Cassandre Beaugrand est une triathlète en devenir. Championne de France, d’Europe et du monde en relais mixte lors d’une année 2018 fructueuse, la Livryenne possède, malgré tout, toujours une belle marge de progression devant elle. Bien qu’elle ait déjà connu les JO, à 17 ans seulement. Portrait.
À 21 ans seulement, son palmarès en impose déjà : championne de France, d’Europe et du monde en relais mixte cette année, médaillée de bronze aux derniers championnats d’Europe en individuel, Cassandre Beaugrand a également empoché son tout premier succès international en solo à l’occasion de la 5e étape des World Triathlon Series (WTS) – la Coupe du monde de la discipline -, le 14 juillet dernier à Hambourg. Une performance remarquable, une de plus, pour celle qui a bouclé les 500 mètres de nage, les 20 kilomètres de cyclisme et les 5 kilomètres de course en 58’6 », soit 30 secondes de moins que sa grande rivale, l’Allemande Laura Lindemann. L’une des plus belles victoires de la jeune carrière de cette Livryenne, peut-être la plus grande promesse du triathlon français, qui rafle déjà tout sur son passage.
Un modèle de précocité
Depuis ses débuts fracassants, le 13 juillet 2014, Cassandre brûle en effet toutes les étapes à une vitesse aussi folle que ses chronos. À 17 ans seulement, elle aligne alors sa première performance internationale en devenant avec l’équipe de France vice-championne du monde de triathlon en relais mixte, accompagnée d’Audrey Merle, de Dorian Coninx et de Vincent Luis. Une performance construite depuis des années, au prix de longues sessions d’entraînement – « deux sessions minimum par jour, voire trois quand se rapprochent les grosses compétitions » -, lorsqu’elle s’inspirait de son modèle, la triathlète néo-zélandaise Andrea Hewitt (championne d’Océanie, qui a également terminé 8e aux Jeux de Pékin en 2008 et 6e à ceux de Londres, en 2012). « J’aimais vraiment nager et courir étant petite. Je me suis dit que le triathlon était le bon moyen de réunir les deux », se souvient Cassandre, encore en plein décalage horaire après avoir atterri en France quelques heures plus tôt, auréolée de son titre de vice-championne du monde espoirs (U23) remporté le 13 septembre dernier à Gold Coast, en Australie. Mais sa véritable passion pour le sport, Cassandre l’a surtout cultivée en accompagnant son père Ludovic, triathlète et entraîneur d’athlétisme (il a notamment coaché Nouredine Smaïl, quadruple champion de France sur 5 000 mètres et triple champion de France de cross court, NDLR), les soirs sur la piste d’athlétisme de Livry-Gargan, sa ville natale. « Et rapidement, j’ai fait mon premier triathlon. J’avais sept ans .»
« Mon point faible, c’est le vélo »
« Je n’ai jamais voulu me consacrer à d’autres sports, je n’ai toujours été attirée que par l’athlétisme et la natation », avoue-t-elle. Dans l’eau, Cassandre a pu bénéficier pendant plusieurs saisons des conseils de Christophe Lebon, un ancien international français sur 100 mètres et 200 mètres papillon. Et puis, si celle qui a commencé à nager au Club des Nageurs de Paris ne mentionne pas le vélo, c’est qu’elle est bien consciente de son talon d’Achille. Un point faible qui, après une chute involontaire lors des World Triathlon Series 2017 l’ayant conduite à l’hôpital, lui a causé la plus grosse frayeur de sa carrière. Mais son tempérament de gagneuse, combiné à des qualités physiques bien au-dessus de la moyenne, notamment au niveau de son relâchement, de sa longue foulée et de sa facilité à répéter les efforts, la pousse à toujours s’améliorer, elle qui est toujours en pleine progression selon les spécialistes de la discipline. « Le triathlon est un sport vraiment complet, c’est une discipline tout autant physique que mentale. Mais mon point faible, je le sais et je travaille dessus, c’est le vélo. » Depuis trois ans, la sociétaire du Poissy Triathlon tente de le perfectionner au Pôle France de Montpellier, où elle vit et peut être suivie par ses coachs Stéphanie Deanaz, Carole Peron et Pascal Choisel.
Plus jeune participante aux JO de Rio
« L’année dernière, j’ai aussi voulu reprendre des études en Licence de sciences de l’éducation, explique-t-elle. Mais, malheureusement, le système n’était pas vraiment adapté pour les sportifs de haut niveau, et je n’ai pas réussi à conjuguer sport et études. J’arrive malgré tout à vivre du triathlon grâce à mes perfs. » Car ses performances récentes l’ont portée, jusqu’à devenir l’une des plus belles promesses françaises. En juillet 2016, elle bénéficie ainsi de la réattribution par le comité olympique d’un dossard disponible pour les Jeux olympiques d’été de 2016 à Rio (Brésil) pour devenir, à 19 ans et tout juste médaillée d’or aux championnats d’Europe juniors, la seconde triathlète avec Audrey Merle à défendre les couleurs de la France sur l’épreuve olympique. Costaud. Pourtant benjamine de l’épreuve toutes nations confondues, Cassandre termine à la trentième place de la compétition et se révèle comme une très belle confirmation. « La France est une nation forte du triathlon mondial. C’était donc incroyable de pouvoir participer à une telle compétition, et de représenter mon pays. » Même si elle n’avait jamais couru sur la distance olympique et avait dû renoncer pour y participer aux Mondiaux juniors d’athlétisme, son petit plaisir à l’époque, la Livryenne ne regrette pas son choix d’avoir activement pris part à son rêve olympique en forme d’apothéose, déjà. Désormais, Cassandre espère bien, au terme d’une année 2018 incroyable où elle aura décroché pas moins de six podiums internationaux, poursuivre sa formidable course en avant. Avec, toujours, de nombreux tours d’avance sur les autres.
Paris 2024, plus armée que jamais
Au vu de son potentiel déjà sensationnel et de sa première participation à des Jeux sous la chaleur brésilienne en 2016, Cassandre Beaugrand devrait, selon toutes vraisemblances, de nouveau être de la partie lors des prochains Jeux de 2020, à Tokyo. À six minutes seulement de la médaille d’or à Rio, l’Américaine Gwen Jorgensen, qui a remporté le triathlon olympique en 1 h 56’16 contre 2 h 2’18 pour Cassandre, s’emparer d’une médaille dans deux ans en Asie ne serait pas utopique pour elle, loin de là. Surtout, forte d’une deuxième expérience olympique, Cassandre pourrait alors arriver à Paris 2024, à 27 ans, en pleine force de l’âge. « Mon prochain objectif, déjà, est d’obtenir davantage de régularité sur le circuit mondial WTS, avoue-t-elle, lucide. Mais, évidemment, ce serait génial de participer aux Jeux de Paris, chez nous en France ! Tout ça, c’est encore assez loin, mais je ne m’interdis pas de rêver un peu. »
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Sa bio express :
21 ans – Née le 23 mai 1997 à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis).
Clubs : Poissy Triathlon (depuis 2014), Pôle France de Montpellier (depuis 2015).
Palmarès en individuel : Médaillée de bronze aux Championnats d’Europe (2018), médaillée d’argent aux Championnats du monde espoirs (2018), triple championne de France courte distance (2014, 2017 et 2018)
Palmarès en relais mixte : Championne du monde (2018), championne d’Europe (2018), championne de France (2018)