Retraitée de la natation après les Jeux olympiques de Rio 2016, Coralie Balmy n’est pas restée inactive depuis. La jeune femme de 31 ans est fortement engagée dans la défense de l’environnement et la protection du milieu marin. Des combats qui tiennent énormément à cœur à l’ancienne nageuse.
Comment vous est venue cette vocation autour de la défense de l’environnement ?
Je suis née et j’ai grandi en Martinique, j’ai donc été très rapidement en mer. J’ai ainsi été sensibilisée très tôt à la protection de l’environnement et à la richesse de ce que l’on pouvait trouver en mer et sur terre en termes de faune et de flore. C’est une vocation qui m’a suivie depuis toute petite et même durant ma carrière sportive lorsque je retournais en Martinique. Je faisais de mon mieux pour agir autour de cette cause. J’ai fait beaucoup de plongée. Chaque fois que je rentrais, je mettais mon masque et j’allais explorer les fonds marins, j’allais prendre ma planche pour faire un peu de surf. Mon père est vétérinaire, donc j’ai pu allier environnement et protection des animaux. Voir la dégradation au fil du temps en raison de la pollution ou des aménagements est ce qui m’a poussée à m’engager.
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Durant votre carrière, vous aviez donc déjà la volonté de vous former autour de cette thématique ?
En effet, j’ai poursuivi mes études en parallèle de ma carrière sportive. C’est quelque chose qui participait à mon équilibre lorsque j’étais nageuse. En revanche, ce n’était que des cours théoriques, je n’avais donc aucune expérience sur le terrain. Dès que j’ai pris ma retraite, j’ai donc voulu partir au contact du terrain afin de me former au mieux, en particulier aux soins et à la protection des animaux sauvages. Je me suis formée pendant deux ans au CESTMed (Centre d’Étude et de Sauvegarde des Tortues Marines de Méditerranée, NDLR), à Tahiti sur l’île de Tetiaroa pour l’Observatoire de Tortues Marines du Centre « Te Mana O Te Moana » et au Kenya auprès d’animaux sauvages. Cela m’a confortée dans l’idée de vouloir sensibiliser autour de la question de l’environnement.
« Éveiller les consciences »
En tant que personne publique, vous sentez-vous dans l’obligation d’agir, de mobiliser ?
Je pense que l’on peut tous être acteurs et apporter notre pierre à l’édifice. On est à la fois tous responsables mais aussi tous capables d’inverser la tendance. Personnellement, c’est une cause qui me tient à cœur. C’est ce que j’ai envie de défendre et de transmettre aujourd’hui. Je me dois de me servir de l’impact que je peux avoir sur le grand public pour mobiliser un maximum.
Désormais, vous êtes notamment directrice de BE GREEN OCEAN. Qu’entendez-vous développer à la tête de cette association ?
J’espère développer un nouvel engouement et une nouvelle approche de l’environnement à travers les activités sportives. Je pense que les valeurs véhiculées par le sport peuvent servir cette cause. J’aimerais pouvoir amener le grand public, et notamment les usagers du milieu marin durant la période estivale, à prendre conscience qu’il existe un écosystème qu’il est important de respecter et de protéger. L’idée principale de l’association est ainsi d’éveiller les consciences. Cela concerne aussi les sportifs, qui ne doivent pas simplement considérer le milieu marin comme un outil de performance et de dépassement de soi, mais comme un écosystème bien vivant.
adidas était à vos côtés durant votre carrière et c’est toujours le cas aujourd’hui avec adidas x Parley. Quels sont vos projets avec la marque ?
On aimerait pouvoir continuer de développer la gamme adidas x Parley le plus largement possible sur l’ensemble des disciplines couvertes par la marque. C’est une gamme qui respecte l’environnement en étant confectionnée à partir de déchets recyclés de l’océan. Cela me permet de jouer un rôle d’ambassadrice auprès des sportifs et des distributeurs afin de leur expliquer l’histoire de cette collaboration entre la Fondation Parley et adidas et à quel point c’est important.
« Le sport peut apporter à tout un chacun »
Justement, le monde du sport est-il sensible à cette cause ?
Je me suis rendu compte que les valeurs que j’ai développées en tant que sportive de haut niveau collaient parfaitement à cette cause de défense de l’environnement. Le public sportif que j’ai pu rencontrer entend ce message, mais il est important de continuer à mobiliser. On sait ce qu’il se passe, on en entend tellement parler dans les médias, mais on se sent parfois un peu éloigné de tout cela. On a parfois du mal à comprendre comment on peut agir, même à notre petite échelle. Je souhaite apporter ce message de réflexion auprès du monde du sport et je dois avouer que les sportifs que j’ai déjà rencontrés entendent ce message.
Vous avez d’ailleurs votre propre association, Coco and Dlo. En quoi consiste-t-elle ?
Elle a pour but de sensibiliser au milieu marin en Martinique. Ici, l’objectif est d’amener le milieu marin aux enfants et pouvoir les sensibiliser sur la faune et la flore que l’on trouve en Martinique. Mais on œuvre aussi pour l’apprentissage de la natation en milieu scolaire, c’est une thématique qui me tient également à cœur.
Vous avez donc des combats comme celui-ci, directement liés au monde du sport ?
Bien sûr, il y a énormément de choses à faire. Concernant l’apprentissage de la natation pour les enfants, c’est une cause que j’ai toujours défendue et que je continuerai de défendre car c’est important pour notre jeunesse. Je pense aussi à la place de la femme dans le sport et à l’accessibilité du sport pour tous. Personnellement, le sport m’a permis de me développer et de grandir, il a même forgé ma personnalité puisque j’ai baigné dans le monde du sport depuis toute petite. Je sais ce que le sport peut apporter à tout un chacun et j’estime donc important que le plus grand nombre puisse en profiter.
« Très heureuse d’avoir réussi ce passage d’une vie à l’autre »
Le milieu de la natation vous manque-t-il ?
J’ai tellement de choses à faire que je n’ai pas le temps de me poser cette question (rires). Cela me fait toujours plaisir de revoir des collègues nageurs ou d’anciens entraîneurs. C’est un milieu dans lequel j’ai passé 25 ans, je m’y sens donc toujours à l’aise. J’ai tourné la page, mais sans claquer la porte. Cela me fait toujours très plaisir de revenir au bord des bassins.
Paris 2024 est-il un événement pour lequel vous êtes engagée ?
J’ai surtout fait des interventions lorsque Paris était encore en phase de candidature. Désormais, je suis un peu moins actrice du développement de Paris 2024, mais le fait que ce rendez-vous puisse laisser un héritage à la France me tient énormément à cœur. Je pense en particulier aux piscines dans la région parisienne, qui ne sont pas en assez grande quantité et qui à l’avenir pourraient permettre à plus d’enfants d’apprendre à nager.
Êtes-vous pleinement épanouie par votre après-carrière ?
Oui, d’autant que j’ai beaucoup plus de choses à faire aujourd’hui que lorsque j’étais nageuse (rires). C’est assez incroyable de se dire qu’il y a encore plein de nouveaux objectifs et d’opportunités. Je suis très contente d’avoir trouvé ce nouveau centre d’intérêt, cette passion, qui me permet de me développer au quotidien. La fin d’une carrière de sportif de haut niveau n’est pas toujours évidente à aborder, mais de mon côté je suis très heureuse d’avoir réussi ce passage d’une vie à l’autre.