Camille Droguet : « Le 3×3, une bouffée d’air frais pour moi »

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Championne du monde de 3×3 il y a 10 jours avec l’équipe de France, Camille Droguet a vite enchaîné sur la saison de 5×5 avec son club du Basket Club de La Tronche-Meylan (Ligue 2), à côté de Grenoble. Actuellement en stage de fin d’études d’ingénieure, l’ailière de 23 ans qui a grandi dans la Drôme raconte son aventure avec les Bleues et son ambition de jouer en Ligue féminine.

Que retenez-vous de cette victoire ?
C’était fou… (elle s’arrête) Je n’ai toujours pas les mêmes mots pour décrire ce qu’on a vécu. En fait, on n’a fait que gagner tout l’été et ces Mondiaux sont la cerise sur le gâteau de ces dernières semaines. En plus, on a maitrisé la compétition, on savait ce qu’on avait à faire, on s’était fixé cet objectif et on l’a atteint. On a battu en finale à Bucarest les States qui comptaient dans leurs rangs de vraies bonnes joueuses dont certaines évoluent en WNBA. On ne pouvait pas faire mieux, c’était incroyable.

Cette victoire est-elle l’aboutissement d’un été très riche ?
Oui, il y a eu d’autres compétitions : les Jeux méditerranéens, on a fini 2e, puis la Nations League, moins prestigieuse qu’un Mondial mais avec un niveau équivalent voire meilleur. Cela a duré tout l’été puis durant la phase finale à Constanta (également en Roumanie) mi-septembre : on a battu l’Italie, les States et en finale l’équipe de France U21. Un été de dingue !

Comment avez-vous commencé le 3×3 ?
(rires) Un peu sur un concours de circonstances… c’était en 2019, j’étais tranquillement chez moi un lundi soir de semaine internationale. Yann Julien, le coach des U23, m’appelle et me dit : « Camille on a une blessée, viens demain nous rejoindre en stage. » Moi j’étais à Lyon, pour une semaine d’école à l’INSA, et j’ai pris le premier train le lendemain pour Paris… sans mes chaussures qui étaient restées à La Tronche. Donc j’y suis allé en mode free style mais ça a commencé comme ça. En plus, j’avais une mauvaise impression du 3x 3, je me disais que c’était très individuel, ça me disait pas trop en fait mais j’ai très vite compris que ce n’était pas du tout un sport individuel, que ça peut être plus collectif que le 5×5. Et chaque fois que je joue, j’adore, ça procure des émotions plus fortes, dû notamment au fait qu’il n’y a pas de coach. On se coache entre nous quatre, en autonomie : les 3 joueuses sur le terrain plus celle sur le banc.

Vous en parlez avec une énorme passion. Vous avez débuté un peu par hasard mais aujourd’hui on peut dire que c’est votre vie ?
Ah ben, depuis, je suis conquise, j’adore. Le jeu du 3×3, c’est un rythme intense, ça va vite. Je suis une joueuse assez complète sur le terrain, ça correspond à mon jeu. En dehors, je suis du genre à apporter beaucoup d’énergie. Et le 3×3 me permet de véhiculer quelque chose de très positif, de créer une émulation. En ça, cela me correspond. Oui, le 3×3, c’est une bouffée d’air frais, je suis moi-même.

Mais du coup, comment s’est passé pour vous le retour au 5×5 ?
(Rires) Ce fut un peu dur ! Il a fallu redescendre du nuage. La finale du Mondial a eu lieu dimanche et le samedi d’après, il y avait notre 1er match de championnat contre Calais, donc on je n’ai pas eu le temps de faire la fête, de profiter, il a fallu tout de suite se reconcentrer. Par rapport à tous les salariés du BCTM, qui ont été un énorme soutien, je me devais de répondre présent. Toute la bonne dynamique accumulée avec les Bleues, j’ai pu la retranscrire sur mon équipe. On a gagné ce match, c’était cool.

Quel accueil vous ont réservé vos coéquipières et les gens du club ?
Déjà, je me suis sentie super suivie, les filles et les coaches m’ont envoyé plein de messages durant la compétition. Quand je suis rentrée le mardi, elles étaient trop contentes, m’ont félicitée. Lors du match contre Calais, à la présentation des équipes, j’ai reçu de la part du club un bouquet de fleurs et une Une de L’Équipe encadrée avec des petits mots trop mignons. C’était super agréable.

C’est votre retour dans ce club après avoir passé un an en Lituanie. Qu’est-ce que vous gardez de votre expérience à l’étranger ?
C’était une super expérience ! Il était prévu que je parte un an pour poursuivre mes études, donc j’étais à la fac à Vilnius, et de jouer pour le club local. Cela n’a pas toujours été facile, j’étais toute seule là-bas mais le truc n° 1 que je retiens, c’est que j’ai appris à parler anglais, et ça c’est un putain d’avantage (sic). Il y a beaucoup de joueuses étrangères en France – on a une Américaine (Morgan Batey) par exemple au BCTM – et je comprends mieux aujourd’hui ce qu’elles vivent. Sportivement, on avait 2 matches par semaine, d’un niveau assez irrégulier et on a fini championnes de Lituanie.

Est-ce que le BCTM peut viser la Ligue 1 ?
Cette année, l’objectif est de finir dans le top 4-5 et de disputer les play-offs. On verra ensuite pour la montée, c’est peut-être un peu tôt. On est monté en Ligue 2 il y a 4 ans, le club est en cours de restructuration. Presque tout le monde a un contrat pro, on est 3 à travailler à côté et quelques-unes suivent des études.

Quelles sont vos ambitions personnelles ?
J’aimerais bien jouer en 1ère Division mais pour penser plus basket, je dois finir mes études. Je suis dans ma dernière année d’école d’ingénieur, l’INSA de Lyon donc, que j’ai suivie en parcours aménagé sur 7 ans. Je fais actuellement un stage de fin d’études pendant 6 mois dans l’entreprise Smop à Échirolles, spécialisée dans les remontées mécaniques. En même temps, j’ai des entraînements tous les soirs sauf le jeudi. Mais du coup, je me fais une séance en plus de shoots le jeudi midi. C’est un peu chaud de compiler les deux mais les dirigeants de mon entreprise sont hyper compréhensifs sur mon double projet. Ils m’ont laissée partir dès le 1er août, ils ont été hyper cools car je m’organise comme je veux et je les en remercie. Ma vie actuelle est un peu rythmée sur le mode basket-boulot-dodo mais je suis très contente de pouvoir compiler les deux.

Comment avez-vous commencé le basket ?
Mes parents étaient basketteurs, ils coachaient en région parisienne puis à Bourg-lès-Valence, dans la Drôme où ils sont arrivés quand j’avais 5 ans. Je n’étais pas trop basket au début, j’étais plus branchée par les sports de pleine nature. À force de traîner au bord des parquets, j’ai fini par apprécier le basket et je me suis retrouvée au Pôle espoirs à Voiron en U13. Après 2 ans, j’ai intégré le centre de formation de l’Asvel où je suis restée pendant 5 ans. On a gagné plein de titres chez les jeunes, une Coupe de France, on a été championnes de France Espoirs et j’ai vécu plusieurs matches du titre de championne de France de Ligue 1 sur le banc avec les pros (en 2019).

Jouer en élite avec l’Asvel, ce serait un rêve ?
Pourquoi pas, je ne dirais pas non mais ce n’est pas quelque chose que j’ai ancré dans un coin de ma tête, on verra. Si c’est un autre club que l’Asvel, ce sera bien aussi ! »

Propos recueillis par Sylvain Lartaud

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