Denis Masseglia : « Le président de la République a entendu notre SOS »

Mardi, Emmanuel Macron a dévoilé plusieurs mesures afin de soutenir le monde du sport face à la crise actuelle. Des mesures que Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), vit comme une reconnaissance bienvenue.

 
Une aide de 400 millions d’euros venant de l’État, est-ce suffisant pour permettre au monde du sport de surmonter la crise actuelle ?
Il faut toujours savoir apprécier ce que l’on a par rapport à ce que l’on avait quelques jours auparavant. On peut toujours dire que ça aurait pu être mieux, que ce n’est pas suffisant, mais je voudrais que tous ceux qui sont dans cette ligne de pensée se souviennent de la situation d’il y a à peine quinze jours. Nous faisions une lettre ouverte, nous étions désemparés. Tant pis si ça ne plaît pas à certains, mais je pense que l’État a répondu à nos demandes. Le plus important, c’est le message qui est passé. Personne ne peut dire que le président de la République nous a ignoré, il a entendu notre SOS.
 
Justement, par voie de conséquence, souhaitez-vous qu’un budget plus important soit alloué au Ministère des Sports à l’avenir ?
Il faut y aller pas à pas. Déjà, si le Pass Sport peut être pérennisé, ce serait formidable. Pour cela, il faut trouver les conditions pour une mise en place la plus claire possible. Si l’on monte une usine à gaz, ça ne fonctionnera pas. Il faut que les familles se sentent particulièrement à l’aise avec ce dispositif, qui est susceptible de toucher trois millions de jeunes. Si cela fonctionne et que la demande est supérieure à l’offre, cela justifiera qu’on l’augmente l’année prochaine. Un bon fonctionnement et une forte demande sont deux éléments essentiels si nous voulons obtenir plus de moyens pour le sport.
 

 
Quel bilan tirez-vous des actions mises en place par le CNOSF pour lutter face à la crise ?
Il est difficile de tirer un bilan complet, puisque le couvre d’abord et le reconfinement ensuite sont passés par là. Mais pour la période de rentrée, la campagne « J’ai l’esprit club » et la mise en place de la Carte Passerelle ont permis, pratiquement dans tous les sports, de susciter un engouement pour la reprise sportive. Même si ces dispositifs n’ont pas duré aussi longtemps que nous le voulions, ils ont suscité une embellie lors des quinze premiers jours de septembre.
 
Les jeunes devraient pouvoir reprendre le sport dès le mois de décembre. Est-ce le début d’un nouvel élan ?
Dès lors que l’étau sanitaire va se desserrer, il est normal et vital que la pratique des mineurs soit une priorité. Beaucoup de jeunes sont en train de déprimer en raison du manque d’activité physique. J’ai essayé de me mettre dans la peau d’un jeune de 14 ans, je me suis rappelé quand j’avais cet âge-là. Si à l’époque on m’avait privé de sport et de tous mes copains, il y a de quoi déprimer totalement. Les jeunes doivent être une priorité pour la reprise. Sinon, nous allons créer une génération au minimum désenchantée, sinon sacrifiée.
 

 
Pour vous, l’État a-t-il donc pris conscience du rôle social capital du sport ?
On peut toujours dire qu’il aurait pu le reconnaître bien avant, mais le fait d’avoir réagi de manière aussi rapide est le signal d’une prise en considération du mal-être que nous avons exprimé. Le président de la République me semble parfaitement avoir compris le message. Je vois la réunion de mardi dernier comme un déclic.

Propos recueillis par Olivier Navarranne
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