Cédric Enard : « Je suis très clairement sur le marché »

Cedric Enard coach of Tours during the Ligue A match between Paris Volley and Tours on October 28, 2017 in Paris, France. (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport)

Une nouvelle qui en aura surpris plus d’un. Ces dernières heures, le Tours VB a annoncé que Cédric Enard serait remplacé en fin de saison par Patrick Duflos à la tête de l’équipe première. L’actuel technicien tourangeau nous dévoile les raisons de cette décision aussi rapide qu’inattendue. Entretien…

 

Cédric Enard, quelles sont les raisons de votre départ du TVB ?

Cette décision a été prise il y a peu. Nous étions en discussion depuis un petit moment concernant une prolongation. Le club souhaitait harmoniser le début de saison prochaine avec une présence de l’entraîneur pour la reprise. On m’a donc demandé de ne pas aller aux Championnats du Monde, et donc d’arrêter mon poste d’adjoint en équipe de France. Quand j’en ai parlé avec Laurent Tillie, il m’a dit qu’en étant son adjoint, et si je ne pouvais pas être là aux Championnats du Monde, il devrait trouver un autre staff. Je me suis retrouvé dans une situation très compliquée car mon souhait le plus cher, c’était de continuer les deux. J’étais très motivé à l’idée de continuer à construire ce que l’on a commencé au TVB. Quant à la sélection, nous avons vécu des choses tellement extraordinaires que c’est également très important pour moi. D’autant que j’ai vraiment très envie de continuer à travailler avec Laurent, le staff et tous les joueurs. Nous avons une génération qui peut légitimement espérer décrocher des médailles dans toutes les compétitions dans lesquelles elle sera engagée. J’entends dire que j’ai fait le choix de l’équipe de France au détriment du TVB, je trouve que c’est un peu sec, et je le regrette. On me demande tout simplement de faire un choix, et je ne sais pas si l’opportunité de faire partie de l’équipe de France se représentera un jour. Pour moi, c’était trop compliqué d’arrêter et de voir les copains à la télévision cet été. Si j’avais renoncé, je pense que je m’en serais voulu toute ma vie, et notamment avec la perspective de vivre une olympiade.

Votre volonté était donc de continuer avec le TVB mais également en sélection…

Oui, comme c’est le cas pour plusieurs entraîneurs. Laurent Tillie par exemple, était à Cannes et en sélection l’année dernière, ou encore Arnaud Josserand. Il y a plusieurs cas comme celui-là, cette situation est totalement jouable. Après, le club a décidé d’être intransigeant, je respecte ce choix et je peux même le comprendre, même si je pense que l’on aurait pu trouver une solution. En plus, comme j’ai déjà fait un an ici, et que mon adjoint me connaît parfaitement ainsi que mes sensibilités de jeu, je pense sincèrement qu’il y avait quelque chose à faire pour éviter cette isue.

Cette situation est-elle difficile à vivre ?

Oui, je ne vais pas cacher que je suis triste. Mon plan de carrière n’était basé ni sur l’équipe de France, ni sur mon parcours en club. Aujourd’hui, ce que je vis en sélection nationale, ce sont des expériences que je prends avec moi et que je souhaite réinvestir ensuite dans le club qui me fait confiance. C’était d’ailleurs ce que je souhaitais mettre en place pour Tours.

La situation était-elle tendue avec les dirigeants ?

Non, les discussions ont été très claires et franches. J’ai beaucoup disputé avec Yves Bouget, je l’ai compris et il m’a compris. J’ai également eu de très bonnes relations avec Pascal Foussard, avec qui j’ai discuté encore très longuement hier. Il n’y a eu aucun soucis de ce côté là.

Même si c’est encore un peu prématuré, êtes-vous à la recherche d’un nouveau challenge ?

Oui, je suis très clairement sur le marché. Je crois comprendre que certains pensent que j’ai choisi l’équipe de France comme orientation, mais c’est faux. J’ai seulement choisi de suivre mes convictions, qui sont à la fois d’être en sélection et en club. Je suis donc bien évidemment sur le marché, à condition que le club accepte de me voir arriver après les Championnats du Monde.

Un challenge à l’étranger peut-il également vous intéreser ?

Tout à fait. Ma famille est à Toulouse, je ne vois que très peu ma femme et mes filles. Si je devais continuer à Tours, nous avions pris la décision de déménager et de nous installer ici. Maintenant, quitte à déménager, et si mon boulot d’entraîneur peut nous permettre de découvrir une nouvelle culture et de nous enrichir humainement avec une expérience à l’étranger, pourquoi pas. Il y a tellement de contraintes avec le métier d’entraîneur que l’on s’est dit qu’il fallait nous en servir pour vivre quelque chose de nouveau, une aventure. Je suis donc à l’écoute de tous les projets, que ce soit en France ou à l’étranger. Nous allons prendre le temps de la réflexion et tout étudier.

Et si vous ne trouvez pas ?

Et bien ce sera une année où j’en profiterai pour organiser des petits séjours à la rencontre d’autres entraîneurs. Je rêve de rencontrer et de découvrir la philosophie de plusieurs coachs, le fonctionnement de certains clubs. J’y pense depuis pas mal de temps, même si ma priorité sera bien évidemment de trouver un nouveau challenge. Après, je n’accepterai pas un projet pour accepter un projet. En faisant déménager ma famille, l’enjeu est trop important. On verra ce qu’il se passera dans les prochaines semaines, et je prendrai les décisions en temps voulu.

Propos recueillis par Bérenger Tournier

 

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