Ils ne sont pas aux JO de Pékin malgré une 9e place aux derniers Championnats d’Europe mais, plein d’ambitions, ils espèrent briller dans 4 ans à Milan. Evgenia Lopareva, 21 ans et Geoffrey Brissaud, 23 ans, le jeune couple de danse sur glace du Lyon glace patinage (LGP), nous racontent comment ils se sont rencontrés et de quelle manière ils entendent laisser une trace dans leur discipline. Dans la lignée des Marina Anissina-Gwendal Peizerat, Isabel Delobel-Olivier Schoenfelder, Nathalie Péchalat-Fabian Bourzat (qui est leur coach) et Gabriella Papadakis-Guillaume Cizeron, tous passés par Lyon.
Allez-vous jeter un œil attentif au programme de danse sur glace des JO qui se déroule samedi et lundi ?
On va évidemment regarder ce qui va se passer. Il y a quand même un couple français qui joue une médaille d’or. On souhaite bonne chance à Gabriella (Papadakis) et Guillaume (Cizeron) pour enfin être sacrés et remporter cette médaille qu’ils méritent. D’autres couples étaient nos concurrents directs lors des derniers championnats d’Europe. C’est toujours intéressant de les suivre, cela nous permet aussi de progresser.
Vous connaissez bien aussi l’autre couple favori, les Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov. Qui va l’emporter ?
Nous aimons bien les deux couples. Gabriella et Guillaume ont un style très élégant. Victoria et Nikita patinent une danse plus classique mais avec toujours beaucoup de maturité. On connaît bien Gabriella et Guillaume et on a aussi eu la chance de travailler toute l’année avec Alexander Zhulin (le coach de Sinitsina-Katsalapov), on a fait notre Summer Camp en Russie, on a pu les voir à l’entraînement, discuter avec eux, les retrouver lors des Europe. Bien sûr, on est pour la France mais ce sont deux couples extraordinaires, le meilleur gagnera.
Regrettez-vous de ne pas assister à cette lutte en direct à Pékin ?
Bien sûr, c’est compliqué de ne pas y être après un début de saison plus que positif et parce que c’est une expérience unique. Mais on savait dès le début de saison qu’une seule place était attribuée à la France et c’est normal que le meilleur couple français aille aux JO. On est jeunes, on a une ou deux olympiades devant nous. On reste positifs et on est plus tournés vers les prochains JO où on voudra performer. On est la jeune génération qui arrive et qui veut pousser les grands dehors (rires).
Espérez-vous participer aux Mondiaux à Montpellier, fin mars ?
On est également remplaçants pour ces Championnats du monde. Donc comme pour les JO, on ne pourra y aller que si Gabriella et Guillaume n’y vont pas. La probabilité est faible donc on reste focalisés sur notre travail pour la nouvelle saison. On va changer les deux programmes, la danse rythmique et le libre.
Que retenez-vous des Europe, le mois dernier à Tallinn ?
On est rentrés dans le top 10 en finissant 9e. C’était l’objectif de l’année. Cela met en perspective de belles ambitions pour l’avenir. Dans le patinage, c’est toujours compliqué de battre son record personnel lors d’une grande compétition. Depuis le début de l’année, on n’arrête pas de le battre et là on le fait sur les deux programmes, cela veut donc dire qu’il y a une progression significative, que notre travail paie. On peut donc se positionner : maintenant, on est le deuxième couple français. Cela nous ouvre des portes.
Vous êtes dans la lignée des couples lyonnais initiée par Marina Anissina et Gwendal Peizerat à la fin des années 90. Comme vous, elle était Russe et lui Français. Racontez-nous comment vous vous êtes rencontrés.
(Geoffrey) Comme beaucoup de monde au 21e siècle, par Internet ! Il y a 4 ans, j’avais décidé de patiner de nouveau. J’avais arrêté quelques mois après la séparation avec mon ancienne partenaire. Et puis je me suis inscrit sur la plateforme partnersearch et Evgenia m’a écrit tout de suite. J’ai fait deux essais avec deux partenaires différentes mais dès qu’on a patiné tous les deux on a compris qu’il y avait quelque chose à faire.
(Evgenia) Moi j’étais en Russie et je cherchais un nouveau partenaire. Peu importait où mon nouveau partenaire se trouvait dans le monde, il fallait qu’on ait le même objectif pour réaliser quelque chose. Avec Geoffrey, cela a marché tout de suite que ce soit pour patiner sur le même tempo ou pour les portés. Cela a été le bon choix.
Comment s’est mise en place votre collaboration ?
On est d’abord allé s’entraîner dans son club à Moscou car la structure lyonnaise n’était pas encore développée. Cela nous a permis de faire un top 10 sur un Mondial junior puis 15e aux Championnats d’Europe senior puis 17e aux Mondiaux, l’an dernier à Stockholm. On a intégré entretemps la structure du LGP et on a envie d’y rester le plus longtemps possible. On a la chance de travailler en France, d’avoir une structure qui nous apporte l’expérience et les heures d’entraînement.
Qu’est-ce qui fait votre force ?
On se complète vraiment bien. On a deux univers différents dans la vie, dans notre culture ne serait-ce que musicale par exemple, mais sur la glace on arrive à les combiner et c’est un super atout. On arrive à travailler sur les bases qui vont faire progresser notre couple. C’est important d’être à la fois dans le style qui fonctionne en ce moment mais tout en gardant son côté « je sors du moule ». Cela, on pense qu’on l’a bien.
On l’a compris, vous semblez nourri de grandes ambitions…
(Geoffrey) Moi, ce que j’aime dans le patinage, c’est la compétition. Je n’ai pas peur de le dire, je suis un gagnant. Quand les gens sont meilleurs que moi, je veux les dépasser. J’ai tout de suite compris qu’avec Evgenia on allait passer à un autre niveau : du national à de l’international. Aujourd’hui, on est à 50 % de nos capacités. Je ne sais pas si un jour on arrivera à 100 % mais on travaille vraiment dur pour ça et nos résultats parlent d’eux-mêmes.
(Evgenia) De mon côté, je ne veux pas seulement être meilleure que les autres, je veux aussi laisser une trace. (Geoffrey) Oui, on se dit souvent ça : on veut aussi que dans 15 ans on se souvienne de nous en disant : « ah oui ils patinaient comme ça, eux. Ils avaient ce style-là, à eux ». On essaie, pour le moment à notre niveau, de plus penser au côté art qu’au seul côté sportif. C’est ce qui est en train de se passer dans notre discipline, cela devient vraiment de la danse, vraiment de l’art. Pas que du sport technique.
Cela ne l’était pas jusqu’à maintenant ?
Si, cela l’a toujours été. Mais on s’entoure de plus en plus de chorégraphes pour travailler en dehors de la glace, ce qui nous permet à notre avis d’apporter plus de danse que de la simple technique dans notre patinage. On se considère autant comme des danseurs que des patineurs et c’est ce style-là qu’on veut imprégner car pour être un grand champion il ne faut pas uniquement être un bon technicien. Il faut aussi être quelqu’un qui sait danser, se bouger, s’exprimer.
Propos recueillis par Sylvain Lartaud