Nommé à la tête du projet Génération 2024 destiné à redynamiser le volley féminin français de haut niveau, le Belge Émile Rousseaux a pu depuis plus de six mois prendre le pouls de sa mission. Il fait un point de situation à l’aube de la saison 2018.
Vous vouliez l’été dernier rencontrer les acteurs de la filière féminine française, comment cela s’est-il passé ?
Effectivement, avant d’envisager un engagement, nous étions convenus avec la Fédération de me donner la possibilité en allant sur le terrain de m’imprégner de certaines réalités et caractéristiques de la filière féminine française. J’ai eu l’occasion pendant à peu près trois semaines de rencontrer les élus, les entraîneurs des filières masculine et féminine. J’ai notamment pu suivre l’équipe masculine lorsqu’elle était à Pau, puis les féminines en Ligue Européenne à Nantes, j’ai aussi vu l’équipe nationale juniors et j’ai assisté à un stage de recrutement de jeunes joueuses.
J’ai remis un rapport en septembre à la Fédération qui, à partir de mon évaluation, a conforté mon plan d’action. Les missions qui me sont confiées correspondent bien à l’idée que je me fais des grands enjeux de la filière, avec trois missions principales : l’encadrement du groupe senior de l’équipe de France, la formation et le recrutement des jeunes joueuses et une fonction d’accompagnement et de formation des formateurs en charge de la filière féminine. C’est un poste qui a une dimension très managériale, dans le sens où vu l’ampleur de la tâche, une seule personne ne peut pas trouver tous les ressorts et toutes les solutions. Il faudra donc mettre en place un certain nombre de projets à même de recueillir l’adhésion de personnes désireuses de travailler dessus.
Vous vouliez l’été dernier rencontrer les acteurs de la filière féminine française, comment cela s’est-il passé ?
Effectivement, avant d’envisager un engagement, nous étions convenus avec la Fédération de me donner la possibilité en allant sur le terrain de m’imprégner de certaines réalités et caractéristiques de la filière féminine française. J’ai eu l’occasion pendant à peu près trois semaines de rencontrer les élus, les entraîneurs des filières masculine et féminine. J’ai notamment pu suivre l’équipe masculine lorsqu’elle était à Pau, puis les féminines en Ligue Européenne à Nantes, j’ai aussi vu l’équipe nationale juniors et j’ai assisté à un stage de recrutement de jeunes joueuses.
J’ai remis un rapport en septembre à la Fédération qui, à partir de mon évaluation, a conforté mon plan d’action. Les missions qui me sont confiées correspondent bien à l’idée que je me fais des grands enjeux de la filière, avec trois missions principales : l’encadrement du groupe senior de l’équipe de France, la formation et le recrutement des jeunes joueuses et une fonction d’accompagnement et de formation des formateurs en charge de la filière féminine. C’est un poste qui a une dimension très managériale, dans le sens où vu l’ampleur de la tâche, une seule personne ne peut pas trouver tous les ressorts et toutes les solutions. Il faudra donc mettre en place un certain nombre de projets à même de recueillir l’adhésion de personnes désireuses de travailler dessus.
Le fait que Paris ait reçu l’attribution des Jeux de 2024 a-t-il été décisif pour que vous vous engagiez ?
Non, pas forcément, dans le sens où c’est difficile de se projeter si loin lorsqu’on est un entraîneur de haut niveau. Il existe certes des exemples de longévité, comme Guy Roux en football ou Claude Onesta en handball, ce n’est pas impossible, mais je vois surtout ces Jeux Olympiques à Paris comme un formidable tremplin de redynamisation du volley-ball féminin en France. Si j’ai avant tout adhéré à ce projet, c’est que j’ai trouvé que la diversité des compétences nécessaires pour mener à bien ce projet correspondait à ce que j’avais fait durant ma carrière d’entraîneur : j’ai été entraîneur de jeunes pendant quinze ans dans six clubs différents en m’occupant du secteur de la formation du jeune joueur de 3 à 12 ans, j’ai ensuite travaillé pendant cinq ans à la Fédération belge en tant qu’entraîneur des équipes nationales juniores puis en tant qu’entraîneur adjoint de l’équipe séniore, avant d’entraîner le club de Roeselare où nous avons remporté dix titres, coupes et championnats, en plus de très bons résultats en Ligue des champions. Je suis aussi professeur en université/hautes écoles, ce qui est à mon avis intéressant pour les compétences méthodologiques et didactiques que cela sous-entend. Tout ça pour dire que la fonction qui m’est proposée est finalement un bon résumé de toutes les facettes que j’ai eu l’occasion de développer pendant ma carrière. C’est un challenge extrêmement relevé et qui arrive à un moment où, après six ans avec Roeselare, j’éprouvais un besoin de changement.
Quel est votre regard sur le volley féminin en France ?
Mon regard est plus une réalité liée aux faits : sur les dix-huit joueuses qui, l’été dernier, ont fait partie du groupe France, seules huit ont eu plus de 60% du temps de jeu de leurs clubs respectifs, cela signifie que dix n’évoluaient pas dans le six majeur de leur équipe. Pouvez-vous me donner aujourd’hui le nom d’une sélection de niveau mondial, ce vers quoi nous voulons tendre, qui sélectionne dix joueuses qui ne sont pas dans le six majeur de leur club ? J’ai également analysé la première partie de la saison et j’ai fait le constat qu’il n’y avait en tout que dix-huit joueuses françaises qui ont commencé 60% des sets de leur propre équipe, et parmi ces dix-huit, il y a six liberos, deux passeuses, six centrales, seulement deux pointues et deux joueuses extérieures. A côté de ça, le volley féminin français est en retard en termes de nombre de licenciées par rapport à d’autres nations européennes : il y aujourd’hui 0,97 fille licenciée pour 1000 habitants, contre 3,5 en Belgique, 4,3 aux Pays-Bas et 4,76 en Italie. Cela signifie que le sélectionneur italien a à sa disposition quasiment cinq fois plus de joueuses qu’en France, c’est forcément plus facile de trouver chaussure à son pied, le vivier de sélection est plus restreint en France. On retrouve les mêmes différences au niveau du pourcentage de licenciées féminines : il y a 47,5% de licenciées filles en France, contre 60 à 75% dans les autres pays européens. On constate enfin qu’aujourd’hui, aucune joueuse française n’évolue dans un des meilleurs championnats étrangers, Pologne, Italie ou Turquie. Le problème est donc plus global et structurel et dans ces conditions, c’est forcément plus compliqué d’obtenir des résultats. Maintenant, il ne faut pas tomber dans le défaitisme et le fait d’avoir les Jeux Olympiques à Paris en ligne de mire doit permettre d’agir à tous les étages de la fusée et c’est justement cette diversité des actions à envisager qui rend le job extrêmement intéressant.
Vous avez rencontré le groupe féminin l’été dernier, dans quel état avez-vous trouvé les joueuses ?
Je connais effectivement toutes les joueuses qui ont évolué sous le maillot de l’équipe de France l’été dernier, j’ai vu des filles de bonne composition, prêtes à bosser et disposées à mouiller leur maillot. Ce qui est positif, c’est qu’elles ont eu un programme digne de ce nom, ce qui montre bien la volonté des dirigeants de la Fédération d’insuffler une nouvelle dynamique. Ensuite, j’ai bien évidemment analysé toutes les statistiques de tous les matchs des joueuses de l’équipe de France en club cette saison pour savoir si elles jouent ou non, sur quels postes… Il y a quelques joueuses de talent dans cette équipe, je pense notamment à Juliette Fidon qui a des qualités très intéressantes. Maintenant, je le répète, si ces joueuses de talent ne jouent pas en club, cela pose un problème. Donc il y a toute une réflexion globale à mener, j’ai d’ailleurs échangé avec le président de la Ligue Nationale de Volley qui est une personne intelligente, il faut que tous les acteurs du haut niveau français actuel se mettent autour de la table, parce que la solution doit émerger de tous les secteurs, et pas seulement de l’entraîneur de la sélection nationale. Et des solutions, il y en a forcément, et pas si loin de chez nous quand on voit les résultats des handballeuses et des basketteuses françaises.
Avec qui travaillerez-vous ?
Mon objectif est de donner l’opportunité à chacun de développer ses compétences de haut niveau international à mes côtés, j’ai donc proposé à Félix André et Laurent Delacourt de repartir avec moi pour tester notre fonctionnement in situ, le reste du staff sera sans doute amené à être étoffé.