Escrime – Manon Brunet : « L’objectif, c’est de gagner les JO. Tout simplement »

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Comme tous les médaillés d’argent et de bronze aux JO de Tokyo, elle a été faite chevalier de l’ordre national du Mérite il y a quelques jours par Emmanuel Macron. La sabreuse Manon Brunet, qui a commencé l’escrime au Sabre au Clair à Rillieux-la-Pape, à côté de Lyon, nous raconte avec plein de fraîcheur sa fierté, son changement de coach, son amour pour son sport et ses grandes ambitions pour Paris 2024.  

Manon, comment s’est passée cette réception à l’Élysée ?
C’était quand même émouvant. Déjà, l’Élysée, c’est assez grandiose, c’est vraiment magnifique. Et puis voir le Président (de la République) aussi, ça fait quelque chose (rires). Après, quand on nous a remis notre médaille, on a l’impression de compter.

À ce point ?
Oui, on sent qu’on a réalisé quelque chose d’important, qu’on a bien représenté la France. Ils nous ont bien remotivés pour Paris 2024 ! Pas un petit coup de pression mais ils nous ont dit qu’ils allaient faire beaucoup de choses pour qu’on y arrive et qu’ils étaient avec nous ! C’est cool.

Cela vous a fait prendre conscience de certaines choses par rapport à Paris ?
J’étais déjà très motivée mais de voir tout ce public qui nous a accueillis au Trocadéro (le 9 août, de retour de Tokyo), ça nous a fait vraiment chaud au cœur. J’ai repris l’entraînement dès le 6 septembre, beaucoup plus tôt que d’habitude, mais je ne me dis pas que c’est un sacrifice, je suis à fond. Mon coach m’a dit que 4 ans entre les JO, ce n’est pas si long mais alors là il y a 3 ans, c’est court. Et comme il y a beaucoup de choses à mettre en place avec ma nouvelle structure, il ne faut pas perdre de temps.

Racontez-nous pourquoi vous avez changé de coach.
J’ai quitté l’INSEP où je m’entraînais avec tout le collectif France pour rejoindre l’Académie Christian Bauer qui s’est installée dans mon club à Orléans. Il est considéré comme le meilleur entraîneur du monde car il a ramené des médailles mondiales et olympiques partout où il est passé donc pour devenir meilleure je me suis dit qu’il fallait essayer autre chose. Mon compagnon (Boladé Apithy) avait rejoint Christian Bauer pour terminer sa préparation olympique. J’ai pu échanger avec lui, j’ai apprécié la façon dont ils s’entraînaient et comme j’avais envie un peu de changer d’air, c’était le bon moment.

Vous renforcez en même temps vos ambitions pour Paris 2024 ?
Complètement, l’objectif c’est de gagner les JO. Tout simplement (rires).

Comment allez-vous articuler votre préparation ?
D’habitude, on réfléchit beaucoup sur la façon d’avancer. Christian Bauer est de l’ancienne école. Donc il fait tout et il réfléchit pour nous. Je ne sais pas trop comment je vais articuler cela, je lui laisse mon avenir entre ses mains (rires). Ce que je sais, c’est qu’il y a encore plus d’escrime qu’avant : entraînement tous les jours comme à l’INSEP mais avec de l’escrime tous les jours (au lieu de trois fois par semaine avant). Je le connais un peu mais c’est sûr qu’on se découvre au fil des entraînements. Et bien sûr que je lui fais pleinement confiance ! Sinon, je ne peux pas pleinement progresser.

Qu’avez-vous à changer dans votre escrime pour être championne olympique ?
Il enseigne une escrime complètement différente de celle que j’ai apprise. Les gestes techniques ne sont pas forcément les mêmes, les distances non plus. Je me dis que si je connais toutes les distances qui peuvent faire gagner, je pourrais m’adapter à tous les jeux (adverses). En même temps, je découvre plein de nouvelles choses, je m’épanouis pleinement dans ce sport que j’adore. La prochaine échéance, c’est un GP à Orléans, mi-novembre.

Le fait d’avoir enfin remporté cette médaille olympique a changé vos ambitions pour Paris 2024 ?
Si je n’avais pas gagné cette médaille, j’aurais eu l’ambition, à titre individuel, d’en gagner une dans trois ans. Et là, j’ai pris tellement confiance que je me sens capable de gagner des compétitions et donc les JO. Alors qu’en arrivant à Tokyo j’espérais juste effacer ma 4e place de Rio (en 2016). En étant sur la piste, je me suis rendu compte que je pouvais aller chercher plus. Après, j’ai un peu paniqué en demi-finale donc il reste beaucoup de choses à travailler. Mais faire 3e puis tirer aussi bien par équipes m’a fait penser que je peux espérer plus. C’est pour ça que je suis un peu plus ambitieuse pour Paris.

Qu’est-ce que cette médaille de bronze a changé pour vous sur le plan personnel ?
Quand j’ai mis la dernière touche, cela a été un vrai soulagement. Quand je suis rentrée avec mes deux médailles, je les ai regardées et je me suis dit : « finalement, j’en veux encore plus. » J’ai envie de déjà revivre ces moments-là et de ressentir l’adrénaline quand on entre sur la piste et l’émotion quand on monte sur le podium.

Vous avez pourtant aussi vécu des émotions sur le plan personnel puisque vous en avez profité pour vous marier.
Cela fait quelques années que je vis avec mon mari, c’est vrai que c’est mon mari maintenant (rires). On était ensemble à Rio en 2016 même s’il n’avait pas réussi à se qualifier, il a fait les JO de Tokyo (éliminé au 1er tour, il a suivi de France le parcours de Manon) et maintenant on ambitionne d’aller ensemble à Paris. Désormais, on s’entraîne aussi ensemble, on fait vraiment tout ensemble (rires).

Propos recueillis par Sylvain Lartaud

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