Les 21 et 22 janvier, Chaux-Neuve et son tremplin de la Côte Feuillée accueillent une étape de Coupe du monde de combiné nordique. Un retour dans le massif jurassien, quatre ans après la dernière venue de l’épreuve internationale. Le résultat d’une vraie course de fond de la part des organisateurs et des collectivités locales, sur un territoire féru de ski nordique.
Un retour très attendu. A Chaux-Neuve, lieu emblématique du combiné nordique, voilà quatre ans que le come-back de la Coupe du monde était espéré. Au printemps dernier, la nouvelle est officielle : la Fédération internationale de ski (FIS) révèle son calendrier pour l’hiver 2022-2023, et l’étape jurassienne est bien au programme. « Depuis toutes ces années, nous n’avons jamais cessé de travailler sur cet événement », souligne Patrick Guglielmetti, président du comité d’organisation de la Coupe du monde de Chaux-Neuve. « C’est une vraie satisfaction de revenir. Cela prouve que notre site reste une place forte du nordique aux yeux des instances internationales. De notre côté, le travail ne s’est jamais arrêté, malgré les nombreuses interrogations… » Il faut remonter à 2019 pour voir les tremplins de la Côte Feuillée accueillir l’élite mondiale. En 2020, les organisateurs font le choix de concentrer leurs moyens sur les Jeux olympiques de la Jeunesse de Lausanne, avec des épreuves de ski nordique à Prémanon (Jura), au stade des Tuffes. Ensuite, la pandémie de Covid-19 passe par là et pousse à l’annulation de l’édition 2021, un huis-clos n’étant pas tenable financièrement. L’hiver dernier, c’est la Coupe du monde de ski de fond, dans la station voisine des Rousses, qui est privilégiée. Cette année, les organisations des deux événements internationaux se sont rapprochées. « Jusque alors, on avait toujours essayé de ne pas se marcher sur les pieds. Avec la situation actuelle, mutualiser nos moyens, réduire les coûts et réutiliser certains équipements est une bonne idée », explique Patrick Guglielmetti. Désormais, Jura Ski Events, chargé des Rousses, et l’ASNI, pour Chaux-Neuve, avancent main dans la main sous la bannière de Nordic Evenements. Les deux manifestations se tiendront à moins d’une semaine d’intervalle, puisque la Coupe du monde de ski de fond a lieu du 27 au 29 janvier. Un « véritable défi », rendu possible par le soutien des collectivités locales.
Le massif jurassien, terre de nordique
Le président du comité d’organisation de l’événement en est conscient : « Sans le soutien des collectivités, tout ça ne pourrait pas se faire. » Ainsi, les départements du Jura et du Doubs soutiennent ce double événement, ainsi que les communautés de communes et la Région Bourgogne Franche-Comté. Cette dernière n’est d’ailleurs pas seulement présente auprès du ski nordique pour ces manifestations internationales. Ainsi, 160 000 euros ont été débloqués par la Région pour chacune des manches de Coupe du monde, auxquels il faut ajouter l’investissement à hauteur de 2 millions d’euros dans la rénovation des équipements du Stade des Tuffes et du site de Chaux-Neuve, participant à hauteur de 30% aux travaux du tremplin. « Le massif jurassien est profondément une terre de ski nordique. L’école de Prémanon [le Centre national de ski nordique et de moyenne montagne, ndlr] est la meilleure d’Europe, tandis que le savoir-faire et la coordination des organisateurs reçoit une vraie reconnaissance internationale », salue Willy Bourgeois, vice-président de la région Bourgogne Franche-Comté en charge des Sports. Face aux Alpes et aux Pyrénées, le massif jurassien, qui s’étend du nord de la Franche-Comté jusqu’au Pays de l’Ain, joue pleinement la carte de son identité nordique. Biathlon, saut à ski ou encore ski de fond y sont rois. Le Comité régional de ski du massif jurassien compte plus de 4500 licenciés, et les manifestations internationales peuvent compter sur un réseau de 500 bénévoles sur le pont. « Le mouvement sportif est très bien structuré sur l’ensemble du massif, aussi bien en quantité qu’en qualité. Au vu de cet élan et de cette gouvernance fonctionnelle, je suis certain que l’engouement sera au rendez-vous, pour donner du rêve à tout le monde », ajoute Willy Bourgeois.
« Toujours bien d’être à la maison »
Pour Patrick Guglielmetti, président du comité d’organisation de la Coupe du monde de Chaux-Neuve, le « point d’interrogation », c’est l’affluence. En 2019, 8 000 spectateurs étaient au rendez-vous : « On rêve de retrouver ces chiffres-là ! On s’attend tout de même à recevoir du monde, le ski nordique est bien reparti après le Covid. Et les résultats actuels de l’équipe de France nous donnent bon espoir… » Il faut dire qu’en ce début de saison, les Bleus du combiné nordique ont ravivé la flamme, quelque peu en berne après les années fastes de Jason Lamy-Chappuis, quintuple champion du monde et champion olympique, à la retraite depuis les Jeux olympiques 2018. En début d’hiver, Mattéo Baud et Laurent Muhlethaler ont brillé, jouant les premières places et les top 10 avec régularité. Le premier, âgé de 20 ans, a même décroché un superbe podium à Ruka, en Finlande. Une performance qui n’avait plus été réalisée depuis 5 ans : « J’espère que notre entame de saison va ramener du public. En tout cas, ce retour du haut niveau international en France va faire connaître notre discipline, il faudra que l’on renvoie une bonne image », avance le champion de France 2022. Lui aussi Jurassien, Laurent Muhlethaler a déjà pris part à la Coupe du monde de Chaux-Neuve à trois reprises, dont cette dernière édition en 2019. « Je me rappelle avoir bien sauté sur ce tremplin, même si je n’ai jamais été incroyable sur la piste ! », rit le combinard. « J’en garde un super souvenir. Il y a toujours beaucoup de public, et c’est très bien organisé. J’habite à 30 minutes, je m’y entraîne. Être avec la famille, les amis, c’est un plus, c’est toujours bien d’être à la maison. » Sur leurs terres, les Bleus du combiné nordique sont prêts à faire décoller leur discipline, jusqu’aux yeux du grand public.
Par Etienne Le Van Ky