Les Fitdays MGEN, ce sont 40 étapes partout en France, dédiées pour la plupart aux enfants, qui vivent au cœur de leur ville une expérience unique autour du triathlon, dans un village sport-santé installé spécialement pour l’occasion. L’Iséroise Carole Vialat est à l’origine de cet événement national devenu une référence pour petits et grands.
Comment vous est venue l’idée d’organiser des triathlons pour les enfants ?
J’ai commencé à m’occuper très tôt du triathlon puisque j’ai créé le France Iron Tour en 1994, l’événement le plus télévisé à ce moment-là en France pour ce sport, avec des directs sur France 3. Je mettais toujours les enfants en lever de rideau. J’ai remarqué qu’ils aimaient beaucoup cette discipline. Ils trouvaient que pratiquer l’enchaînement de la natation, du vélo et de la course à pied était ludique. Ce n’est pas évident d’emmener les nouvelles générations vers ces disciplines un peu vieillissantes. Quand il s’agit de les enchaîner, ils trouvent ça beaucoup plus drôle.
Fort de ce constat, vous créez les Fitdays MGEN en 2012…
J’ai eu envie de lancer un événement pour les 5-12 ans afin de leur donner envie de se mettre au sport. J’ai cherché un sponsor qui ne soit pas commercial, mais plutôt un partenaire impliqué. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de la MGEN. Quand je suis allée les voir en 2012, les personnes de la MGEN ont trouvé que l’idée était bonne. Ils cherchaient à faire des actions pour diminuer la sédentarité. Ils ont bien conscience que si on arrive à remettre les gens à l’activité physique, il y aura moins de malades. C’est un partenaire qui a des militants engagés, des bénévoles qui donnent du temps pour la prévention. La partie image n’est pas la plus importante. D’ailleurs, on ne va dans un département que si la section départementale de la MGEN est d’accord pour nous accueillir. Si elle n’est pas partante, ça veut dire qu’on n’aura pas le soutien humain local pour préparer la manifestation en amont.
Les Fitdays MGEN s’adressent davantage aux enfants qu’aux adultes…
Les Fitdays MGEN sont organisés autour de 40 étapes partout en France dont 33 sont dédiées aux enfants et aux familles. Sept autres sont organisées pour les adultes, pour permettre d’offrir un moment magique aux enfants sélectionnés, qui croiseront les champions. Ce sont les grands au service des petits. Tous les villages sport-santé sont dédiés aux enfants avec en activité phare, le triathlon. Ils peuvent alors être au départ de leur premier triathlon, adapté à leur âge et de façon non chronométrée. On accueille 600 enfants par jour. Tout est gratuit. On prête les vélos et surtout on installe une piscine au cœur des villes. On ne va pas dans les lieux sportifs parce qu’on veut toucher la population qui n’est pas sportive. On s’est rendu compte que les non sportifs ne viennent pas dans les enceintes sportives. On va au-devant de la population en se mettant dans le parc ou sur la place principale de la ville. On arrive à toucher une population sédentaire. Nous allons partout, pour toucher toutes les couches sociales. Des communes rurales, des quartiers populaires, des grandes villes… On voit au moins 30% de gamins qui ne font pas de sport. Qui ne savent pas nager, qui ne savent pas faire du vélo. C’est une catastrophe.
« Ce qui nous frappe, c’est le sourire des gens »
Pourquoi avoir décidé de mettre en place des villages sport-santé ?
On a eu l’idée de créer des ateliers pour occuper les enfants avant le triathlon, traitant de la philosophie du parfait petit sportif qui va savoir collecter ses déchets, faire son menu complet… Tout ça occupe les enfants environ pendant deux heures. On a des étapes avec du temps scolaire où les classes vont venir. Elles ont préparé l’événement en amont avec leur enseignant grâce à un guide pédagogique. Certaines étapes se déroulent le week-end ou le mercredi après-midi, et on accueille donc le grand public. On finit toujours nos journées par deux heures en famille entre 17h et 19h. On organise alors le relais du cœur pour créer du lien entre les parents et les enfants. L’enfant nage 20 mètres avant de donner le relais à un adulte de son entourage pour un kilomètre de course à pied. Ils terminent main dans la main sur la ligne d’arrivée. La ville qui a le plus d’équipes au relais du cœur se voit offrir 20 VTT. Ce qui nous frappe, c’est le sourire des gens pendant ce moment.
Comment votre parcours vous a menée à la création des Fitdays MGEN ?
J’étais nageuse, j’ai fait les championnats de France. J’ai fait une école de commerce à Grenoble. Il y a eu une proposition de stage pour relancer le triathlon de Grenoble. Mon frère était dans la même classe que moi. En 1989, nous l’avons organisé. On s’est pris de passion pour ce sport, on a créé un club et on s’est mis à en faire surtout (rires). Je suis devenue présidente du club. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais j’ai eu l’idée du tour de France de triathlon. Je crée le France Iron Tour que les sportifs appellent le FIT, d’où le nom quelques années plus tard donné aux Fitdays.
Vous vous êtes donc spécialisée dans l’organisation de triathlon…
On sait organiser des triathlons et on en a fait notre métier. J’ai aussi eu un magazine entre 2000 et 2007 qui s’appelait 220 Magazine. J’aimais écrire mais j’ai appris à être commerciale en vendant les pages pour gagner de l’argent avec les pubs.
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« 20 000 enfants sur les routes des Fitdays »
Cela vous tient à cœur d’organiser cet événement d’abord en direction des enfants…
Je suis passionnée par le volet des petits. La MGEN a aussi pris le virus des grands en comprenant l’intérêt de la discipline. Si la Covid-19 nous laisse tranquille cette année, on accueillera 20 000 enfants sur les routes des Fitdays MGEN. C’est un vrai bonheur, ça nous a beaucoup manqué en 2020. La MGEN nous a énormément aidés pendant cette année blanche, puisque tout était prêt au moment de l’annonce de l’annulation le 13 avril. On avait engagé beaucoup d’argent. La MGEN a pris en charge les frais fixes et ceux déjà engagés. Cela nous a sauvés et les aides de l’Etat nous ont permis d’organiser 2021 en faisant un copier-coller avec les villes prévues l’an passé.
Sur quels genres de territoires êtes-vous implantés ?
On est dans la proximité. On s’adresse à la population qui se trouve à 30 kilomètres à la ronde de nos villes. C’est ce qui fait le succès des Fitdays. On s’imprègne de la culture de la ville. On se promène de ville en ville avec une adaptation à chaque lieu. Le travail avec les locaux a fait notre succès. Nous ne sommes pas une tournée des plages, on ne va pas sur des lieux touristiques, mais on souhaite travailler avec les gens qui vivent à l’année dans la ville.
Que représente le label développement durable décerné par le CNOSF ?
Nous sommes allés jusqu’au bout de l’idée. On donne des fruits aux enfants pour le goûter par exemple, et ce n’est pas simple. C’est une logistique que vous ne pouvez pas imaginer. Ce label est une reconnaissance. On a réfléchi au village pour qu’il ne dépense pas trop d’énergie, on étudie actuellement le bilan carbone des Fitdays MGEN… La voiture de la société est une hybride. On ne prétend pas remplacer ce qui est fait au quotidien, mais on met en place une journée qui marque beaucoup les enfants.
Il y a un vrai rôle à jouer pour ce public-là…
Les petits repartent triathlètes et fiers de l’être. On a des témoignages de familles qui nous disent que leur enfant veut désormais faire du sport. Ce sont eux les héros quand ils répondent aux questions des journalistes. Il faut redonner de la confiance aux enfants. On les a délaissés, on est pressé tout le temps. Les petits sont tellement contents quand on demande aux parents de rester. Dans la tête de l’enfant, le fait d’avoir fait les trois sports, il a l’impression d’être Superman.