Deuxième du classement général de la Coupe du monde de slalom l’hiver dernier derrière Marcel Hirscher, Clément Noël sera forcément attendu par tout le public français cette saison. Entretien avec le jeune Tricolore, perturbé par des soucis au dos cet été mais bien décidé à briller entre les piquets.
Clément, comment allez-vous ?
J’ai eu des soucis au dos. Cela avait commencé au mois d’août et ça s’est un peu empiré. A Ushuaïa, c’était compliqué. Là, ça va mieux, mais je suis complètement focalisé sur mon dos en ce moment. Je suis en réathlétisation à Albertville et je me concentre vraiment là-dessus pour être à 100% et n’avoir aucune douleur quand je remonterai sur les skis.
Ce pépin physique remet-il en cause votre début de saison ?
Normalement, il n’y aura pas de souci pour être au départ de la première épreuve de slalom en Coupe du monde. Pour Levi, on a encore un peu de temps. Même si je n’ai pas encore beaucoup de jours de ski, il suffit de quelques jours ou quelques semaines si je suis à 100% pour arriver en forme. Je ne suis pas trop inquiet, ça ne devrait pas trop me handicaper.
Marcel Hirscher va-t-il vous manquer ?
Oui, forcément, je pense qu’il va manquer à beaucoup de monde. C’est la figure du ski ces 10 dernières années. C’est l’un des plus grands de tous les temps, si ce n’est le plus grand, donc forcément il va manquer à tout le monde : aux spectateurs et aux autres athlètes. Ça promet du changement.
Et ça laisse un peu plus d’espace aux autres…
Forcément, ça laisse de l’espace, mais pas que pour les Français. On a l’impression que ça ne laisse de l’espace que pour les Français, mais non, ça en laisse pour tout le monde. Et ce n’est qu’une seule place. Tout le monde veut être premier et il n’y en a pas qu’un qui peut l’être. Beaucoup de skieurs vont avoir les dents longues et en slalom il y a une densité assez énorme, on pourrait ressortir pas mal de noms sur lesquels compter l’année prochaine.
« Ça risque d’être plus ouvert »
L’hiver dernier, vous étiez deuxième de la Coupe du monde de slalom derrière Hirscher. Vous risquez d’avoir la pancarte de favori, non ?
Pas forcément, parce qu’on était plusieurs à avoir gagné des courses, il y a eu Marcel, il y a eu moi, mais il y a aussi Ramon (Zenhäusern) et Daniel (Yule) qui en ont gagné une. Henrik (Kristoffersen) et « Pintu » (Alexis Pinturault) étaient très souvent sur le podium, Manuel Feller aussi et à deux reprises il était vraiment très proche de la victoire. Ça ne me met pas forcément une pancarte, on va regarder un peu tout ça en début de saison en se disant lequel va sortir de la meute ? On verra bien, je ne peux pas encore vous donner la réponse.
Est-ce difficile de savoir que l’on va être particulièrement attendu ?
Non, ce n’est pas difficile, parce que pour moi je n’ai pas de statut de favori. Il suffit de se dire qu’on n’est pas favori pour ne pas l’être. Les autres pensent ce qu’ils veulent. Forcément, on espère toujours être meilleur que les autres, mais les autres se disent la même chose. On verra vraiment après quelques courses les enseignements qu’on peut tirer après la retraite de Marcel, qui pourrait dominer le slalom. Mais ça risque d’être plus ouvert, avec un vainqueur différent quasiment à chaque fois.
Y a-t-il des slaloms cochés dans votre calendrier ?
Toute la Coupe du monde ! Après, il y en a de plus beaux que les autres, mais une Coupe du monde reste une Coupe du monde, elles rapportent toutes 100 points. Les plus beaux, ce sont Kitzbühel et Schladming pour moi. Et on peut ajouter pour nous, Français, les deux en France : Val d’Isère, parce que je viens de Val d’Isère, et celui de Chamonix parce que je pense que ça peut être sympa. C’est une station assez facile d’accès et j’espère qu’il y aura du monde qui viendra. Val d’Isère, c’est difficile d’accès alors on peut pardonner les gens de ne pas venir, mais Chamonix, il faudrait qu’ils viennent.
Que peut-on attendre de vous pour Levi ?
J’attendrai quelque chose de moi, donc les autres peuvent aussi attendre quelque chose de moi. Peu importe. Je ne vais pas m’enlever de la pression en me disant : « Non, ça ne va pas trop à cause de mon dos, il ne faut pas trop attendre de moi. » Maintenant, je ne peux pas vous dire. Si ça se trouve, juste avant Levi, je vous dirai : « Ça ne va pas trop, il ne faut pas trop attendre de moi. » Mais j’espère que ça ira et que je pourrai jouer avec les meilleurs dès Levi. Pour l’instant je ne suis pas dans les meilleures conditions, je n’ai pas fait la meilleure préparation, mais ça peut se refaire vite. Et en fin d’année dernière j’étais dans le ton, les autres n’ont pas non plus progressé de manière exceptionnelle, du moins je n’espère pas. J’espère pouvoir être dans le ton cette saison, même si on repart à 0 et qu’on n’a pas trop de repères.
« Je n’ai pas réussi à progresser comme je voulais en Géant »
Ferez-vous du Géant aussi cette saison ?
Je ne sais pas, j’aurais bien aimé être au départ de Sölden, c’est compromis avec mon dos et du fait que je ne sois pas très bon actuellement en Géant. Je n’ai pas réussi à progresser comme je voulais parce que je n’ai pas fait beaucoup de jours de Géant. Du coup, si je dois faire des Géants cet hiver, il faudra voir en fonction de ma progression. La question est de savoir si je vais avoir beaucoup de temps pour m’entraîner en Géant ou non. Par contre, par exemple au Japon, je pense qu’ils ne vont pas remplir les places en Géant et j’espère pouvoir être au départ. Mais ce sont des hypothèses, ça dépend du contexte de la saison et de comment ça se passe. Je ne peux pas vraiment savoir.
Comment se passe la collaboration avec les « anciens » Jean-Baptiste Grange et Julien Lizeroux ?
Ça se passe bien, on a toujours eu de très bons rapports depuis que je suis arrivé dans le groupe. Ils m’ont super bien intégré. C’est sûr qu’ils me donnent beaucoup de conseils, ils sont bien placés pour le faire parce qu’ils ont vécu tout ce que je vis actuellement et connaissent très bien le circuit, ils ont leur expérience avec eux. Ils m’apportent beaucoup en me donnant des conseils et la relation, au-delà d’être un peu des grands-frères, c’est surtout une relation de coéquipiers, et on s’entend très bien.
Quel regard portez-vous sur Julien Lizeroux, toujours au top niveau à 40 ans ?
C’est impressionnant, je n’arrive pas trop à me rendre compte de ce que ça fait, je ne sais pas ce que c’est d’avoir 40 ans. J’imagine que c’est un peu plus compliqué de skier à 40 ans qu’à 22. C’est impressionnant. Au-delà du physique et de la technique qui sont impressionnants déjà, il y a l’envie. Il a vraiment envie, autant que moi voire plus ! C’est impressionnant. Il est fait pour la vie de groupe, il n’est pas bien quand il est tout seul, il est bien quand il est en groupe. Il aime parler, il est très bienveillant avec les autres. Il a l’âme d’un grand-frère, d’un coach presque. C’est agréable de vivre avec lui. Après, parfois, il râle un peu, mais ça c’est l’âge, on s’y fait.