Cindy Peyrot : « J’ai fait mon chemin toute seule »

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A 28 ans et un palmarès bien rempli, Cindy Peyrot est l’un des visages de la pétanque féminine. Vice-championne du monde cet été, la gauchère est bien installée en haut de sa discipline, où les femmes commencent à se faire leur place. Parfois comparée à Dylan Rocher, la joueuse de Cazères gère sa carrière sportive en parallèle de sa vie professionnelle.

Vous avez connu une belle année en 2021, avec cette finale aux Mondiaux en Espagne. Quels sont vos objectifs cette année, avec votre club et à titre personnel ?

Avec mon club de Cazères, nous sommes engagés en Championnat de France des Clubs (CNC). On veut évidemment aller chercher le titre. Notre équipe est compétitive pour cela. A titre individuel, j’aimerais participer aux championnats du monde en doublette au mois de mai. C’est une compétition mixte, il n’y a que deux hommes et deux femmes sélectionnées. J’espère en faire partie. Idem pour les championnats d’Europe au mois de juin, les Jeux mondiaux et toutes les compétitions internationales. J’espère être sélectionnée pour un maximum de grandes échéances. Cela va passer par des bonnes performances tout au long de la saison.

Comment êtes-vous venue à la pétanque ? C’était vraiment le sport familial ?

Oui complètement. Dans ma famille, tout le monde joue. Du père, de la mère, des grands-parents, des cousines, des oncles, tout le monde joue à la pétanque chez moi. Pourtant, j’ai commencé sérieusement assez tard, à l’âge de 15 ans. J’avais une licence en club depuis mes 8 ans, mais j’étais passée par plusieurs sports avant. J’ai tout essayé : foot, basket, judo…

« Je peux jouer des deux mains »

Et qu’est-ce qui fait que vous avez finalement choisi la pétanque ?

A un moment, c’était impossible d’y couper ! Assez vite, j’ai commencé à être appelé en Equipe de France. Mon premier grand souvenir, c’est ma participation à La Marseillaise, à 17 ans. Je pense que c’est un des moments où j’ai commencé à basculer sur du haut niveau, et à vraiment m’accrocher.

Vous êtes gauchère à la pétanque, mais on dit que vous êtes droitière dans la vie. C’est vrai ?

C’est ça, je fais tout le reste de la main droite, tous les autres sports. Mon grand-père était déjà ambidextre, et je pense en avoir un peu hérité. Je peux jouer des deux mains, mais je préfère la gauche. C’est comme ça que j’ai naturellement commencé, alors c’est resté.

Votre spécialité, c’est le tir. Quel type de partenaire de jeu êtes-vous ?

Je peux faire un peu de tout, mais je suis le plus souvent la tireuse attitrée. Dans une équipe, je n’ai pas forcément le rôle de leader. Je suis plutôt celle qui essaye de s’adapter aux autres. Dans mon club, on se connaît bien et on a de bonnes relations, également en dehors de la pétanque. Pour moi, c’est important d’avoir une vraie entente avec ses coéquipières. Si on veut gagner des titres c’est primordial. Je pense que c’est ce qu’a l’Équipe de France masculine, les multiples champions du monde. C’est une force pour eux de se connaître depuis longtemps et de jouer très régulièrement ensemble. Il faudrait que l’on réussisse à appliquer ça chez les féminines, pour avoir une équipe soudée et qu’on retrouve sur la durée. Ça peut être la clé pour aller plus haut.

« La comparaison avec Dylan Rocher, je la comprend, même si j’en suis loin »

La pétanque est encore un sport à forte dominante masculine. Alors à vos débuts, vous n’aviez peut-être pas vraiment de figures auxquelles vous rapprocher. Vous pensez avoir un rôle à jouer pour la féminisation de votre sport, et être vous-même un modèle ?

C’est vrai que je n’avais pas forcément de modèles auxquels me rattacher. Chez les grands joueurs, c’est vrai que j’admirais Philippe Quintais, un véritable monument. Mais je ne me suis pas identifié à quelqu’un en particulier, j’ai fait mon petit chemin toute seule. Je n’ai pas forcément l’impression d’avoir cette mission, ce n’est pas moi et moi seule. Aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes qui jouent et on est quand même plusieurs à haut niveau. Je pense que c’est plutôt le fait d’avoir beaucoup de joueuses qui pourra en attirer de nouvelles. Cela combiné à la médiatisation, qu’on voit vraiment beaucoup plus ces dernières années. C’est en bonne voie, en progression.

Vous êtes jeune dans le monde de la pétanque, gauchère, tireuse, forcément vient parfois une comparaison avec Dylan Rocher. Comment la ressentez-vous ?

C’est vrai qu’il y a des gens qui m’en parle, qui me disent que je suis une « Dylan Rocher au féminin ». Je comprends la comparaison, mais je n’y prête pas trop attention. Je ne me situe pas du tout par rapport à Dylan. Pour moi, on n’a rien à voir, surtout au niveau du palmarès. Je suis bien loin de la moitié de ce qu’il a fait ! Aujourd’hui, Dylan est l’emblème et l’image de la pétanque. C’est lui le pilier en ce moment, à la fois le futur et le présent. Et il le mérite, c’est un joueur qui a tout, tant dans son jeu que médiatiquement. C’est une comparaison flatteuse en tout cas.

« J’ai 28 ans et des envies d’être maman, un emploi est une sécurité »

Récemment, vous avez entamé une reconversion professionnelle à côté de votre carrière sportive. Racontez votre parcours qui vous a mené à ce nouvel emploi.

J’ai fait un bac pro puis un BTS métiers des services à l’environnement. Pourtant, je n’ai pas continué dans cette branche. Je me suis bien plus consacré à la pétanque, et je suis rentré tardivement dans la vie active. Depuis janvier, je suis conseillère à Pôle Emploi, c’est un CDI aménagé d’une cinquantaine d’heures dans le mois, avec le statut de sportive de haut niveau. Autant cet emploi que ce statut sont très importants pour moi. Cela me permet de concilier vie active et pétanque, avec tous les déplacements que cela engendre pour les compétitions, les entraînements… Avec des horaires aménagés, j’ai du repos. Et surtout, je sais que cela s’inscrit sur la durée.

Cela vous apporte une forme de sécurité et de stabilité ?

Tout à fait. Quand on est bien dans sa tête et sa vie personnelle, tout marche bien mieux. Il faut aussi commencer à préparer l’après de ma carrière. Les jeunes poussent derrière et il y a bien plus de niveau, bien plus de solides joueuses féminines. J’ai 28 ans et des envies d’être maman, alors cet emploi me permet d’assurer mes arrières. Pour la suite, j’aimerais bien jouer à haut niveau lorsque j’aurais une quarantaine d’années.

Quels sont vos grands objectifs de carrière, quels sont les titres que vous aimeriez voir inscrits à votre palmarès lorsque vous arrêterez ?

Mon objectif ultime, c’est d’être championne du monde. Si j’arrête la pétanque sans ce titre, ce serait une petite pointe de déception. J’aurais le sentiment qu’il manque quelque chose. C’est d’autant plus important pour moi de le faire en équipe, c’est l’accomplissement de tout sportif. J’espère qu’on arrivera à le faire, on en est très proches.

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