Charles Caudrelier : « La meilleure des préparations »

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Le skipper de l’équipe Gitana a remporté la Route du Rhum 2022 avec son bateau, le Maxi Edmond de Rothschild.  Désormais, le voilà prêt à aborder le Trophée Jules Verne.

Y a-t-il une effervescence dans l’équipe suite à la victoire sur la Route du Rhum ?

Charles Caudrelier : Oui, l’équipe est motivée. Avec la victoire, on n’arrive pas le matin dans la même ambiance. D’autant que ce succès est un aboutissement. Après le problème sur la Route du Rhum en 2018, un nouveau cycle s’est mis en place pour cette dernière édition. Je suis arrivé chez Gitana en 2019. Depuis, avec l’équipe, on a gagné toutes nos courses. On s’est maintenant préparé pour le Trophée Jules Verne. Ce sera seulement après, quand le bateau sera sorti, qu’on pourra souffler un peu.

Le Maxi Edmond de Rothschild est-il aussi bien conçu pour un équipage que pour une course en solitaire ?

CC : Le bateau a été construit pour un homme seul, mais il s’adapte très bien. On part sur le Trophée Jules Verne avec un équipage de 6 personnes, ce qui est un peu le maximum pour ce bateau. Comme il est conçu pour être utilisé en solitaire, il peut se manier en équipage là où l’inverse est compliqué.

L’analyse météorologique est essentielle pour votre performance. Qui est le routeur de votre équipe ?

CC : Notre routeur est Marcel van Triest, il est très expérimenté, notamment sur le Trophée Jules Verne. Il a participé à plusieurs records, dont le dernier avec Francis Joyon. Il a également été navigateur, ce qui n’est pas indispensable. Mais j’aime bien ça, car je trouve qu’il a une meilleure compréhension de ce qui se passe à bord.

Dans un an aura lieu l’Arkea Ultim Challenge. Quelles difficultés supplémentaires ces bateaux ajoutent-ils par rapport à un tour du monde en Imoca ?

CC : C’est la même difficulté. Mais il y a des différences importantes. La principale, liée aux multicoques, c’est la possibilité de chavirer. Alors qu’avec un Imoca à fond, tu peux casser du matériel, mais tu ne chavires pas. La taille et la vitesse rajoutent du stress également. Cette vitesse peut entraîner des dégâts majeurs en cas de problème. Donc, on est obligé d’anticiper.

« Ça va se jouer sur celui qui va réussir à finir le tour du monde avec 100% de son potentiel »

Est-ce qu’il existe des stratégies pour éviter le percuter des objets ?

CC : Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à faire, c’est vraiment de la malchance. Dans l’eau, on sait détecter. On repère, par exemple, les bancs de poissons pour éviter de rencontrer des mammifères marins. Dans l’air, on sait détecter. Mais pour tous les objets flottants, c’est compliqué, même pour l’armée. Surtout dans une mer formée. Mais c’est comme un imprévu sur le Dakar, ça rend la course imprévisible.

Dans la catégorie Ultim, il semble y avoir peu d’écarts entre les bateaux…

CC : Sur la Route du Rhum, on a eu quasiment la même stratégie avec François Gabart. A un moment, il a eu une petite avarie et à partir de là l’écart s’est maintenu. On peut considérer qu’on est vraiment très très proches. Mais sur un tour du monde, ça ne va pas se jouer sur la performance. La solidité du bateau va rentrer en compte. On navigue souvent avec le bateau de Thomas Coville qui est taillé pour le tour du monde. Il est un peu moins rapide à certaines allures. Mais ces différences, sur cette course, elles vont grandement se niveler. Ça va se jouer sur celui qui va réussir à finir le tour du monde avec 100% de son potentiel.

Quelle va être votre préparation pour l’Arkea Ultim Challenge ?

CC : Ma préparation commence dès maintenant. Si on termine le Trophée Jules Verne, je serai le seul de mes concurrents à avoir fait un tour du monde avec son bateau. C’est donc la meilleure des préparations. Je vais sur ce Trophée Jules Verne pour battre le record. Mais ma seconde motivation, c’est de naviguer avec mon bateau pour le fiabiliser et le connaître au maximum.

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