Co-présidente de la commission « sport » de l’association France Urbaine, Roselyne Bienvenu réagit à la proposition de loi « sport » et évoquer les enjeux du sport dans la société actuelle.
Quel est le rôle de la commission « sport » de France Urbaine que vous présidez ?
C’est une commission installée spécifiquement en 2018 en plein cœur de la réflexion sur la réforme de la loi sur le sport et sa démocratisation. La volonté est de mener des travaux plus spécifiques pour contribuer aux Etats Généraux du sport et dans la perspective de la réforme du sport.
Pourquoi France Urbaine estime que la proposition de loi « sport » ne répond que très peu aux enjeux que le sport traverse actuellement ?
C’est une loi intéressante puisqu’elle traite du sport. Il était temps que la République se questionne sur la place et le rôle du sport dans notre société. On estime qu’on aurait pu aller plus loin car le sport est considéré comme un outil d’éducation, d’intégration et de lien social. France Urbaine porte des orientations, défend la différenciation du sport en fonction des territoires en considérant à la fois le haut niveau et le sport pour tous. Dans les grandes villes, on trouve des politiques de la ville en direction des quartiers et on organise de grands événements. Il nous semblait donc important de teinter cette loi de ces différenciations. Non pas pour s’éloigner de l’organisation du sport autour du club et des fédérations mais, compte tenu de la mission de service public, pour s’appuyer sur ces structures afin d’organiser le sport français. Néanmoins, il est constaté que dans les quartiers de la politique de la ville, il existe un sous équipement et un manque de présence de clubs fédérés. France Urbaine porte une parole volontariste qui vient heurter le droit commun de l’organisation du sport en France depuis plus de 60 ans fondée uniquement sur le monde fédéré.
Est-il temps de revoir le modèle économique du sport ?
Il est à questionner puisque dans l’histoire, le sport a été majoritairement financé par l’état en plus des citoyens eux-mêmes par le biais des adhésions. Parallèlement, les collectivités territoriales construisaient des équipements avec l’argent public. Aujourd’hui, le modèle de financement et leurs destinations sont à revoir.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que les subventions des collectivités territoriales envers les fédérations et les clubs sont en baisse ?
Encore faut-il le démontrer. J’ai fait une analyse à l’échelle de la ville d’Angers. Les baisses de subventions sont souvent liées à un recul de la compétitivité et du nombre d’adhérents. Le problème majeur des clubs est un manque de projet associatif qui permet d’avoir des financements. Les jeunes abandonnent le mouvement sportif fédéral et vont faire du sport ailleurs. C’est une question de dynamisme du projet qui va vers les attentes des citoyens dans une société qui change.
Comment est-il possible de valoriser ce sport amateur ?
Je défends l’idée que le sport doit financer le sport avec des stratégies différenciées selon les territoires. Les grosses cylindrées du secteur privé ont aussi leur rôle à jouer. Elles sont présentes sur les grands événements. Il faut penser qu’un ruissellement va atteindre tout le monde. C’est une perche tendue aux dirigeants locaux qui, à mon sens, ne la saisissent pas. Il faut vivre avec son temps et les clubs se détachent trop de ce qu’il se passe dans les fédérations. Lorsqu’une grande entreprise est partenaire d’un événement international, il n’est pas interdit qu’un club prenne contact avec l’enseigne locale pour un partenariat. Je souhaite que les gens fassent la démarche avant de dire que cela ne fonctionne pas. Il faut revoir l’écosystème en gardant la solide matrice du sport français.