À 19 ans, la judokate Faïza Mokdar a remporté sa troisième médaille d’or européenne chez les juniors en -52 kg. À l’entraînement à l’INSEP avec les meilleures Françaises, elle aspire à gagner des titres au niveau senior afin d’obtenir sa qualification pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Ippon, victoire et médaille d’or. En novembre dernier, Faïza Mokdar a remporté son troisième titre continental chez les juniors, dans la catégorie -52 kg, lors des championnats d’Europe à Porec, en Croatie. Cette médaille est d’autant plus belle qu’elle arrive à la conclusion d’une saison tronquée par la pandémie de Covid-19. « Pendant le premier confinement, nous n’avions pas le droit de nous entraîner à l’INSEP », raconte la judokate. « Nous avons continué à nous entraîner chez nous avec les moyens du bord. Le collectif a repris en juin, mais sans connaître les prochaines échéances. Nous n’avions pas d’objectifs pour les entraînements, mais nous gardions espoir. Les stages d’été ont été utiles pour nous remettre dans le judo. » Ce n’est qu’en novembre que les juniors ont pu s’envoler vers Croatie, après huit mois sans compétition internationale. « Nous étions tous très contents de participer à ces championnats d’Europe après tout ce temps, mais c’était difficile pour tout le monde. Nous étions un peu perdus, nous ne connaissions pas nos adversaires alors que lors d’une année habituelle, on les affronte tous les mois. Finalement, nous nous sommes tous remis dans le droit chemin. » Pour preuve, sept médailles ont été glanées par les jeunes judokas français, dont celle en or de Faïza Mokdar obtenue en battant toutes ses adversaires sur ippon. « Ça fait plaisir, en particulier après être restée longtemps sans combattre, mais ce n’est qu’une étape. »
Un talent précoce
Une étape dans sa carrière sportive de judokate qui a débuté l’année de ses 5 ans. « Mes parents m’ont inscrite au Judo Club Chilly-Mazarin Morangis, la structure la plus proche de chez nous où ma grande sœur pratiquait », raconte Faïza Mokdar. « Déjà petite, j’étais très active. Pour moi, le judo est un sport ludique et en même temps j’aime les combats, affronter mes adversaires. » Chez les cadettes, elle découvre la catégorie -52 kg qu’elle ne quitte plus. Son premier titre de championne de France, obtenu en 2017, lui ouvre les portes des compétitions internationales. Les médailles suivent dans cette catégorie : une deuxième place aux championnats du monde la même année, une consécration européenne l’année suivante, sans oublier des médailles dans les tournois juniors European Cup. Ses performances lui valent d’être surclassée lors de ses premiers championnats d’Europe à Sofia (Bulgarie) en 2018. « J’ai obtenu ma première médaille d’or chez les juniors en étant encore en catégorie cadette », sourit la judokate. Faïza Mokdar conserve son niveau pour se hisser sur la plus haute marche du podium lors des deux éditions suivantes. « Il y a toujours des adversaires difficiles à combattre. Le niveau est bon dans cette catégorie », insiste la sociétaire du PSG Judo. « J’ai toujours du mal contre les gauchères et j’ai affronté la Néerlandaise Naomi Van Krevel, qui est justement gauchère, en finale des championnats d’Europe. » Ayant fêté ses 19 ans en 2020, Faïza Mokdar a la possibilité de participer aux compétitions juniors cette saison encore, et de peut-être compléter sa collection avec une quatrième couronne continentale, un exploit jamais réalisée par une Française. Malgré son jeune âge, elle est déjà montée sur les tatamis pour se confronter à des adversaires en senior. « J’ai déjà participé à plusieurs Grands Prix. Mon meilleur résultat est une cinquième place en Géorgie en 2019. » Au niveau national, elle a marqué les esprits en remportant le championnat de France de première division en 2018, la même année que ses titres de championne de France chez les cadettes et les juniors – une première dans l’histoire. Elle avait aussi été sacrée championne d’Europe dans les deux catégories la même année. « J’essaye de me faire une place », résume simplement la jeune femme.
« Paris 2024 est déjà dans un coin de ma tête »
Après 12 ans au JC Chilly-Mazarin Morangis, Faïza Mokdar est partie au PSG Judo, le club de Teddy Riner, pour rejoindre son ancien professeur du Pôle Espoir de Brétigny-sur-Orge, Nicolas Mossion. Surtout, la jeune femme s’entraîne sur les tatamis de l’INSEP avec les meilleures judokates françaises, voire mondiales. « C’est déjà une grosse motivation ! » affirme-t-elle. « Elles sont des exemples à suivre. On voit Clarisse Agbegnenou, quatre fois championne du monde, elle est à fond, elle donne toujours le meilleur d’elle-même. C’est bénéfique d’être à l’entraînement avec des filles aussi performantes, elles nous font progresser, nous les plus jeunes. On peut avoir une belle génération grâce à elles. » À l’INSEP, Faïza Mokdar peut également suivre sa formation en BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport). « Les formations sont bien organisées, les emplois du temps sont adaptés avec les entraînements », se réjouit la sportive de haut niveau. Son ambition : devenir coach sportive, puis professeur de judo. « J’aime le sport, partager mon savoir et côtoyer des gens. Le métier de coach répond à toutes mes envies. » Une fois le judogi enfilé, Faïza Mokdar ne manque pas d’ambitions non plus. À peine descendue du podium des championnats d’Europe juniors, elle se projetait vers la saison suivante. « Même si on n’a pas de visibilité », confie-t-elle. Les Jeux Olympiques de Tokyo, elle n’y pense pas, ou à peine : « Si j’y arrive, ça serait un exploit ! Pour se qualifier, il faut faire partie de la ranking list, et on y entre en gagnant des compétitions qui seront moins nombreuses en 2021. Ça sera très compliqué, mais si je vais à l’entraînement, c’est pour être la meilleure. Je ne lâche pas l’affaire. » La judokate voit plus loin, à l’horizon 2024 avec les Jeux Olympiques à Paris. « Ces Jeux à domicile sont déjà dans un coin de ma tête. C’est le rêve de tous les sportifs », souligne celle qui aura 22 ans à l’été 2024. Malgré ses trois titres européens chez juniors, Faïza Mokdar garde la tête sur les épaules. « Je sais que j’ai plein d’autres choses à gagner avant d’arriver aux Jeux de Paris. Je compte déjà m’installer dans le collectif senior et gagner des titres », tempère-t-elle. « Je suis une personne qui laisse faire le temps, mais si on s’entraîne, c’est bien avec un objectif en tête. » Et un podium aux Jeux Olympiques de Paris, à domicile, en fait partie.