La Fédération internationale de danse et la Fédération française vont travailler ensemble plus étroitement avec l’arrivée du breaking aux Jeux olympiques de Paris 2024. Interview croisée de Shawn Tay, président de la WDSF, et Charles Ferreira, président de la FFDanse.
Comment la WDSF (Fédération mondiale de danse sportive) et la FFDanse (Fédération Française de Danse) travaillent-elles ensemble ?
Shawn Tay : Comme avec toutes nos fédérations nationales affiliées, la WDSF travaille avec la Fédération Française de Danse pour favoriser le développement de la danse sportive au maximum de son potentiel. La France est une de nos fédérations affiliées qui a une histoire riche dans la danse sportive et a ainsi toujours eu un rôle important au sein de la WDSF et dans le développement de nos disciplines dans leur globalité.
Charles Ferreira : La FFDanse est membre de la WSDF depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, deux représentants de la FFDanse siègent au sein de la commission « Europe » et celle des « Juges ». Un représentant français devrait intégrer la commission spéciale breaking dans peu de temps. Notre collaboration s’est intensifiée dès les sélections pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires en 2018 (photo). Elle se prolonge depuis que le Comité International Olympique (CIO) a manifesté la volonté d’intégrer le breaking au programme des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Quelles actions ont été mises en place pour développer la compétition de breaking ?
C. F. : La Fédération Française de Danse a organisé des sélections régionales en 2020, néanmoins repoussées à cause de la crise sanitaire. Huit championnats inter-régionaux devraient se dérouler prochainement avant un championnat de France de breaking organisé en partenariat avec la Ville d’Aix-en-Provence le 15 mai prochain. Nous espérons un retour à la normale pour pouvoir organiser ces compétitions en présentiel. Toutefois, par prudence, nous gardons la possibilité d’effectuer des sélections par vidéo et un championnat national à huis clos si les conditions l’imposent. Le championnat du monde de breaking, prévu en Chine en 2020, a lui aussi été reporté en mai 2021, mais nous n’avons aucune certitude.
S. T. : Nous sommes très satisfaits du soutien enthousiaste de la très grande majorité des comités membres de la WDSF en décembre dernier au moment où le CIO a annoncé l’entrée du breaking aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Rien que le mois dernier, nous avons directement collaboré avec 70 des 91 fédérations affiliées, y compris avec la FFDanse, et nous nous attendons à travailler avec les autres dans un futur proche.
Quel est le niveau des danseurs de breaking français ?
S. T.. : La France est la patrie de certains des meilleurs danseurs dans le monde, dont des b-boys et des b-girls. Le haut niveau et les capacités des athlètes français sont impressionnants et nous souhaitons que tous ces athlètes aient l’opportunité de participer aux prochaines sélections.
Des championnats du monde ou d’Europe se dérouleront-ils en France dans les années à venir ?
C. F. : Des championnats internationaux ont été confiés à la FFDanse ces dernières années, dont le championnat d’Europe de danses latines & de rock acrobatique au stade Pierre-de-Coubertin en 2019. La FFDanse a la capacité et le savoir-faire pour accueillir des championnats internationaux. Nous ne cachons pas notre volonté d’organiser une grande manifestation de breaking en France avant 2024 pour faire un essai avant les JO de Paris, d’autant plus que de nombreuses communes françaises nous ont fait part de leur intérêt pour l’accueillir. Espérons que la situation sanitaire mondiale nous le permette.
S. T. : La FFDanse, en tant que fédération affiliée à la WDSF, peut évidemment demander l’organisation de n’importe quelle compétition internationale, que ce soit des Championnats du monde, des Coupes du monde, des Opens ou des Grands Slam. Personnellement, je m’attends à voir plus d’événements de danse sportive se dérouler en France, en particulier à trois ans des Jeux olympiques de Paris 2024.
Quelle plus-value retire la WDSF de l’entrée officielle du breaking au programme des JO de Paris 2024 ?
S. T. : Depuis la confirmation du breaking au programme des Jeux olympiques de Paris 2024, la notoriété de la danse de compétition a fortement progressé. Les JO apportent un énorme éclairage sur ces disciplines et les athlètes, avec de nombreuses opportunités à exploiter, de la base à l’élite. L’entrée du breaking aux Jeux Olympiques de Paris 2024 donnera à cette communauté une vitrine exceptionnelle pour montrer leurs performances au monde entier. Nous constatons déjà un intérêt croissant et régulier pour le breaking, et, grâce à cela, du nombre de cours de breaking donnés dans le monde entier. Nos fédérations nationales affiliées ont aussi contacté leurs communautés locales pour travailler ensemble, mieux structurer la pratique, lui donner plus de visibilité et plus de reconnaissance dans leurs pays respectifs.
C. F. : Avoir une discipline olympique, c’est passer à une étape supérieure, recevoir des moyens, de la visibilité et des sponsors supplémentaires. Forcément, cela représente une aide substantielle pour toutes les fédérations, nationales et internationales.
Comment la WDSF va-t-elle travailler avec la FFDanse et Paris 2024 pour préparer cette compétition ?
S. T. : La WDSF se réjouit par avance de travailler en étroite collaboration avec la FFDanse pour promouvoir toutes les disciplines de danses sportives dans les trois ans qui précèdent Paris 2024 et nous sommes convaincus que l’arrivée du breaking au programme olympique va pousser le grand public à s’intéresser de plus de plus à la danse, et aussi, nous l’espérons, à s’y essayer.
C. F : Chacun aura son rôle. La WDSF travaille avec le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) de Paris 2024 sur la compétition olympique. La FFDanse vient en appui. Elle se positionne en relais sur le terrain, par exemple en amenant son expertise au COJO pour la construction du cahier des charges et le choix des centres de préparation des jeux. À terme, la FFDanse utilisera le levier que représentent les JO de Paris 2024 pour développer la discipline breaking. Elle a déjà commencé à mettre des actions en place sur le territoire national grâce à une commission de spécialistes breaking. Il y a bien sûr l’objectif de ramener des médailles aux JO, mais surtout de capitaliser pour l’avenir.