Durant cette période olympique et paralympique en France, le club de boxe Fight Center Boxing, dans le 9e arrondissement de Marseille, prépare déjà la saison prochaine. Christophe Marraffa, président-entraîneur, revient sur le projet du club : « Les Boxeurs du Cœur ».
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas le Fight Center Boxing, pourriez-vous expliquer ce que c’est ?
Le Fight Center Boxing, c’est un club de boxe pied/poing, on y enseigne différentes activités pugilistiques telles que la boxe thaïlandaise, le kick boxing, le full contact ou le K-one (ndlr kick bixing avec les genoux). On a également toutes les sections possibles, puisqu’on démarre avec les 4-5 ans jusqu’à pas d’âge (rires), j’ai des doyens qui ont 75 ans. Et tout cela est enseigné de manière conviviale, l’idée est d’avoir un club qui tourne où les gens viennent apprendre cette discipline et aussi passer du bon temps et qui repartent qu’avec du positif.
Quand est-ce que le club a vu le jour ?
Mon club a pu s’ouvrir et bien tourné que depuis 3 ans. Avant, j’enseignais dans un autre club où j’étais simplement entraîneur, mais en terminant de passer tous les diplômes et avec de la volonté, j’ai pu ouvrir mon club depuis trois saisons.
Depuis quand enseignez-vous alors les sports de combat ?
Depuis 1998, je dirais que ça fait 29 ans que j’entraîne, mais seulement 2 ans à titre professionnel.
C’est donc une véritable passion pour vous ?
Complètement ! Ça a toujours été ma passion. Le fait de pouvoir travailler à travers ma passion et de transmettre ce que je sais, c’est réellement une passion depuis des années.
Au-delà de l’aspect sportif, le Fight Center Boxing insiste et inculque les valeurs du sport, notamment l’inclusion…
D’abord, je ne refuse personne dans le sens où nous sommes tout public dans le club. Ensuite sur l’inclusion, il est vrai que chacun a ses problèmes et que d’autres en ont des plus conséquents, l’idée, c’est que grâce au club qu’ils puissent passer toutes les étapes, être positif sur le plan physique et mental. Cette année, j’ai eu trois personnes atteintes d’autisme à qui on a pu apporter de façon naturelle, puisque personne ne se force dans mon club, des choses très positives sur leurs capacités physiques, sur l’inclusion par rapport aux autres. Dans mon club, je l’ai toujours dit, il n’y a pas de différence, même s’il y’a forcément des éléments à prendre en considération, je ne fais aucune différence entre les personnes, ni en termes de classe sociale, ni au niveau de la religion, ni au niveau d’un quelconque handicap. Tout le monde est logé à la même enseigne, et on apporte tout ce qu’on peut apporter de positif grâce à nos valeurs : le respect, l’humilité, de volonté et d’amitié.
Dans cette optique, vous avez pour objectif de développer une nouvelle branche dans votre club ?
Exactement, tout en étant un club de boxe classique, moi ce que je veux instaurer à la rentrée, c’est de créer un sous objet dans mon club. Ce dernier serait le fait de pouvoir intervenir sur plusieurs thématiques, comme pour les personnes sans-abri, j’ai récemment pris contact avec le président de l’Emmaüs du 8e arrondissement de Marseille, ça peut être également avec les personnes en situation de handicap moteur et physique sur lesquelles je suis déjà intervenu et où j’ai eu des retours très positifs de leur part ou de celles des éducateurs. J’ai également un partenariat avec SOS village d’Enfants, même avec les enfants qui ont des enfances difficiles, nous intervenons. Et encore une fois, tout cela se fait de façon naturelle, c’est la raison pour laquelle ce projet s’appelle : Les Boxeurs du Cœur.
Quel a été le déclencheur créant cette initiative : les Boxeurs du Cœur ?
L’élément déclencheur, je dirais que ce sont les rencontres. J’ai entraîné une personne il y a quelques années, Aurélie, elle-même présidente de l’association Handidream, agissant beaucoup après des personnes en situation de handicap. Aurélie est également en situation de handicap dû à un accident de scooter à l’âge de 17 ans et elle m’avait dit un jour qu’elle avait toujours rêvé de faire de la boxe. Alors, je l’ai entraîné à une époque, et je lui ai dit, Aurélie ta jambe, ce n’est pas grave, viens au club et tu seras une élève à part entière. Elle a réussi des choses extraordinaires ! Et c’est ce qu’elle m’a dit, quelque chose d’exceptionnel : « Ce club est génial, il y’a un regard très positif, je me sens bien et quand tu m’entraînes, j’oublie complètement que je suis handicapé ». Ce jour-là, c’était extraordinaire ! Pour moi, c’était comme recevoir un chèque d’un million d’euros ! (avec émotions). Et en effet, cette histoire a été l’élément déclencheur puisque je l’ai contacté pour travailler avec les Boxeurs du Cœur.
De plus, je suis déjà intervenu auprès de personnes en situation de handicap, notamment dans un centre à Saint-Cyprien avec des personnes atteintes de trisomie 21. Et, il y a eu de nombreux échanges humains incroyables et selon les retours des éducateurs ils ont adoré, et ça, c’est comme un deuxième salaire ! Paradoxalement, la boxe a longtemps eu une image d’un sport violent, et simplement, c’est la façon dont on l’enseigne. J’ai eu des cas aussi de personnes issues de quartiers plus populaires qui ont eu des difficultés dans leur jeunesse et qui grâce à ce sport ont pu apprendre le respect, à devenir une meilleure personne. Et c’est vrai que ça fait toujours plaisir d’entendre ce genre de retour.
Avez-vous des aides de la part de la ville, du département ou de la région pour vous accompagner dans votre démarche ?
Pour l’instant non, puisqu’on termine à peine notre troisième année. Et, je n’ai jamais demandé quoique ce soit puisque j’ai appris à me débrouiller seul. Peut-être que petit à petit, je demanderais des aides, notamment au niveau du matériel, pourquoi pas ? Néanmoins, pour l’instant, je continue de me débrouiller seul.
Dans ce cas, comment arrivez-vous à vous rendre auprès de centres médicaux pour effectuer des ateliers auprès de personnes en situation de handicap ?
J’y suis allé par mes propres moyens, tout simplement ! (rires) Après plusieurs séances, cela m’arrive qu’on me conseille de revenir afin de réaliser d’autres séances auprès de personnes en situation de handicap. Et de mon propre chef, je décide d’y aller ou non, bénévolement ou pas d’ailleurs, ce qui m’importe, c’est de pouvoir transmettre ce que je sais au niveau de la boxe, que ce soit au niveau sportif comme au niveau des valeurs. Et souvent, j’ai plus l’impression que ce sont les personnes que je rencontre qui m’apporte plus que moi, je peux leur enseigner !
De plus, j’en ai parlé dans mon club, notamment à des jeunes élèves pour savoir si certains étaient intéressés à l’idée de rejoindre le projet sur la base du volontariat. Ainsi, de nombreux jeunes de tout âge veulent être volontaires et m’accompagner dans cette démarche afin de faire avancer les mentalités.
Enfin, auriez-vous un petit mot pour les personnes en situation de handicap pour les motiver afin qu’ils se lancent dans une activité physique et sportive ?
Je leur dirais de lever leurs barrières personnelles, comme je dis souvent à mes élèves, le seul adversaire qu’on a réellement face à nous dans la vie, c’est nous-même. Tout simplement, c’est nous qui nous mettons nos propres barrières, évidemment il y a en qui ont des barrières plus lourdes à lever, donc il faut réussir à les dépasser. Ils n’ont aucune idée de ce qu’ils pourraient accomplir avec de la volonté et de la bienveillance, il faut franchir ce pas puisqu’en face il y aura toujours des gens à l’écoute. Il ne faut jamais hésiter, et toujours chercher du positif afin de pouvoir prendre confiance.