Le collectif EGAL SPORT, engagé pour l’égalité femme-homme dans le sport, a publié une tribune dans laquelle il interpelle Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation nationale, au sujet de l’EPS.
« L’éducation physique et sportive n’est pas le parent pauvre des matières enseignées. C’est une discipline qui contribue à part entière à l’apprentissage de l’esprit d’équipe, au goût de la coopération, au respect des règles, comme à l’estime de soi et des autres. Elle participe aussi à l’hygiène de vie. De plus, le dépassement de soi, inhérent à la pratique sportive, permet de susciter chez les élèves le goût de l’effort qui est indispensable à la réussite de tout parcours scolaire. Le sport scolaire participe également à la complémentarité avec les pratiques périscolaires et extrascolaires. Il fait donc pleinement partie de l’acquisition des apprentissages fondamentaux, à tous les niveaux scolaires. »
À la lecture de ses propos de Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’éducation nationale dans le magazine SPORTMAG de novembre 2019, notre collectif EGAL SPORT se réjouissait de constater à quel point l’EPS se trouvait valorisé par le ministre de l’EN. D’autant que, plus d’un an auparavant, cette discipline avait été totalement occultée dans les réflexions menées dans le cadre des assises de la maternelle, organisées par ce même ministère. Un manquement dont nous nous étions fait l’écho dans un billet faisant suite au colloque « plus de femmes pour plus de sport on fait comment ? ».
Alors que le code de l’Éducation précise que « l’EPS contribue à la lutte contre l’échec scolaire, à l’éducation à la santé, à la citoyenneté et à la réduction des inégalités sociales et culturelles », elle est aujourd’hui « un levier déterminant pour l’égalité entre les filles et les garçons et la lutte contre les stéréotypes sexués », comme le souligne Claire Pontais dans une récente tribune parue dans le journal Le Monde. « Le ministre sait-il que, sans l’école, l’immense majorité des filles ne pratiquerait pas de sport collectif et que l’immense majorité des garçons ne découvrirait pas la danse ? Que sans l’école, une grande partie des filles n’aurait même pas accès au sport ? », y ajoute-t-elle.
Comme nous ne cessons de l’affirmer, c’est par une motricité non discriminante, expérimentée dès le plus jeune âge que les enfants construisent une part importante de leur confiance en eux et qu’ils se voient offrir une large palette de choix dans leur vie future, qu’ils apprennent à collaborer donc à se respecter.
Alors comment expliquer l’annonce par les services du MEN de la disparition de l’épreuve d’EPS dans les futures modalités du concours de recrutement des professeurs des écoles ? Si cette décision est confirmée, on peut s’attendre à ce que rapidement l’EPS devienne accessoire aux yeux de bon nombre d’étudiants puis disparaisse à moyen terme de leur cursus.
Une décision totalement paradoxale au regard des recommandations de la cour des comptes qui relève que « les 3 heures hebdomadaires ne sont généralement pas faites dans le primaire ». Pour cela, elle propose un appui des professeurs d’EPS du 2d degré. Une option à laquelle le ministre répond : « S’agissant du renforcement de l’enseignement de l’EPS dans le primaire, je réaffirme ma volonté de renforcer la pratique sportive à l’école et souhaite voir assurées les 108 heures/année d’EPS (3 heures par semaine) dans le 1er degré. » Mais celui-ci ajoute « le renforcement de cet enseignement grâce à l’intervention dans les écoles, notamment dans le cycle 3, de professeurs d’EPS du 2d degré apparaît comme peu réaliste, tant sur le plan de l’organisation que des coûts financiers que cela induirait notamment du fait des déplacements de ces personnels d’un établissement à un autre ». Aussi pour aider les enseignants à assurer pleinement les cours d’EPS avec leurs élèves, l’option retenue prévoyait de « développer la formation en EPS en direction des directeurs d’école et des enseignants ».
Alors, monsieur le Ministre, prenez le temps de la réflexion, que votre réforme ne génère pas le délitement de cette discipline à l’école, qu’elle soit en cohérence avec la grande cause du quinquennat, « l’égalité entre les femmes et les hommes », qui trouve par la pratique de l’EPS et du sport à l’école, une très bonne base d’ancrage.
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