Elodie Clouvel, vice-championne olympique de pentathlon moderne en 2016, revient sur l’aspect psychologique et évoque son importance dans la préparation sportive.
Jeudi, Elodie Clouvel, athlète specialisée dans le pentathlon moderne, faisait partie des personnalités présentes lors de Demain Le Sport, un événement conjointement organisé par L’Equipe, Franceinfo et France Télévisions. Elle prenait part à la table ronde Quel accompagnement psychologique et physique pour les sportifs de haut niveau ?. Elle témoigne de sa dépression ainsi que de sa rencontre avec Meriem Salmi, psychologue et psychothérapeute spécialisée dans le suivi des sportifs de haut niveau.
Lors de la table ronde, vous avez confié avoir souffert d’une dépression il y a quelques années. Comment avez-vous franchi le pas pour faire appel à une psychologue ?
Il y a quatre ans de ça (en 2018, ndlr), j’ai rencontré Meriem (Salmi, ndlr) au moment où j’étais vraiment au plus bas, c’est-à-dire en dépression. Mais justement, ce n’était pas forcément à cause de ma pratique sportive. C’était vraiment à cause d’une personne de mon entourage, un soi-disant préparateur qui avait exercé des pressions psychologiques à mon égard. On parle des violences sexuelles, mais il y a aussi des violences psychologiques et j’ai souffert de ça. Ça a été terrible. J’ai été un peu prise au piège par cet entraîneur et ça m’a amenée au plus bas. J’avais zéro estime de moi, je n’avais plus confiance en moi, j’avais perdu tous mes repères et au moment où j’ai touché le fond, j’ai rencontré Meriem et c’est à partir de là que ça a changé ma vie.
Que vous a apporté Meriem Salmi ? Comment avez-vous remonté la pente ?
Au-delà de me soigner de cette fameuse dépression, elle m’a appris à savoir qui j’étais vraiment. On peut parfois se perdre et Meriem Salmi m’a appris à assumer qui je suis : Elodie, en tant que personne, pour justement construire une vraie estime de moi qui permette une solidité et une stabilité émotionnelle lors de ma pratique sportive. Et ça, c’était le plus important à la base. C’est ce qu’on a travaillé, on appelle cela le travail de fond. Et ensuite, une fois que tout cela a été réglé, que j’avais retrouvé mon énergie vitale et que j’allais beaucoup mieux, on a pu travailler sur l’aspect performance, l’aspect systémique avec les coachs, savoir s’adapter à son environnement, savoir développer des compétences dans chacun des domaines, travailler en groupe. Parce qu’en sport, l’harmonie collective, c’est super important.
« On travaille sur plein de petits points pour que tout soit fluide une fois arrivé en compétition »
Et ce travail de fond, vous le poursuivez toujours ?
On appelle ça des fondamentaux, un peu comme en sport. Et c’est vrai que, parfois, on revient dessus parce qu’avec la fatigue des fois, ou quand il y a plus de pression avant les compétitions et autres, on revient sur des petits points clés. Mais le plus gros du travail sur cet aspect, il est fait. Après, on travaille sur plein de choses qui font que ce sont de petits points de détails qui sont super importants pour que l’on arrive en compétition et que tout soit fluide.
Désormais, la préparation mentale a pris une place importante dans votre préparation ?
Elle a pris une place fondamentale. L’accompagnement psy, c’est super important. Par ailleurs, je prends l’exemple de Tiger Woods. Son père a fait appel à un psy pour l’accompagner dès son plus jeune âge. Il avait compris qu’il fallait cet accompagnement. Ce constat est le même pour plein d’autres champions. C’est le cas de Teddy Riner, qui a commencé à quinze ans. Après, c’est son chemin, mais moi, j’ai commencé plus tard et c’est vrai que j’aurais aimé rencontrer Meriem plus tôt. Mais c’est comme ça, c’est mon chemin.
Pour Paris 2024, quels seront les objectifs, tant au niveau physique que psychologique ?
L’objectif, c’est d’être alignée sur les deux. Je dirais qu’il y a une fluidité et une harmonie dans ma team qui font que je me sens solide, parce que je pense que c’est un travail d’équipe. Et quand tout va bien autour de soi, quand tout est aligné, que ça va bien dans son couple, ça va bien dans sa vie perso, dans sa famille, dans son collectif, à l’entraînement, avec les collègues d’entraînement, on n’a plus qu’à penser à la performance à réaliser et à être là dans l’instant présent. Et après, ce sont les petits réglages qu’on va faire avant les Jeux olympiques. Parfois, c’est aussi dur de faire une séance psy parce que ça travaille tellement le cerveau à mort. C’est aussi dur qu’une prépa physique. Quand on est sportif de haut niveau, on doit tout travailler. Je pense que quand on veut faire de l’excellence dans n’importe quel domaine, il est important de se connaître soi-même et c’est la base d’être bien dans son intérieur. C’est cet aspect que l’on travaille. C’est être bien à l’intérieur de soi.