L’entraîneur adjoint de l’équipe de France Erick Mathé revient sur la qualification des Bleus aux Jeux Olympiques avant de se replonger dans son quotidien d’entraîneur à Chambéry.
Quel est votre sentiment après avoir décroché votre ticket pour Tokyo, cet été, avec la France ?
Il y a énormément de satisfaction et de fierté même si le contexte est particulier puisqu’on joue à huis clos. C’est un privilège de participer aux Jeux. Le dernier match du week-end à Montpellier était un peu particulier puisque nous avons perdu contre le Portugal (28-29) mais il s’agit d’une défaite presque agréable. C’était pourtant difficile d’envisager sauter de joie puisqu’on reste des compétiteurs. Quelques minutes après la fin du match, certains ont rappelé que nous étions qualifiés. La joie s’est libérée ensuite.
L’équipe de France a été énormément critiquée par ses résultats et son niveau de jeu ces derniers mois. Comment avez-vous vécu ces moments ?
D’abord, je ne regarde pas ce qu’il se dit sur les réseaux sociaux. C’est le jeu, quand on gagne, on est applaudi et lorsqu’on perd, on est critiqué. L’idée est de rester fidèle à ce que l’on s’est fixé avec un groupe en reconstruction qui ne s’est que très peu vu pendant un an et qui a eu trois jours pour préparer ce tournoi de qualification olympique. Il faut du temps et les trois semaines de préparation avant les Jeux Olympiques nous permettront de prendre ce temps-là.
On vous voit régulièrement murmurer à l’oreille du sélectionneur sur le bord du terrain. Que lui dîtes-vous ?
J’exprime mon ressenti sur ce que je vois au niveau des rotations de nos joueurs, de la fatigue… Ma position me permet d’être moins dans l’affect d’un match et de pouvoir prendre du recul avec un regard froid. C’est ensuite à Guillaume Gille de prendre les décisions.
Quel est votre rôle auprès du sélectionneur ?
On a tout de suite bien fonctionné ensemble, on a des pensées communes sur la façon de voir le handball. On est très travailleurs, on planifie, on se projette souvent. Le travail en commun se fait naturellement. Guillaume est un jeune entraîneur qui est à même de vouloir recevoir des conseils.
Vous n’avez pas suivi un parcours classique pour arriver jusqu’en équipe de France. Arrivez-vous à prendre du recul au sujet de ce qui vous arrive ?
Je ressens beaucoup de fierté surtout quand ma famille et mes amis m’en parlent. Sinon j’ai du mal à me rendre compte. Quand la Marseillaise retentit, quand on porte les couleurs bleu-blanc-rouge, j’ai envie de me pincer pour être sûr. Je n’ai jamais joué à haut niveau et mon parcours s’est construit de manière crescendo.
Comment faites-vous pour passer rapidement des Bleus à votre rôle d’entraîneur principal à Chambéry ?
Il n’y a pas de sas de décompression. Le fait d’avoir entraînement avec Chambéry me permet de switcher assez vite. Mon corps ne me remercie pas mais c’est plus facile comme ça.