Président du Comité 75 Judo, Dominique Germain revient sur l’importance des professeurs de judo dans le développement des sportifs, sur les actions menées par le Comité ainsi que sur le para-judo.
Quel bilan tirez-vous de la saison 2021-2022 chez les jeunes et seniors ?
L’année 2021-2022 a finalement été une année difficile en raison de la Covid. Une bonne dizaine de clubs, voire davantage, ont définitivement fermé. Ces structures sont tributaires des salles mises à disposition par la Ville de Paris. Et comme les salles ont été fermées à cause de la Covid, ces clubs ont baissé le rideau parce qu’ils n’ont pas pu subvenir à toutes leurs charges. Cela a été assez problématique puisqu’on a perdu plus de 30 % de nos licenciés durant cette période. L’année dernière était meilleure puisqu’on est revenu à peu près à 9000 licenciés, ce qui est pas mal. Nous avons, dans un premier temps, constaté les retours de seniors et des petits après. Mais globalement, je dirais que l’année prochaine, on va retrouver notre nombre de licenciés d’avant la Covid.
Cette année 2022 est aussi marquée par la présence de nombreux judokas parisiens aux Mondiaux et Europe mixte. Que ressentez-vous en tant que président du Comité 75 ?
Nous sommes fiers, bien sûr, d’avoir de tels résultats, des titres de nos Parisiens. Et puis derrière, c’est un élément moteur pour nos jeunes parce qu’ils véhiculent tous une belle image. Rien qu’à Paris, on fait la moitié des médailles du dernier championnat du monde. C’est un tout. Il n’y a pas que ça à Paris. On peut aussi souligner le travail que font les professeurs dans leurs clubs, les enfants, toute l’éducation qu’ils apportent. C’est un élément aussi fort que d’avoir des champions.
« Si on n’avait pas les profs, on n’aurait pas de champions »
C’est grâce aux éducateurs et à l’investissement de ces derniers que les bons résultats arrivent ?
Les champions ne deviennent pas champions comme ça. Ils sont passés par des clubs, par des professeurs qui leur ont appris nos valeurs. Dans le sport, à un moment, vous avez un élément qui est bon, qui va sortir du lot et puis qui deviendra champion. Les athlètes ayant percé au plus haut niveau sont très reconnaissants envers leur(s) professeur(s) de judo. Ils sont passés par la case départ, c’est-à-dire par un prof qui leur a appris le judo. Et ça, c’est important. Pour moi, il y a deux choses. Il y a le club de haut niveau, incontestablement, le PSG, le Racing, l’AJA, qui sont des clubs de très haut niveau. Maintenant, il faut regarder dans tous ces clubs quels sont les clubs formateurs. Ce n’est pas facile, je pense, de faire du très haut niveau et en même temps d’être formateur. C’est d’abord le travail en amont de tous les profs qui mènent très bien leur activité judo. C’est, pour moi, extrêmement important. Si on n’avait pas les profs aujourd’hui, on n’aurait pas de champions.
Quelle est la dynamique du judo à Paris à l’heure actuelle ?
On a bien sûr toutes nos compétitions qui sont dites officielles. Ça va des benjamins aux seniors. Les championnats de Paris, les Critériums, etc. Aujourd’hui, on est un peu obligé d’être partout parce que le judo, il ne se cantonne pas qu’au judo. Il faut être partout. Par ailleurs, on mène des actions, dont une pour les femmes victimes d’agressions sexuelles ou physiques. On mène des actions avec la Ville de Paris. Il faut savoir que dans le judo, il y a pas mal de possibilités pour qu’elles puissent apprendre à se défendre. On s’investit beaucoup dans le milieu scolaire, car nous ne sommes pas assez présents. On s’investit, on met des professeurs à disposition pour des écoles de façon à développer le judo dans les écoles. Ça commence à prendre forme. On s’investit beaucoup aussi dans le para-judo. Nous avons signé une convention avec l’INJA (Institut des jeunes aveugles). On met des professeurs à disposition pour enseigner le judo à des non-voyants. Humainement, cela est très riche d’enseignements. On a les activités dites obligatoires et toutes les activités qu’on met en parallèle, bien sûr. Le judo parisien commence à bien se développer. On commence à faire des belles actions avec la Ville de Paris. L’action envers les femmes victimes de violences, c’est vraiment une grosse action. De plus, la Ville de Paris renouvelle nos aides pour que l’on fasse la même chose l’année prochaine. Ils sont assez contents des résultats. On a mené aussi quelques actions pour des opérations liées Paris 2024, sans oublier le dojo d’été. Pendant deux mois, on fait de l’entraînement au judo qui se passe à l’Institut du Judo avec des gens qui, l’été, ne bougent pas. Ça représente à peu près 2000 passages par an à l’Institut de gens qui commencent, qui sont à la ceinture blanche, jusqu’aux compétiteurs, même internationaux, qui viennent s’entraîner ici.
« La convention avec l’INJA fonctionne très bien »
Vous avez signé le partenariat avec l’INJA en 2020. Comment cette collaboration a-t-elle débuté ?
Thomas Pascal, notre cadre technique, connaît très bien ce milieu pour avoir été entraîneur de l’équipe de France juniors de para-judo. De fil en aiguille, on a trouvé un accord avec eux pour avoir des créneaux horaires. On a des créneaux horaires et c’est comme ça que la convention est née. C’est une convention qui fonctionne très bien. Ils sont très contents. Pour nous, c’est très important parce qu’il y a des enfants avec des handicaps qui ont besoin de connaître un peu autre chose. Nous allons peut-être commencer à trouver une entrée pour travailler aussi avec les malentendants.
Au-delà du partenariat avec l’INJA, de quelles façons le Comité 75 Judo s’investit-il dans le para-judo ?
On passe par l’INJA à vrai dire. Toutefois, il y a aussi quelques clubs parisiens qui font avancer les choses, dont un qui comporte une vingtaine de personnes atteintes de trisomie. J’ai deux professeurs à Paris qui font une grosse action sur des enfants trisomiques et ça fonctionne très bien.
Le développement du para-judo et de l’activité pour les femmes victimes de violences font partie des enjeux importants du Comité 75 ?
Ils font partie des enjeux importants et je reviens sur l’activité mise en place pour les femmes touchées par les violences. Cela permet de toucher une autre population, mais surtout de les aider parce que je vous garantis, pour avoir été en contact avec quelques femmes, que ça prend un peu aux tripes de voir ce qu’elles ont pu subir. À tel point qu’on en a quand même quelques-unes qui hésitent encore à venir. Elles ne supportent pas le contact, elles ont peur de sortir. On est en relation avec les associations qui s’occupent de ces femmes. Et ça, pour le coup, c’est aussi une grosse activité comme le para-judo. Le judo doit être vraiment partenaire de ces petites actions. On n’y était pas pour l’instant et là, ça commence à bien se développer chez nous aussi. A Paris, il a fallu au moins deux ans pour vraiment mettre cette activité en place. J’ai confié le dossier à notre vice-présidente chargée du sport féminin et je pense que là, on a aussi un gros travail à faire, comme dans le para-judo ainsi que dans le scolaire.
Le Grand Slam est présent depuis plusieurs années à Paris. Qu’est-ce qu’une manifestation comme celle-ci apporte au judo tricolore ?
C’est de l’image. C’est aussi de la communication parce que ça permet de voir le judo dans des événements de cette qualité. Cet événement est bénéfique pour tout le judo français. C’est aussi un échange important aussi avec nos clubs, avec nos licenciés, avec des partenaires économiques, des journalistes. C’est vraiment une grande fête du judo.
« Plusieurs actions seront menées »
Quelles vont être les prochaines actions et les prochains axes de travail menés par le Comité 75 ?
On a un énorme travail pour amener le judo dans les écoles. L’année dernière, nous avons mené une grosse action dans les écoles, ça nous a permis de récolter à peu près 1000 licences, et pas des moindres. On a un réservoir énorme. C’est un axe très important. Le but de faire du judo dans le milieu scolaire, c’est aussi permettre que les enseignants soient attachés à un club qui est à côté pour que ces enfants, si la pratique leur plaît, puissent être initiés au judo, et peut-être en faire des futurs judokas, compétiteurs ou non. Ça peut être un arbitre, ça peut être un commissaire sportif, mais en fait, les intégrer à la famille judo, c’est surtout ça. Ensuite, ce sera de continuer à développer le para-judo parce qu’on est un peu dans les prémices. C’est aussi trouver des clubs qui peuvent recevoir ce type de population, car nos structures ne nous le permettent pas toujours. Menons à bien nos différentes actions et puis nous en trouverons d’autres après. On va développer de plus en plus les centres de loisirs parisiens. Là, pour l’instant, on n’a qu’un arrondissement qui vient. Le 13ᵉ, ce qui représente à peu près 2000 à 3000 enfants.