Un sujet qui déchaîne les passions. Depuis plusieurs mois maintenant, l’épineux cas de Karim Benzema fait beaucoup parler dans le monde du football, et même au-delà. Si certains estiment que l’avant-centre du Real Madrid doit être sélectionné en Équipe de France, d’autres soutiennent la position du sélectionneur. Quelques heures après l’interview de Karim Benzema au « Canal Football Club » et la diffusion d’un reportage le concernant, nous avons donné à la parole à Daniel Riolo, le journaliste et consultant de RMC. Entretien…
Daniel Riolo, la soirée consacrée hier par Canal+ à Karim Benzema a fait beaucoup parler, tant sur les réseaux sociaux que dans le monde du football. Ce qui ressort, c’est que les soutiens de Benzema sont confortés dans leur position, tout comme ceux qui ne souhaitent pas son retour…
Peut-être, sauf qu’à titre personnel, je ne sais pas s’il y a des gens qui ne souhaitent pas son retour. Je sais que certains militent d’une façon extraordinaire pour que Benzema revienne, mais si Deschamps venait à le rappeler, je pense que ça ne fâcherait personne. En revanche, c’est vrai que l’on entend beaucoup ceux qui exploitent cette affaire, qui évoquent des pressions. Pressions qui ont peut-être existé, même si nous n’en avons pas la preuve. Des politiques se sont exprimées sur cette affaire, c’est vrai, mais est-ce que Deschamps a entendu ces gens-là, on ne sait pas. Après, il y a les choix d’un sélectionneur, tout simplement. Ce qui m’énerve le plus dans ce débat, ce sont ceux qui disent que si l’on n’est pas à 100% pour son retour, c’est que l’on est raciste. C’est contre ces propos que je me bats, après, pour ce qui est du reste…
La passion autour de cette affaire est énorme. Comprenez-vous cet emballement ?
Je le comprends parce que c’est bien orchestré en termes de communication. Quand la communication fonctionne bien, derrière, il y a forcément un emballement. D’autant que Benzema a beaucoup de soutiens qui jouent la carte de la victimisation. À partir de là, il n’y a rien d’étonnant à ce que cette histoire prenne autant d’ampleur.
Pourtant, et vous le rappelez régulièrement, le cas de Mathieu Valbuena est très rarement évoqué…
Oui, comme on ne parlait pas de Jacques Glassmann à l’époque de VA – OM. Concernant l’affaire actuelle, peut-être que Benzema s’en sortira. Je crois savoir que ce sera sur un vice de procédure parce que la façon qu’ont eu les flics de procéder ne correspond pas au code de procédure pénale. Quant à Valbuena, il n’existe pas. Et le fait qu’il ne souhaite pas répondre au documentaire d’hier, c’est quand même le signe qu’il n’est pas très heureux de la situation et de ce qu’a fait Benzema. Si comme Benzema le dit, il a vraiment voulu aider Valbuena, soit Valbuena est vraiment con (sic), soit il serait venu dire dans le document : « je n’en veux pas à Karim ». Ça aurait été un coup énorme, sauf que ce n’est pas le cas.
À quelques mois de la Coupe du Monde, comment peut-on sortir de cette crise ?
Il faut attendre que le buzz médiatique passe, ce sera compliqué mais il n’y a pas le choix. D’ici à la Coupe du Monde, je pense que l’on va parler à chaque fois de cette affaire. On y aura droit à chaque rassemblement des Bleus. Après, si ça se passe mal pendant la Coupe du Monde, c’est fort possible qu’on revienne encore là-dessus.
Les médias sont d’ailleurs des acteurs importants de cet emballement…
Comme ça fait parler et que les gens réagissent, les journalistes et les médias continuent. Ce n’est pas surprenant.
Cette affaire peut-elle avoir des conséquences négatives sur les performances de l’Équipe de France ?
Ça, je ne sais pas. Est-ce que les joueurs sont atteints par cette histoire, je n’en suis pas sûr. À la place de Deschamps, je l’aurais hyper mauvaise. Voir que les gens parlent autant de cette histoire et qu’il soit remis en cause pour ça, ça me saoulerait un peu.
Propos recueillis par Bérenger Tournier
Retrouvez mercredi la deuxième partie de notre entretien avec Daniel Riolo…