Guerlain Chicherit (43 ans) est un personnage emblématique du ski freeride et du sport automobile. L’entrepreneur savoyard sera au départ du Dakar 2022, au volant du buggy roulant au bio éthanol, pour dévoiler tout le travail de son équipe en matière de transition écologique.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager à nouveau sur le Dakar 2022 après six ans d’absence ?
J’ai arrêté pour des raisons personnelles. Je n’étais plus dans un véhicule qui me permettait de jouer devant jusqu’au bout. J’avais cette envie de vouloir verdir un maximum mon environnement. Je travaille depuis cinq ans sur un projet immobilier d’éco-village avec 100% d’énergie renouvelable. Il fallait que je sois cohérent entre ce que je dis et ce que je fais. Je me suis promis de revenir sur le Dakar avec un projet cohérent qui a du sens. Avec mon équipe GCK Motorsport, nous avons développé tout un écosystème pour assouvir mes ambitions de revenir sur le Dakar et d’être compétitif. C’est aussi le meilleur laboratoire possible pour développer toutes nos technologies.
Si vous revenez sur cette épreuve, c’est aussi pour tenter de la remporter pour la première fois de votre carrière…
J’ai toujours dit que tant que je ne gagne pas le Dakar, je continue. Je suis compétiteur, c’est ce qui m’anime. Il fait partie de mes grands objectifs sportifs. Je vais me donner les moyens de parvenir à mes fins.
D’où vous vient cette sensibilité pour la protection de l’environnement ?
J’ai la chance d’avoir grandi dans un environnement naturel, les Alpes. J’ai toujours été respectueux de la nature. Pourtant, la vie qu’on mène n’est pas toujours adaptée. Je me déplace dans une voiture, comme tout le monde. Je prenais l’avion pour aller aux quatre coins de la planète, ce n’est pas terrible. A un moment, il fallait ouvrir les yeux. Il y a aussi une urgence actuelle qui est évidente. J’ai décidé d’être moteur pour accélérer à notre niveau cette transition écologique. C’est facile à dire mais pas simple à faire.
Comment faites-vous notamment dans votre pratique sportive ?
On a voulu faire du sport auto vert. Avoir une voiture électrique, c’est facile mais que fait-on par ailleurs ? L’idée n’est pas de se servir du sport auto pour faire du marketing. J’ai souhaité que tout l’écosystème soit véritablement vert, de nos véhicules à l’assistance en passant par le tri des déchets. On ne le sera jamais à 100%. Quand on se rend au Dakar, on utilise un bateau qui ne fonctionne pas encore à l’hydrogène. Il ne faut pas être dans l’extrême mais plutôt avoir cette prise de conscience et faire tous les efforts pour accompagner cette transition.
Sentez-vous un élan de tous les acteurs en faveur de cette transition écologique ?
Il existe une vraie prise de conscience générale, même des Etats et des grands groupes. C’est enclenché. Il va y avoir 10-15 ans où tout ne sera pas parfait mais il faut se fixer des objectifs pour que tous les moyens de transport soient propres.
Avez-vous toujours eu cette volonté d’entreprendre ?
J’ai toujours voulu entreprendre même quand je faisais du ski en développant mes propres gammes de skis avant de créer ma marque. Le meilleur moyen de changer les choses, c’est de les faire. Pas d’attendre qu’elles arrivent. J’ai compris ça très tôt.
Comment est né ce projet de véhicule à hydrogène sur le Dakar ?
On le travaille depuis 3-4 ans sans vouloir communiquer à cause du secret industriel. Des investissements forts ont été menés. La première étape a été le Dakar de cette année pour présenter tout notre écosystème avec des panneaux solaires, la création d’énergie en plein milieu du désert, le stockage, le transport et la restitution de l’énergie…
Pour le Dakar 2022, votre véhicule roulera au bio éthanol…
On sera en bio éthanol pour les deux prochaines années, ce n’est pas l’idéal. L’objectif est d’arriver sur l’hydrogène en 2024. Il y a encore du travail, par exemple sur la manière d’être transporté jusqu’au lieu de la course. On veut être de vrais acteurs de la transition écologique.