Flora Vautier, le sport comme fil conducteur

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Devenue paraplégique à la suite d’un accident de voiture, Flora Vautier s’est reconstruite grâce au sport. Et notamment au tennis de table, une discipline dont elle espère intégrer le top 10 mondial cette année. Avec, forcément, Paris 2024 en ligne de mire.

« Le tennis de table m’a permis de me reconstruire. » Flora Vautier n’était pas destinée à pratiquer cette discipline. Née en 2004, la jeune fille s’épanouit en GRS (gymnastique rythmique et sportive), un sport qu’elle pratique pendant six ans. En 2015, tout bascule. Après un accident de voiture, alors âgée de 10 ans, elle devient paraplégique. Sa vie ne sera plus jamais la même. « Le sport m’a aidé, je voulais me remettre à une activité sportive. J’avais besoin de me reconstruire, de me plonger dans quelque chose. Le tennis de table est venu assez naturellement. C’est un sport dans lequel je prends beaucoup de plaisir et où la marge de progression est importante. » Un an seulement après avoir pris la raquette en main, Flora Vautier est médaillée aux championnats de France dans sa classe de handicap. Une ascension rapide pour la joueuse. Elle reste lucide sur les progrès qu’elle peut encore accomplir. « Je pense que j’ai encore une grosse marge de progression. C’est un sport de duels, j’aime la compétition. C’est aussi pour cela que je pratique ce sport. Sur le niveau technique notamment, je peux encore beaucoup progresser. En termes d’expérience, je peux aussi m’améliorer. Je ne suis qu’au tout début de ma carrière. »

« 2022, ma plus grosse année depuis que j’ai commencé le tennis de table »

Son début de carrière a donc été couronné de succès. Flora Vautier, 18 ans désormais, reste sur une dernière saison impressionnante. « 2022 a été ma plus grosse année depuis que j’ai commencé le tennis de table, confie sans détour la jeune femme. Participer aux championnats du monde n’était pas un objectif au début de l’année passée. Finalement j’y suis allée et j’ai ramené une médaille. Je voulais intégrer le classement mondial, dans l’idéal dans les 15 premières. Finalement, je suis 19e. » Une progression fulgurante qui doit beaucoup à des championnats du monde réussis, marqués par une médaille de bronze en double en compagnie d’Alexandra Saint-Pierre. « C’était ma première grande compétition internationale depuis que je fais du tennis de table. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir, du début à la fin. Je n’avais pas du tout envie de me mettre du stress. Je n’avais pas de pression qui aurait pu me faire passer à côté de mes matchs. Je voulais jouer mon jeu et ne pas me prendre la tête. Si ça passait tant mieux, sinon tant pis. Heureusement, ça a bien fonctionné », se réjouit Flora Vautier. La voir déjà médaillée dans une grande compétition internationale est une surprise pour Roza Soposki, en charge de la délégation tricolore sur ces championnats du monde. « Je suis agréablement surprise parce qu’il s’agit de leurs premiers championnats du monde et d’une place pour une médaille. La fin du deuxième set, où elles sont revenues, leur a permis de trouver les clés tactiques. »

« Entrer dans le top 10 mondial en 2023 »

Le double féminin Vautier–Saint-Pierre a tout pour continuer à gravir les échelons en 2023, avec Paris 2024 en ligne de mire. « J’aime bien le double ! C’est une autre source de motivation. Quand on partage les victoires et les défaites avec un partenaire, c’est quelque chose de différent par rapport à l’individuel. J’aime beaucoup ça, confie la jeune joueuse de 18 ans. Pour moi, le plaisir est un élément essentiel. Si je ne prenais pas de plaisir en jouant ou avec les personnes avec lesquelles je m’entraîne, ce serait très compliqué. Je n’aurais jamais continué le tennis de table. Et il se trouve que je prends beaucoup de plaisir en double ! » C’est avec cette volonté de prendre du plaisir et continuer à progresser que Flora Vautier a mis le cap sur l’Occitanie, direction l’Alliance Nîmes-Montpellier. « Avant, j’étais au CREPS de Bordeaux. J’avais envie de changement et je suis partie à Nîmes. Ça a vite matché avec Guillaume Jean, qui est aussi le coach de l’équipe de France. J’ai besoin d’avoir une bonne complicité avec mes entraîneurs pour prendre du plaisir dans ce que je fais. Nîmes est un super club, les autres joueurs ont été très accueillants avec moi. C’est vraiment du haut niveau. » De quoi lui permettre d’aborder dans les meilleures conditions la saison 2023. « Je n’avais pas spécialement d’attentes sur les derniers championnats du monde, mais en 2023, je vais effectuer beaucoup de sorties internationales. Le but est d’entrer dans le top 10 mondial et me qualifier pour les championnats d’Europe qui auront lieu début septembre. »

« Quand je n’ai pas cours, je m’entraîne toute la journée »

Flora Vautier n’a pas que le tennis de table dans la vie. Comme chaque jeune de son âge, les études occupent une place importante. « Je suis en STAPS. Je fais mon année sur deux ans, donc j’ai beaucoup moins de cours. Cela me permet de m’entraîner le matin, d’aller en cours en début d’après-midi avant de m’entraîner à nouveau après les cours. Quand je n’ai pas cours, je m’entraîne toute la journée, détaille la jeune femme, qui a vécu un mois de janvier très chargé avec le passage de ses partiels. Désormais, je compte faire des adaptations concernant mes cours sur les années à venir. Je n’en ai pas fait sur mes années de lycée. Là, ça devient indispensable avec la multiplication des entraînements et des compétitions. » Sa carrière à haut niveau ne fait que commencer mais Flora Vautier est une jeune femme prévoyante. « Je sais déjà ce que je veux faire par la suite. C’est bien d’y penser tout de suite pour mieux anticiper les choses. Je suis actuellement en STAPS, mais j’aimerais bien me diriger vers le management, plus particulièrement dans le management du sport. Cela pourrait me permettre, plus tard, de travailler dans tout ce qui concerne la communication dans le sport. » Le sport, fil conducteur d’une carrière et d’une vie.

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