Du 5 au 19 janvier, la 46e édition du Dakar s’annonce particulièrement disputée du côté des autos, au cœur des dunes de l’Arabie Saoudite.
Une belle partie de chamboule-tout s’est jouée tout au long de la saison 2023 dans la pyramide des talents de la planète rallye-raid. Nasser Al Attiyah semblait confortablement installé à son sommet en compagnie de son copilote Mathieu Baumel, du haut de ses cinq titres sur le Dakar, dont trois conquis au volant d’un Toyota Hilux, dont la version T1+ s’est avérée aussi fiable que performante. Face à lui, Sébastien Loeb s’est imposé comme le plus acharné de ses contradicteurs, terminant les deux dernières éditions dans sa poussière (2e), après avoir déjà cavalé en 2017 derrière son coéquipier d’alors chez Peugeot, Stéphane Peterhansel.
Le duo s’est montré tout aussi vorace sur le restant de l’année, puisque 24 des 34 étapes disputées en W2RC ont été gagnées par Al Attiyah et Loeb (14 vs 10). Mais tout en conservant son titre, le champion du monde a aussi montré son art du contrepied, quittant l’écurie Overdrive TGR pour la maison Prodrive qui a réalisé le tour de force de développer en seulement trois saisons un Hunter T1+ ultra-compétitif. Voilà donc les deux tauliers de la discipline réunis sous le même auvent, équipés à armes égales, devenus alliés par la loi des transferts mais toujours rivaux pour le titre le plus prestigieux de la saison.
Il ne faudrait pas conclure de ce mariage royal que le clan Toyota se retrouve dépossédé de ses moyens de lutter. Chez le préparateur belge Jean-Marc Fortin ou au sein de la branche sud-africaine Gazoo Racing, les pick-up Hilux ont su garder une bonne partie des pilotes qui les maîtrisent le mieux, tout en réalisant de belles prises en termes de recrutement. Côté stabilité, la plus grande chance de succès se trouve peut-être chez Yazeed Al Rajhi, qui a déjà fréquenté le podium final il y a deux ans (3e) et aborde sa 10e participation avec le profil de vainqueur du dernier Rallye du Maroc et la 2e place qu’il y a conquis au classement du W2RC. La 3e place l’an dernier était aussi occupée par un pilote Toyota, le Brésilien Lucas Moraes, révélation de 2023 à sa première participation et présent au rendez-vous d’AlUla pour confirmer son potentiel.
Stéphane Peterhansel à l’expérience ?
Troisième, c’est aussi la position d’une autre pépite formée chez Toyota, Juan Cruz Yacopini, au terme de la saison prometteuse de W2RC durant laquelle il a fêté ses 24 ans. Le vainqueur 2009 n’a plus rien à prouver, et il serait hasardeux d’éliminer Giniel De Villiers de la liste des prétendants après une place de 4e, et surtout 15 places dans le Top 5 en 20 participations au Dakar. Au rayon des entrées, la liste est aussi prometteuse, sachant que Guerlain Chicherit, qui a en retrouvé une deuxième jeunesse l’année dernière (10e et 2 victoires d’étapes), s’est laissé séduire par l’appel du « Toy » et a embarqué dans l’aventure Guillaume De Mevius, prêt au grand saut entre les catégories Challenger (3e en 2023) et Ultimate.
La montée en gamme la plus attendue, c’est peut-être celle de Seth Quintero, le jeune Américain qui a collectionné les étapes en Challenger (20 en 3 participations) et terminé cette première carrière avec le titre du W2RC. La question de son passage à seulement 21 ans à la vitesse supérieure fera partie des enjeux de la quinzaine du sable.
Le duel attendu entre les Toyota et les Hunter n’étouffe pas les ambitions de tous leurs concurrents. L’édition 2023 a douché l’enthousiasme des pilotes Audi, mais le niveau de performance des RS Q e-Tron E2 autorise tous les espoirs, pour peu que la fiabilité soit au diapason. Stéphane Peterhansel, Carlos Sainz et Mattias Ekstrom ont en tout le cas le savoir-faire nécessaire pour évoluer dans les hauteurs du classement. La fiabilité sera aussi centrale au sujet du prototype développé par Ford et placé dans les mains expertes de Joan « Nani » Roma, vainqueur sur deux roues en 2004 puis en auto en 2014.
Chez Mini X-Raid, les chances de briller sont réparties entre l’expérience de Vaidotas Zala ou de Krzysztof Holowczyc pour son retour, et la jeunesse conquérante de l’Espagnol Pau Navarro. Les pilotes de deux roues motrices ne comptent pas assister à ces matches en spectateurs. Et même si le constructeur sud-africain Century a déjà un pied du côté des T1+, il compte avant tout sur Mathieu Serradori pour un dernier round de haut niveau en CR6, et pourquoi pas sur Laia Sanz qui n’a pas encore donné sa pleine mesure en auto. Également attachée à la promotion des 2RM, la maison MD Rallye a conçu cette saison une version Evo 5 de son buggy Optimus, pourquoi pas capable de viser le Top 10 avec Christian Lavieille ou encore Simon Vitse.