Premier Français a disputer les championnats du monde de Darts BDO, Thibault Tricole a battu Montgomery (3-2) avant de s’incliner contre Hogarth (1-3). Il dresse le bilan de cette expérience londonienne et évoque la suite de sa saison.
Thibault, quel bilan faites-vous de ces premiers Mondiaux ?
Le bilan est positif, c’était une première pour moi et pour un Français. Je n’avais pas d’objectif précis, mais j’espérais gagner le premier match, ce qui a été le cas. Après, je suis quand même partagé. Je gagne le premier match in extremis, mais je gagne quand même, et finalement le deuxième match, l’adversaire était plus abordable et j’ai l’impression d’avoir gâché une belle opportunité. J’avais vraiment l’occasion de passer un tour supplémentaire. J’étais stressé sur le premier match, mais c’était de la bonne pression, elle me galvanisait. Pour le deuxième match, j’étais moins stressé parce que j’avais déjà vécu l’événement, mais je me suis senti un peu mou avant le match. Je n’ai pas réussi à me transcender, je me suis mis au niveau de l’adversaire et je me suis fait avoir. Je suis donc content, mais aussi un peu déçu. J’ai reçu énormément de soutien, les Français sont fiers de moi. Pour ça, le pari est réussi. J’ai quand même montré de bonnes choses. Tout n’est pas négatif, loin de là.
« J’ai oublié de serrer la main au speaker »
Quelles ont été vos impressions en découvrant le lieu et l’ambiance ?
Ce n’est pas un tournoi PDC (le niveau professionnel), c’est un championnat du monde BDO (le niveau juste en-dessous), donc il y avait un peu moins de monde dans la salle, mais l’ambiance était quand même assez chaude. Quand je suis arrivé dans l’espace VIP, avec tous les joueurs en train de s’entraîner… C’était assez impressionnant de se dire que je faisais partie de ce gratin-là. J’étais un peu dans une bulle, sur mon nuage, au moment de débuter mon premier match, à tel point que j’ai oublié de serrer la main au speaker et au scoreur en arrivant sur le podium. C’est dingue, ça ne m’était jamais arrivé avant. J’étais en train de taper dans les mains du public. Au moment de monter sur le podium, une personne veut que je lui tape dans la main, ce que je fais. Et du coup, j’oublie de serrer la main du speaker. La honte ! Quand j’ai vu les images après… Mais je me suis rattrapé au deuxième match. Je suis passé par tous les sentiments, toutes les émotions, puisqu’on est allé jusqu’à la mort subite. J’ai mis du temps à m’en remettre après le match. Quand j’étais interviewé par Eurosport, déjà qu’en français j’aurais eu du mal à trouver mes mots après un match aussi tendu, en anglais c’était encore pire. On s’est bien moqué de moi, mais c’était marrant.
Cette expérience doit vous donner envie de continuer à aller de l’avant…
J’ai envie de revivre des moments comme ça et de mieux les apprécier encore. Là, c’était ma première fois. A force d’en faire, j’arriverai à mieux maîtriser mes émotions, mes matchs, à prendre encore plus de plaisir. C’est vrai que parfois, le stress fait qu’on a un peu le bras tendu et qu’on ne joue pas en étant à l’aise. Mais cette expérience me donne « faim », je sais que je ne peux pas en rester là. Je vais poursuivre dès la semaine prochaine en Allemagne, avec le tournoi de la PDC.
Vous avez très peu de repos avant d’attaquer ce tournoi important…
J’ai quelques jours pour faire le vide, mais c’est bien de remettre le couvert rapidement. Je me suis préparé pendant un mois pour le championnat du monde, je suis prêt à jouer, donc autant continuer et enchaîner.
« Cette année, j’ai ma chance »
Comment va se dérouler ce tournoi PDC ?
Je pars mercredi rejoindre le seul autre Français qui participera avec moi à ce tournoi PDC (Q-School), Mehdi Poggi. On va à Hildesheim, à côté de Hanovre, en Allemagne. Ça va se dérouler sur quatre jours, du jeudi au dimanche. Chaque jour, il y a un tournoi à élimination directe. Le vainqueur de chaque tournoi obtiendra une Tour Card, une licence professionnelle pendant deux ans. Sinon, c’est proportionnel au nombre d’inscrits, mais on va dire que les 7 premiers au classement général obtiendront également une licence pro. Il y aura en tout 11 ou 12 joueurs de ce tournoi en PDC pour la saison qui arrive.
Il faut donc gagner un tournoi ou être très régulier…
Oui, il faut être régulier. L’an dernier, j’y ai participé pour découvrir. Ça coûte quand même 500 euros l’inscription, mais je me disais que c’était une bonne expérience. Je n’étais pas passé loin. J’avais perdu au premier tour et j’avais fait un quart et un huitième de finale. J’étais finalement 24e sur 300 joueurs, je n’étais pas loin des 11. Je me dis que cette année, j’ai ma chance. Je connais le lieu, le format, l’environnement, et avec l’expérience des championnats du monde, je me sens bien armé pour réussir quelque chose.
Difficile de connaître votre calendrier pour la suite de l’année du coup…
Tout va dépendre de ce tournoi pour la suite de la saison. Si je ne suis pas qualifié, je vais enchaîner sur l’Open des Pays-Bas en BDO. Si je suis qualifié, ce sera un autre planning qui va se mettre en place en PDC, je n’ai pas encore trop regardé…