Directeur du programme olympique à la Fédération française de cyclisme, Florian Rousseau détaille les enjeux des Mondiaux sur piste de Glasgow qui débutent ce jeudi, ainsi que des Jeux de Paris.
Les Jeux de Paris, c’est ça qui est en ligne de mire ?
On a un objectif, ce sont les Jeux. Sur la route des Jeux, il y a ces championnats du monde qui sont importants. Dans le cyclisme, un championnat du monde, c’est important. Il y a un maillot distinctif. L’année dernière à Saint-Quentin-en-Yvelines, il y a eu plusieurs titres (sept, ndlr). Glasgow est sur la route de Paris pour notre objectif de performance. Bien évidemment, on est dans le cadre, là aussi, de la qualification olympique. Les championnats du monde comptent dans le ranking mondial pour se qualifier pour les Jeux puisque même si nous sommes la nation hôte, nous ne sommes pas qualifiés d’office pour les Jeux olympiques en cyclisme sur piste.
Une nation hôte, c’est une nation très scrutée…
Les résultats de l’année dernière au Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines ont montré la valeur des athlètes français. Bien sûr qu’on va être scrutés. Les nations concurrentes savent très bien que ce que génèrent les Jeux dans son pays en termes de motivation, de performance de la part des athlètes, de l’ensemble des staffs. C’est une dynamique collective, bien sûr, pour les athlètes. Nous, on est là pour une mission : accompagner au mieux les athlètes. On connaît aussi très bien ce Vélodrome. Donc ça fait partie du jeu d’avoir des informations sur la manière dont se préparent les cyclistes français en vue des Jeux.
« L’état d’esprit, la façon dont travaillent les équipes sont tout aussi importants que le critère médailles »
Est-ce important de marquer les esprits sur ces championnats du monde ? Quels sont les objectifs en termes de médailles ?
La sélection est faite avec des coureurs qui ont le potentiel d’être médaillés ou d’être champions du monde. On y va pour faire des médailles. Il ne faut pas perdre de vue notre objectif qui reste les Jeux. On se rend à Glasgow avec l’ambition de remporter des titres. Le bilan sera réalisé après ces championnats du monde. Comment on se situe ? Est-ce que notre niveau de performance par rapport à Saint-Quentin a progressé, évolué dans le bon sens, tant individuellement que collectivement ? Se comparer ici à la concurrence, voir où on se situe. Ce n’est pas parce qu’il y a un très bon championnat du monde en nombre de médailles ou un championnat du monde avec moins de médailles que cela conditionne la réussite des Jeux. Si on regarde notamment l’histoire, la Fédération de cyclisme a fait souvent des très bons championnats du monde l’année préolympique. Ensuite, les Jeux olympiques avaient été un peu difficiles. Il n’y a pas que le critère médailles qui est intéressant pour moi, c’est l’état d’esprit, la façon dont travaillent les équipes qui entrent également en compte. On a des critères, des indicateurs d’évaluation par rapport à des actions qu’on a mis en place sur lesquelles on veut voir notamment des améliorations sur la performance, sur du matériel, sur nos équipes aussi, comment elles travaillent entre elles. C’est tout ça qui va être évalué par rapport à l’année dernière où on doit encore monter d’un cran. Au final, ce qui concrétise une amélioration, c’est peut être les médailles, mais ce sera surtout les médailles des Jeux.
Ces championnats du monde ont la particularité de rassembler plusieurs disciplines de cyclisme. Est-ce que ça change quelque chose ?
Oui. Si on évoque la piste pour la Fédération de cyclisme, c’est treize disciplines au programme de ces championnats du monde. C’est 160 athlètes, c’est énorme. Donc en termes d’organisation, de logistique, tout est concentré au même moment. Sur le programme olympique, oui, tout est concentré au même moment. Les sites sont dispersés à divers endroits. Pour la piste, le contexte fait qu’on a travaillé avec la FFH (Fédération française handisport) parce que ce n’est pas nous qui gérons le para-cyclisme. On a eu plusieurs temps de travail avec la FFH pour collaborer, cohabiter dans un espace exigu qu’est la piste. Les athlètes ont été préparés à ces sept jours de compétition au lieu de cinq. Ça a aussi une incidence. Ça peut paraître long, surtout quand on rentre en fin de programme. On s’est adaptés. C’est pour ça qu’on part plus au dernier moment, notamment à Glasgow, parce que le Vélodrome, la veille des courses, est fermé. Il est réservé aux athlètes paralympiques. Le haut niveau, c’est avoir cette capacité d’adaptation et essayer d’évacuer toutes les problématiques. Il y aura toujours des problématiques à régler. Il faut avoir beaucoup de sérénité.
« Ces super-Mondiaux s’apparenteront aux JO du cyclisme »
A l’image de ces championnats du monde qui seront tous rassemblés, vous avez évoqué avoir échangé avec la FFH. Avez-vous dialogué avec vos homologues du cyclisme sur route et du BMX ?
J’ai échangé avec toutes les composantes effectivement. Pour l’ensemble des disciplines, ces Mondiaux sont un indicateur. Le parcours de qualification olympique est différent par rapport au grand principe de qualification qu’a posé la Fédération internationale et validée par le CIO. Par exemple, le ranking de la route se termine fin 2023. Il ne prend pas uniquement en compte les championnats du monde mais l’ensemble des courses des coureurs français qui courent aussi en World Tour ou sur les autres compétitions. Mais oui, je travaille avec les coachs. On a des réunions transversales de management sur les Jeux. L’expérience olympique d’un coach peut servir à l’autre. Les thématiques de management, de gestion d’athlètes, relation entraîneur-entraîné… Même si les univers sont complètement différents, je travaille de manière transversale avec les entraîneurs de ces disciplines.
Ces super Mondiaux ne sont-ils pas quelque chose de bénéfique pour la visibilité de disciplines dans le cyclisme, comme la piste, qui sont moins médiatiques que la route par exemple ?
C’est vrai qu’en termes d’exposition, cela s’apparentera aux JO du cyclisme. Il y a toutes les disciplines. Celles-ci vont bénéficier notamment des moyens qui vont être mis sur place et de la forte présence des médias. Cela va permettre de mettre en lumière des disciplines plus confidentielles d’un point de vue médiatique. L’année dernière, il y avait des grands championnats d’Europe multidisciplinaires. On a vu l’effet que ça avait, notamment sur les disciplines du cyclisme. Ce sera pareil à Glasgow.