Deuxième de la Coupe du monde de slalom la saison passée, Clément Noël aborde cet hiver avec confiance. Après une longue période loin des skis, le jeune tricolore entend croquer avec envie dans cette saison 2020/2021 qui se conclura par des Mondiaux en Italie.
Deux points. Deux malheureux petits points, c’est ce qui a manqué à Clément Noël pour aller chercher le Globe de Cristal du Slalom au terme de la saison 2019-2020. Une saison tronquée, en raison du Covid-19. Mais aux yeux du natif de Remiremont, cet échec sur le fil est déjà du passé. « Lorsque nous étions à Chamonix, personne n’était au courant que ce serait notre dernière course de la saison. La digestion s’est faite assez rapidement si je puis dire… ça s’est passé comme ça, c’était pour tout le monde pareil. Certes, plusieurs étaient dans des positions préférentielles lorsque la saison s’est arrêtée brutalement, mais je savais qu’il n’y avait pas d’autre solution et qu’il allait falloir s’adapter », confie Clément Noël. Deuxième du classement du slalom et douzième du classement général final de la saison écoulée, le skieur de 23 ans a tout de même vécu son exercice le plus accompli en Coupe du monde. Trois victoires et six podiums sont venus concrétiser son entrée dans le cercle des meilleurs skieurs de la planète. « Ma saison a été très belle, je n’ai rien à regretter et rien à changer. J’ai pris de l’expérience, j’ai vécu plus de situations et je suis donc mieux armé qu’à la même période la saison dernière », se réjouit le principal intéressé. Une nouvelle saison que Clément Noël, comme les autres slalomeurs, espérait débuter à Levi (Finlande), cadre traditionnel du premier slalom de la saison. Une course finalement annulée par la Fédération internationale de ski, poussant les spécialistes des piquets à repousser leur rentrée au 21 décembre à Alta Badia (Italie). De février à décembre, Clément Noël aura donc passé près d’un an loin des pistes du circuit de la Coupe du monde.
« On se dit juste que ce sera une saison différente »
« C’est certain que c’est une nouvelle saison que j’aborde, comme les autres skieurs d’ailleurs, un peu dans le flou », avoue Clément Noël. « J’avais l’habitude d’aborder des saisons plus au moins de la même manière, avec des dates fixes d’année en année. Cette année, c’est vraiment compliqué : les courses vont-elles pouvoir se tenir ? Dans quelles conditions ? Le public sera-t-il présent ? Ce sont forcément des questions qui me trottent dans la tête. Les interrogations sont là, mais je n’appréhende pas forcément. On se dit juste que ce sera une saison différente », confie le jeune slalomeur, agacé par ce flou quasi permanent mais serein quant à sa préparation. « Jusqu’à il y a quelques semaines, nous n’étions pas au courant que le début de saison aurait lieu en décembre. On subit les modifications du calendrier, c’est comme ça… Il faut faire avec, comme en février. J’ai pris le confinement comme une période particulière, mais dès que cette période s’est terminée, j’ai basculé sur une préparation quasi normale. Maintenant que l’on sait que c’est décalé, je prends plus le temps de me préparer et de travailler sur certains aspects. » L’occasion d’enchaîner les stages, les manches et ainsi de tester le matériel afin de continuer à évoluer pour le skieur de 23 ans, toujours doté d’une marge de progression. « Il y a toujours plein de choses sur lesquelles travailler. Je veux progresser techniquement et physiquement et je m’y suis attelé durant la préparation. Ce sont souvent des petits détails à corriger ou à améliorer qui me feront aller plus vite cet hiver. »
« Chamonix sera la grande étape »
Un hiver qui sera notamment marqué par deux slaloms du côté de Chamonix, les 30 et 31 janvier 2021. Forcément une bonne nouvelle pour Clément Noël, vainqueur sur la piste française en février dernier. « Comme nous n’aurons pas Val d’Isère en slalom, Chamonix sera la grande étape. Pour moi, encore plus que pour les autres, car j’ai un super souvenir avec ma victoire l’an dernier sur cette piste et la ferveur du public. Évidemment, cette année on ne sait pas s’il y aura la même ambiance mais il y aura la piste, et le cœur, et on donnera tout pour bien faire. On sait aussi que Chamonix est une piste qui convient bien aux Français, alors même s’il y a beaucoup d’incertitudes pour cette saison, j’espère que ce seront des superbes courses », se réjouit le Tricolore. « Cette saison, mon objectif est d’arriver bien préparé pour prendre course après course et être le plus régulier possible dans mes résultats. Forcément, j’ai tendance à vouloir faire mieux que par le passé. J’ai terminé deuxième à deux reprises du Globe du slalom. Mieux que deuxième, c’est la première place. On sait que ça tient à un fil et que la concurrence est rude. Donc plutôt que de me focaliser sur le classement général, je préfère gagner des courses et être le plus régulier possible. Ce n’est qu’à la fin de la saison qu’on verra ce que ça donnera. » Une saison plutôt avantageuse pour Noël, puisque les slalomeurs iront notamment à Wengen, Kitzbühel et Zagreb. Des pistes sur lesquelles le Tricolore s’est imposé ces deux dernières saisons.
« L’enchaînement Mondiaux-JO-Mondiaux donne envie »
Une saison abordée avec confiance, d’autant que Clément Noël continue de bénéficier de l’expertise du groupe France, particulièrement expérimenté en slalom. « Les cadres que sont Julien Lizeroux, Jean-Baptiste Grange et Alexis Pinturault m’ont été d’une immense aide lorsque j’ai intégré le groupe France. Ils m’ont donné des conseils et ont tenu pour moi le rôle de grand frère, ou plutôt de manager, presque même de professeur de ski. J’ai pris de leur expérience et bu leurs paroles. Ce sont des skieurs avec qui j’aime énormément travailler et qui me font progresser. » Une émulation qui fait du jeune tricolore l’un des grands favoris en vue du Globe de Cristal du slalom, même si Noël devra à nouveau composer face à Henrik Kristoffersen, tenant du titre de la Coupe du monde, et face au Suisse Daniel Yule. « Nous étions trois à peu près au même niveau en slalom », reconnaît Clément Noël. « Mais il y a beaucoup d’autres skieurs qui sont capables, sur une ou plusieurs courses, de venir se mêler à la lutte. Il y a aussi des jeunes qui peuvent éclore cette saison, la concurrence promet donc d’être assez fournie, il n’y a pas un adversaire à surveiller plus qu’un autre. » Une saison plutôt ouverte donc, d’autant qu’elle s’annonce chargée. Outre les étapes de Coupe du monde, les skieurs ont rendez-vous du 8 au 21 février 2021, à Cortina d’Ampezzo (Italie), pour les championnats du monde. Le tout un an avant les Jeux Olympiques 2022 à Pékin, et deux ans avant les Mondiaux 2023, du côté de Courchevel-Méribel. « Aucune course n’est dans un coin de ma tête en permanence », assure Clément Noël. « Mais je dois avouer que cet enchaînement Mondiaux-JO-Mondiaux donne envie. Ça va être des beaux événements, de belles fêtes et j’aimerais forcément en faire partie. Je verrai bien ce que l’avenir me réserve, le plus important est de continuer à progresser d’ici là. » Et de gagner, bien évidemment.