Alors que les Championnats du monde de football de table se sont achevés dimanche à Nantes, Farid Lounas, président de la Fédération internationale de babyfoot, a accepté de prendre quelques minutes entre deux finales pour revenir sur l’organisation d’un tel événement.
En tant que président de la Fédération internationale de babyfoot, pouvez-vous présenter le rôle de cette fédération ?
J’ai créé la fédération internationale il y a 20 ans. On avait besoin, en tant que fédération, de pouvoir communiquer plus facilement, travailler et développer l’activité ensemble. On l’a créée à quelques pays, maintenant, c’est une fédération internationale bien en place. Je poursuis l’aventure, ça m’intéresse toujours autant. On est motivé. Il y a plus de 180 bénévoles à participer à l’événement. Ça montre bien la capacité et le plaisir qu’on a à développer la pratique ensemble.
Quelles ont été les plus grandes difficultés pour l’organisation de cet événement ?
On a dû reporter l’événement en 2021. Là, on est toujours pris entre deux feux. Entre la situation covid qui reprend un petit peu. Mais aussi la situation internationale qui se dégrade pour plusieurs raisons : la situation en Ukraine, mais aussi les questions de restrictions de visa par la France et les questions économiques qui touchent beaucoup de pays. Le football de table n’étant pas un sport reconnu, les finances viennent des fédérations et des participants eux-mêmes, donc c’est effectivement assez compliqué.
Pour autant, on arrive à avoir aujourd’hui près de 1000 joueurs et 45 pays. Les meilleurs joueurs de chaque nation. Il y a quelques nations qui n’ont pas pu venir, notamment les nations africaines et on le regrette fortement, mais on se battra pour que ça puisse se faire dans de meilleures conditions les prochaines années. Dans tous les cas, la compétition se passe très bien.
45 pays participent à la Coupe du monde, vous avez mentionné des pays qui n’ont pas pu participer à cet événement. Combien y a-t-il de membres au sein la fédération internationale de babyfoot ?
Il y a près de 200 pays qui pratiquent comme une activité traditionnelle et culturelle locale, un peu comme en France. C’est important parce que les gens prennent du plaisir à jouer. Ensuite, on a 65 fédérations qui ont organisé la pratique, avec des championnats régionaux, nationaux… Après on a les fédérations reconnues par leur ministère des Sports. Il y a une dizaine de pays qui ont reconnu le babyfoot comme une activité sportive à part entière.
La France n’a pas encore franchi ce cap. C’est dommage d’avoir la fédération internationale et la Coupe du monde ici et de ne pas reconnaître l’activité comme un sport. Cela permettrait d’utiliser la pratique comme un outil éducatif, social et de développement personnel. J’espère qu’ils vont franchir le cap d’ici peu.
Quels sont les prochains objectifs pour la fédération ?
Je pense d’abord au développement de la pratique pour tous, On a reçu plus de 4000 élèves. Il y a près de 50 000 enfants qui ont participé d’une manière ou d’une autre à cet événement. À travers des initiations, des formations, des dons de tables dans les écoles.
Ensuite, c’est la visibilité internationale. C’est la question des réseaux sociaux et des plateformes de diffusions. Je pense à Twitch, on est en direct devant plus de 5 millions de téléspectateurs sur cet événement.
Et un dernier point, c’est notre relation avec les lieux de pratique : maisons, écoles, entreprises, bars… Il y a un travail que l’on fait avec les entreprises pour se servir du babyfoot comme outil de lien social.
Vous avez mentionné Twitch, c’est une plateforme qui se démocratise pour la diffusion de nombreux événements sportifs. Pourquoi ce choix ?
C’est la première diffusion de la Coupe du monde sur Twitch. Avant on était diffusé sur des chaînes hertziennes comme Eurosport ou ESPN. On est parti sur des plateformes pour permettre une plus grande diffusion à l’international. On a fait des tests sur plusieurs pays, on voit que ça fonctionne bien. Il y a un intérêt d’interaction avec le public à travers les commentaires, la façon de s’impliquer dans l’événement. On a décidé d’avoir des commentateurs et de traduire en trois langues : français, anglais et allemand.
Enfin, j’imagine que malgré votre emploi du temps chargé, vous suivez un peu les Français. Pouvez-vous faire un bilan des résultats français ?
La France a gagné une médaille d’or en double homme (Gaël Lagrange et Miguel Dos Santos Lote), une en argent pour le double femmes (Cinderella Poidevin et Fanny Martineau) et une en or pour le simple moins de 19 (Tom Droit) [en vétéran classique, Hervé Dos Santos Lote et Philippe Bourgeois remportent une médaille d’argent]. C’est plutôt bon pour l’équipe de France. Les meilleures nations restent les États-Unis, l’Allemagne et l’Autriche, les nations favorites.
Propos recueillis par Solenn Ravenel