Revenu à Villeurbanne cet été après cinq ans entre l’Espagne, la Chine et Podgorica, Edwin Jackson vit « un rêve de gosse » de pouvoir disputer l’EuroLigue avec son club de cœur. Il assure que les Villeurbannais joueront les « yeux dans les yeux » dans cette compétition avec leurs adversaires, et cela dès ce soir contre l’Olympiakos.
Qu’est-ce que cela représente de jouer l’EuroLigue sous le maillot de l’ASVEL ?
C’est un plaisir et un rêve de gosse. Mes premières amours de basket, cela a été la NBA, mais je ne pouvais pas me lever toutes les nuits pour voir les matches. Les moments durant lesquels j’ai vraiment commencé à vibrer, c’était avec mon père (Skeeter), mais il était déjà en fin de carrière à Besançon. Mais c’est surtout avec l’ASVEL quand j’ai vu jouer Alain Digbeu, Delaney Rudd et tous les arrières qui me fascinaient. J’ai toujours voulu marcher dans leurs traces, c’est vraiment spécial.
À votre départ en 2014, imaginiez-vous revenir et jouer l’EuroLigue ?
Je savais que je reviendrais tôt ou tard. C’était une certitude, j’en parlais souvent avec Tony (Parker), lui qui aime bien mettre en place des projets humains. Pour moi, c’était le bon moment de revenir. Par rapport à ce challenge, je ne pouvais pas me défiler, je l’ai attendu toute ma vie. Si je ne revenais pas cette année, j’aurais eu l’impression d’être un peu lâche. C’était donc la bonne décision. D’ailleurs, sans dévoiler le chiffre, je peux vous confirmer que j’ai consenti un très gros sacrifice financier.
Beaucoup de choses ont changé entre-temps. Qu’est-ce que vous avez retrouvé en revenant ?
L’esprit est resté le même. Même si Tony a complètement racheté le club il y a 3-4 ans, il était déjà là en quelque sorte à l’époque : il me parlait beaucoup, me conseillait. Cette quête du haut niveau n’a pas changé au sein du club. Cela me fait plaisir pour les fans qui sont récompensés de leur fidélité. Ce serait une fierté de réussir un parcours en EuroLigue, d’autant plus forte que le groupe est constitué en grande partie de joueurs français. Cela peut d’ailleurs être un tournant dans la médiatisation du basket français.
Avec quelles ambitions abordez-vous cette EuroLigue ?
Il ne faut pas croire que toutes les équipes sont injouables. À commencer par l’Olympiakos, qui a des défauts. Il y a des choses à faire et on va se battre du début à la fin. On va montrer que cela ne va pas être facile de venir chercher un résultat à l’Astroballe. On a tous à cœur de montrer de belles choses. Certes, le club a obtenu une wild card, mais le groupe l’a mérité sportivement. Il a été champion de France, on veut montrer que nous n’avons pas volé notre place et qu’on n’est pas là par hasard.
Vous l’aviez vécu l’an dernier avec Podgorica…
Disons que l’an dernier, nous étions plus une équipe de coups. Mais, il n’y avait pas beaucoup d’échanges que ce soit sur le terrain ou en dehors. On ne sentait pas d’envie commune alors qu’en basket, c’est important de passer des bons moments dans le vestiaire et de vivre ensemble les choses. Ici, le groupe vit bien et affiche de bons indicateurs de vouloir jouer collectivement. Je ressens une vraie joie d’être ici, je suis content de venir à la salle tous les jours, de retrouver des potes comme Livio (Jean-Charles), Théo (Maledon) ou Amine (Noua), et je sais qu’à chaque match je vais m’éclater.
Pouvez-vous viser une qualification en playoffs ?
On n’est pas dans la prétention de dire qu’on va atteindre les playoffs, car cela peut paraître grande gueule si on n’atteint pas nos objectifs. Donc on ne va pas le crier. Mais entre nous, les 13 joueurs ont faim, aucun ne se dit « ouah, c’est Olympiakos qui vient ». Il n’y aura pas de respect pour ces équipes prestigieuses. On veut pouvoir les jouer les yeux dans les yeux. D’autant qu’il y aura toujours des surprises comme celle créée par Kaunas l’an dernier.
Vous qui connaissez bien cette compétition (74 matches), en quoi l’EuroLigue, c’est différent ?
Justement, ce n’est pas différent ! Cela reste du basket et ce n’est pas différent si on ne s’en fait pas une montagne sur le plan mental. Mais parfois, jouer en Jeep® ELITE, c’est plus compliqué qu’en EuroLigue : c’est beaucoup plus athlétique notamment. Il ne faut pas croire que toutes les équipes sont si fortes. Les joueurs qui y participent sont très pros et très disciplinés. Mais toutes les équipes d’EuroLigue ne sont pas composées de 12 stars. C’est le prestige de la compétition qui te fait penser ça, uniquement. C’est la compétition la plus forte, mais il faut l’aborder en se disant que nous n’avons rien à perdre, il faut jouer libéré.