu ce samedi ?
On sait que ces championnats de France sont une compétition particulière et attendue. Elle nous permet vraiment d’avoir un regard sur le niveau d’ensemble de la boxe amateur française élite. Et donc, potentiellement, de piocher dans ces athlètes qui se distinguent pour pouvoir alimenter progressivement le haut niveau et les équipes de France. C’est donc une étape qui est très importante. Bien souvent, les personnes qui arrivent au bout, comme c’est le cas encore sur cette édition, sont déjà plus ou moins identifiées par la Direction Technique Nationale, c’est-à-dire qu’ils ne sortent pas de nulle part. Ils ont déjà été vus et observés, que ce soit sur des stages régionaux ou des compétitions. Il n’y a pas de réelles surprises concernant les finalistes de cette édition, avec un plateau de très haut niveau.
Quels sont les profils précis que vous attendez particulièrement à l’occasion de ces finales ?
Plus que des profils précis, je constate qu’il y a une tendance globale. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, on a plutôt des profils jeunes et prometteurs, hormis dans certaines catégories. C’est plutôt intéressant car l’objectif, c’est de pouvoir s’appuyer sur ces profils pour progressivement alimenter les équipes de France et leur faire découvrir ce qu’est le haut niveau. Avec pour ambition, bien évidemment, de rester durablement dans le circuit du haut niveau et de s’inscrire dans la haute performance en participant à des compétitions internationales de référence comme les championnats d’Europe, les championnats du monde. voire les sélections pour les épreuves qualificatives pour les Jeux Olympiques.
« Ces championnats de France sont l’occasion de marquer des points dès le début de cette nouvelle olympiade »
Justement, la route vers Los Angeles 2028 a-t-elle déjà commencé ?
Tout à fait, même s’il est important de préciser que, pour le moment, la boxe n’est pas au programme des Jeux Olympiques. La décision devrait être rendue par le CIO dans les prochaines semaines. Mais, au moment où nous parlons, nous ne sommes plus au programme ; Malgré tout, c’est un rendez-vous que nous anticipons et que nous préparons. On ne construit pas une équipe olympique sur une olympiade, même si nos choix s’affinent au fur et à mesure. Ces championnats de France sont l’occasion de marquer des points dès le début de cette nouvelle olympiade, puis de tenter de s’inscrire durablement en équipe de France.
Je pense par exemple à Yojerlin César, un boxeur qui a été champion de France et qui est arrivé un peu trop juste en vue des qualifications pour les Jeux de Paris. Il reste un immense espoir en vue de Los Angeles. C’est déjà quelqu’un qui a déjà performé sur la scène nationale et internationale. Il est dans le bon wagon. On a aussi des jeunes comme Djamel Djemmal et Sandro Spica qui viennent des équipes de France Jeunes. Ces boxeurs-là commencent à taper à la porte des seniors.
Concernant Los Angeles, il y a également des profils sur lesquels nous comptons et qui ne prennent pas part à ces championnats de France. Je pense à des gens expérimentés, notamment des boxeurs médaillés comme Bilal Bennama ou Djamili-Dini Aboudou, mais aussi des boxeurs qualifiés pour les derniers Jeux de Paris comme Wassila Lkhadiri, Amina Zidani, Davina Michel et Makan Traoré. Ils ont tous émis le souhait de se positionner sur le projet olympique 2028.
Pour les meilleurs, ce sera direction l’INSEP ? Ou avez-vous à cœur de leur permettre de continuer à grandir dans leurs clubs, avec un encadrement familier ?
Les chemins de préparation peuvent être différents en fonction des profils des uns et des autres. Il n’y a pas un chemin unique qui mène à la performance. Aujourd’hui, on a des gens qui sont dans des structures fédérales telles que le CREPS de Nancy ou l’INSEP, et on en a d’autres qui s’entraînent au quotidien dans leur club et qui sont appelés en équipe de France pour participer à des regroupements, des stages préparatoires et des compétitions internationales. Ce qui est sûr, c’est que dans le cadre de notre politique d’accès vers le haut niveau et de préparation au projet olympique, on envisage, à compter de 2026, de rapatrier sur nos structures fédérales toutes les personnes susceptibles de prendre part au chemin de qualification pour les Jeux Olympiques de Los Angeles, en leur imposant le fait de s’engager exclusivement sur le parcours amateur, sans avoir la possibilité pour eux de pouvoir jongler entre la boxe amateur et la boxe pro.
« Il y a des profils qui sont plutôt orientés 2032 que 2028 »
Vous l’avez dit, les participants à ces finales des championnats de France sont, en quasi-totalité, très jeunes. Est-ce aussi 2032 et les Jeux de Brisbane qui sont dans un coin de votre tête ?
Bien sûr ! Pour certains de ces boxeurs, 2028 sera peut-être un peu trop tôt, mais ils pourront se lancer sur un projet olympique 2032. C’est vrai que huit ans, ça peut être très long, surtout pour des personnes avec lesquelles on travaille déjà et qui sont passées par les structures fédérales. Mais on sait d’ores et déjà qu’il y a des profils qui sont plutôt orientés 2032 que 2028. Cela dit, en fonction de l’évolution des uns et des autres, il n’est pas exclu que des plus jeunes qui étaient au départ projetés sur 2032 puissent tirer leur épingle du jeu et se positionner sur 2028.