Chaque jour, l’enfant est poussé par ses parents à faire usage de ses capacités naissantes. Félicité à chaque étape, il s’épanouit dans un « art de vie » qui lui est propre et qu’il se construit inconsciemment.
Puis vient le jour où il ne reçoit plus de félicitations et, beaucoup plus tard, le moment où il se rend compte que la société ne sait pas ou ne veut plus créer les conditions lui permettant de faire usage de ses capacités. Une prise de conscience que l’essayiste, romancière et critique littéraire française Viviane Forrestier exprimait dans son ouvrage « L’horreur économique » : « Je me suis rendu compte que, pour la première fois dans l’histoire, l’ensemble des hommes n’est plus nécessaire au petit nombre qui dirige l’économie et qui a donc la puissance … on nous fait comprendre que nous devenons la dépense superflue ».
S’il subsiste encore nombre de métiers permettant de faire usage de ses capacités, force est de constater que le système économique actuel peut se suffire d’individus dont la mise en œuvre des capacités lui est totalement inutile. Ce que « certains » traduisent, avec cynisme, en disant « qu’ils ne sont rien ».
L’étroitesse d’une telle vision qui nie la multiplicité des intelligences doit être combattue avec des initiatives concrètes qui ne peuvent émerger, aujourd’hui, qu’à travers des mises en œuvre locales et territoriales. Dans cet esprit, Edgar Morin indique dans son ouvrage « La Fraternité – Résister à la cruauté du monde » ( Éditions « Actes Sud » de juin 2019 ) : « En tout pays dont le nôtre, un bouillonnement d’initiatives privées, personnelles, communautaires, associatives fait germer ici et là les ébauches d’une civilisation vouée à l’épanouissement personnel dans l’insertion communautaire, qui sont comme des oasis sinon dans le désert, du moins dans la jungle. Ces initiatives ouvrent des brèches dans les énormes machines techno-économiques qui corrompent nos civilisations, colonisent les pouvoirs politiques, imposent à la société les impératifs d’une pensée fondée sur le calcul et vouée aux rentabilités maxima ».
Qu’elles soient sportives ou culturelles, les initiatives associatives qui, au-delà de leurs objectifs opérationnels, intègrent des objectifs éducatifs et humanistes participent pleinement à ce renouveau où le citoyen fait usage de ses capacités ; d’abord en tant que pratiquant et ensuite en tant que responsable associatif.
Quelles que soient les difficultés que le citoyen vit dans ses activités professionnelles, voire même dans son absence, momentanée ou pas, d’activité professionnelle, la possibilité qu’il a de faire usage de ses capacités dans des associations sportives et culturelles est un élément essentiel de la construction de son propre « art de vie ».