La vice-championne d’Europe de tir à 10 mètres, Camille Jedrzejewski, auteure d’une saison 2023 époustouflante, notamment avec l’obtention d’un quota olympique à Tallinn (Estonie). Au micro de SPORTMAG, la spécialiste du pistolet à air comprimé témoigne sur son parcours et ses aspirations pour 2024.
En cette fin d’année, quel est votre bilan 2023 ?
Cette année 2023 a été importante pour moi, parce que c’était la qualification olympique que j’ai réussi à avoir au championnat d’Europe, j’en suis très fière. De plus, j’ai eu 2 médailles en individuel, une médaille en mixte, dont cette médaille d’argent lors des championnats d’Europe et la médaille d’argent des Jeux Européens. Pour moi, c’était une grande fierté de pouvoir remonter sur les podiums de championnats. J’espère pouvoir continuer l’année prochaine à ce niveau. Sinon, concernant le reste de la saison, j’ai fait des championnats du Monde où je suis passée un petit peu au travers. Néanmoins, mon entraîneur m’a dit que ce n’était pas grave et que ça faisait partie du processus. Je suis déjà contente d’avoir eu deux médailles en championnat européen.
Comment vous sentez-vous par rapport à votre quota olympique aux Jeux de Paris 2024 ?
C’est déjà un immense pas de franchi d’avoir eu le quota. Aujourd’hui, c’est un quota qui ne m’appartient pas. Il appartient à mon épreuve, le pistolet 10 mètres dames. Cependant, je suis assez confiante. Le système de sélection fait qu’aujourd’hui, je suis en tête pour partir avec mon quota. Je me prépare pour ça. Dans l’absolu, je n’ai pas peur parce que ce sont mes premiers Jeux, je ne sais pas trop à quoi m’attendre, c’est l’innocence qui parlera.
En parlant de 2024, comment vous préparez vous physiquement et mentalement à ces Jeux ?
Depuis maintenant sept ans, je m’entraîne au CREPS de Bordeaux. Je suis entourée par un staff qui est composé de mon entraîneur de tir, d’un préparateur physique qui est également mon kiné et d’une psychologue préparatrice mentale avec qui je travaille depuis quelque temps. Mon quotidien s’articule principalement autour de ça. En parallèle, j’ai fait le choix d’arrêter mes études pendant un an. J’ai fait une pause dans mes études de kiné. Cela a été un choix réfléchi puisque ça me permet d’avoir plus de temps, de la disponibilité pour être à fond sur le tir.
Quelles sont vos prochaines échéances en 2024 ?
En 2024, j’ai deux championnats d’Europe. Le premier est le championnat d’Europe 10 mètres en février et le second le championnat d’Europe 25 mètres au mois de mai. Ce sont les deux championnats d’Europe avant les JO. Par conséquent, je vais me préparer pour ces deux compétitions et pourquoi pas essayer de décrocher une médaille.
Et comment ça se passe entre athlètes de tir sportif, existe-t-il une certaine émulation entre vous, notamment avec Florian Fouquet ?
Ce qui est cool en Équipe de France de tir, c’est qu’on fait toujours des compétitions ensemble et qu’elles durent assez longtemps, environ une semaine. L’Équipe de France pistolet représente aujourd’hui six à huit athlètes, et on est tout le temps ensemble. Après, c’est vrai qu’il y a des gens qui ont de l’expérience, d’autres qui sont plus jeunes comme moi ou Florian, on va faire nos premiers Jeux. Alors forcément, on échange beaucoup les uns avec les autres. J’ai confiance dans l’équipe dans laquelle je grandis. J’avoue que quand on part à l’autre bout du monde pendant dix jours, ça fait du bien d’avoir des gens sur qui on peut compter, nous sommes tous bienveillants les uns envers les autres. On joue aux jeux de société, aux cartes, on fait notre sport ensemble. Lorsqu’ils sont en finale, je suis derrière eux, quand je suis en finale, ils sont derrière moi. Il y a vraiment du respect et de la confiance entre chacun des athlètes.
Comment avez-vous découvert le tir sportif et qu’est-ce qui vous a poussé à le pratiquer ?
Quand j’étais plus jeune, je faisais du pentathlon moderne, je pratiquais l’escrime, la natation, le tir au pistolet, l’équitation et la course à pied, avec ma grande sœur, en club. Toutes les deux, nous étions très douées au pistolet. C’est-à-partir de ce moment que j’ai choisi de faire du tir. À 15 ans, j’ai décidé d’arrêter le pentathlon pour faire du tir à haut niveau. Je vivais en Picardie et j’ai quitté ma ville de Noyon pour vivre à Bordeaux. Ma sœur a arrêté en cours de route parce qu’elle a opté pour des études dentaires. J’ai donc bien choisi de pratiquer le tir pour la compétition, pour ce que ça m’a apporté, j’étais vraiment très forte dans cette discipline et j’ai choisi de m’y investir pleinement. Je suis assez contente de ce choix, que j’ai fait il y a maintenant quelques années.
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas le tir sportif, pourriez-vous expliquer ce que c’est, ainsi que les différentes épreuves de tir ?
Pour le pistolet dames, l’épreuve dans laquelle je fais de la compétition, il existe le tir à 10 mètres qui se pratique sur des petites cibles avec un pistolet à plomb, c’est de l’air comprimé qui envoie le plomb. On tire 60 fois, et lorsqu’on tire parfaitement en atteignant le centre de la cible, on marque 10 points. Plus on s’éloigne du centre de la cible, moins on marque de points. Le centre de la cible représente une pièce d’un centime qu’il faut viser à 10 mètres de distance. Ensuite, pour le tir à 25 mètres, c’est le même principe. On a 60 tirs, 30 en épreuve de précision et 30 en épreuve de vitesse. En vitesse, la cible s’ouvre pendant trois secondes. On doit monter le bras et tirer. La cible est un peu plus loin. Ensuite, on doit attendre pendant sept secondes. La cible se referme puis réapparaît cinq fois de suite. Donc on tire 30 fois comme ça. L’épreuve de tir à 10 mètres, celle à 25 mètres de précision et celle à 25 mètres vitesse se complètent. Souvent, les filles au tir au pistolet effectuent toutes les épreuves. Me concernant, il n’y a pas une épreuve que j’aime forcément plus que l’autre. J’ai la chance d’avoir trois épreuves qui me plaisent.
Comment se déroulent les épreuves mixtes ?
On additionne les points d’une fille et d’un garçon, donc on tire 30 coups chacun, ce qui nous donne un résultat sur 60. Lors des Championnats d’Europe, j’étais en équipe avec Florian, et nous avons eu la médaille de bronze en mixte. C’est pourquoi on peut prétendre aussi à tirer ensemble durant les Jeux.
Outre l’arrêt de vos études durant un an afin de vous consacrer à la préparation des JO, vous faites partie de la Police Nationale, comment arrivez-vous à gérer ce statut « d’athlète policière » ?
Pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, la Police Nationale a souhaité créer une équipe d’athlètes. L’objectif est de pouvoir participer à notre projet sportif. Cela s’intègre aussi dans une logique de recrutement et de communication autour du sport. Afin de démontrer que la police et le sport se marient parfaitement bien. J’ai la chance d’avoir été accompagnée par mon entraîneur Walter Lapeyre qui est également policier et tireur, mais aussi par le champion olympique de tir à 10 mètres en 2000, Franck Dumoulin, qui était tireur et policier pendant toute sa carrière. C’est pourquoi c’était facile pour moi de pousser la porte de la police, on m’a montré le chemin. J’ai choisi d’y rentrer à l’âge de 20 ans, on m’a accompagné en me disant que mes qualités d’athlète feraient de moi une bonne policière et que ce serait facile pour moi de trouver ma place au sein des mille métiers de la police.
Qu’est-ce qu’on pourrait vous souhaiter pour 2024 ?
Passer une belle saison olympique, d’arriver en forme pour les Jeux, d’avoir toujours confiance. Mais aussi de croiser les doigts pour les jours de l’épreuve. Ce sera le 27 et le 28 juillet pour l’épreuve à 10 mètres et ça se terminera le 4 août avec la finale du 25 mètres. Pour l’instant, l’objectif, c’est d’être en forme, d’arriver en forme aux Jeux Olympiques.