Erwan le Draoulec, 22 ans, est un phénomène de précocité. Le vainqueur de la Mini Transat 2017, originaire de Saône-et-Loire, raconte son parcours et explique un mystère : comment être à la fois Bourguignon et marin.
Ses origines
Je suis né à Mâcon et j’ai grandi dans un petit bled à côté de Charolles, en Saône-et-Loire. Mais comme mon nom l’indique, je suis d’origine bretonne. Mes parents avaient simplement déménagé pour des raisons professionnelles. Résultat, depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours pratiqué la voile pendant mes vacances, en Bretagne bien sûr, mais aussi en Méditerranée ou aux Antilles. On pouvait même partir pendant un mois sur un bateau. Du coup, j’ai toujours rêvé de devenir marin.
L’apprentissage de la course
Quand j’étais gosse, j’aimais déjà passer du temps tout seul à la barre des vieux bateaux de mon père. Et dès mes 15 ans, j’ai commencé la course au large contre des adultes. Je me prenais de belles raclées car j’étais le seul mineur. D’ailleurs, jusqu’à cette année, je n’ai jamais participé à une course sans être le plus jeune ! Entretemps, en 2013, j’ai intégré Lorient Grand Large, un pôle de formation à la course au large : météo, électronique, sport, compréhension du bateau… C’est ce qui me plaît dans la voile : c’est un sport hyper-complet. À 18 ans, j’ai aussi eu la chance de trouver un sponsor : Émile Henry, entreprise de Saône-et-Loire basée à Marcigny, spécialisée dans les céramiques culinaires. J’ai joué sur le côté bourguignon pour les convaincre ! Et mon partenaire m’a permis de construire un bateau neuf, avec lequel j’ai gagné fin 2017 la Mini Transat, traversée de l’Atlantique de La Rochelle aux Antilles, sur des petits bateaux de 6,5 mètres.
Son programme
La Mini Transat fait partie de la demi-douzaine de courses les plus mythiques du circuit et c’est la plus abordable financièrement, avec un budget de 100 000 euros environ. C’est par là que tout le monde commence. Maintenant, je vais participer à la Solitaire du Figaro en 2019 et 2020, sur des plus gros bateaux de 10 mètres. Le projet est lancé même s’il me manque encore un peu d’argent pour boucler mon budget de 200 000 euros. Aujourd’hui, les plus grandes courses, comme le Vendée Globe, me font rêver. Mais je vis au jour le jour, car je reste un jeune de 22 ans et j’ai pris beaucoup d’avance dans mon parcours. Surtout, je sais la chance que j’ai de vivre de ma passion car plein de très bons marins n’ont pas d’argent pour naviguer. Alors, c’est dur, on s’entraîne beaucoup, il fait froid, mais c’est la vie dont j’ai toujours rêvé, donc j’ose à peine appeler ça un métier. Du coup, si je ne gagne pas la prochaine course, il n’y aura pas mort d’homme.
Par Aymeric Blanc