Président du Groupe Sport à l’Assemblée nationale, François Cormier Bouligeon défend la politique sportive mise en place par le gouvernement. Le député du Cher a remis cet été au Premier ministre 50 mesures pour relancer le Sport français.
Pourquoi est-ce si important de penser le sport de demain ? Quel doit être le modèle français mis en place lors des prochaines années ?
Le sport et plus largement les activités physiques et sportives peuvent et doivent jouer un rôle essentiel dans une France modernisée. J’attache une importance toute particulière au sport pour tous tout au long de la vie, sujet sur lequel la sénatrice Françoise Gatel et moi avons remis un rapport au Premier ministre en 2019. Le sport et les APS sont le meilleur outil à offrir à nos jeunes pour qu’ils construisent le bien-être de leur corps et leur place dans le corps social, le meilleur outil à offrir aux adultes pour rester en bonne santé et évacuer le stress de la vie professionnelle, le meilleur outil à offrir aux séniors pour qu’ils conservent le plus longtemps leur vitalité et leur autonomie. A travers, le sport et les APS, nous défendons une vision humaniste de notre société et c’est ce qui est passionnant !
La « rétrogradation » de Roxana Maracineanu n’est-elle pas le signe annonciateur d’un futur avec une Agence nationale du sport toute puissante et un ou une ministre des Sports de « représentation » ?
Ma préférence personnelle va naturellement vers un ministre des Sports de plein exercice, mais la place du sport au sein du gouvernement a tellement évolué depuis un siècle… Je préfère encore un grand ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports qu’un rattachement au ministère de la Guerre comme en 1921 ! Jean-Michel Blanquer se trouve à la tête d’un ministère de « la tête et les jambes » ou un ministère « Mens sana in corpore sano ». J’ai la certitude qu’il en fera quelque chose de très bien en partenariat avec Roxana Maracineanu. Nous sommes disponibles pour les y aider.
« L’après crise sanitaire » n’est -il pas l’occasion de lancer un grand plan d’investissement pour le développement du sport en France ?
Oui, clairement et c’est pourquoi avec 75 députés LaRem, Cédric Roussel qui préside le groupe d’études « économie du sport » de l’Assemble nationale et moi qui préside le groupe d’études « sport », avons proposé à Jean Castex, excellent connaisseur du sujet, un plan comprenant « 50 mesures pour relancer le sport français ». Nos propositions vont d’un chèque Sport pour permettre aux familles modestes de reprendre des licences en club à la rentrée, jusqu’à des outils innovants permettant aux Français d’investir dans les clubs professionnels.
« Le sport santé est indispensable ! »
La gestion du sport en France se fait à de multiples étages : mairies, Métropoles, départements, régions, Etat avec le ministère des Sports, Agence nationale du sport, CNOSF… Ne faut-il pas simplifier les choses ?
Nous sommes dans une période de transformation du modèle sportif français. C’est un moment de transition, nous sommes sur le chemin sans voir encore la ligne d’arrivée… Nous clarifions les compétences entre celles, régaliennes, qui doivent être exercées en direct par l’Etat, et celles qui ne le sont pas, qui sont confiées à l’ANS et exercées en partage par les quatre grandes familles que sont l’Etat, le mouvement sportif, les collectivités locales et le monde économique.
L’ANS vient de souffler sa première bougie, elle doit encore grandir et se renforcer. Le niveau national est en place et le niveau régional le sera bientôt je l’espère. Je plaide quant à moi pour une prise de compétence sport au niveau du bloc communal, communes et communautés de communes, parce que c’est à ce niveau-là que se mettent en place les actions concrètes !
Concernant le sport féminin, est-ce raisonnable de pousser vers le professionnalisme ou faut-il développer le double projet (métier et haut niveau en parallèle) ?
Le double projet est un impératif pour les femmes comme pour les hommes ! Je parlerais même de triple projet car je pense que les sportifs de haut niveau et les sportifs professionnels peuvent exercer une responsabilité sociétale en promouvant des valeurs positives indispensables à notre pays : dépassement de soi, solidarité, respect des règles, « positivation » de l’échec, recherche décomplexée du succès.
Ces dernières années, le sport-santé est devenu une cause importante à développer, car il a un rôle essentiel dans la diminution des dépenses de santé. Que faire pour qu’il ait toute sa place dans le paysage du sport français ?
Le sport santé est indispensable ! Nous avons créé les Maisons sport santé, non pas ex nihilo, mais en labellisant les initiatives locales. C’est une politique intelligente car elle respecte les acteurs des territoires. Une première vague de 138 MSS s’est levée, d’autres suivront. Lors de l’examen de la loi de finances pour 2021, nous proposerons de déplafonner les taxes affectées au sport, en particulier pour offrir à ces MSS un vrai financement. Au-delà, nous avons engagé un dialogue avec Olivier Véran, ministre de la santé, pour que le prochain PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) aille plus loin en matière de remboursement d’activités physiques adaptées. L’efficacité de la prévention primaire, secondaire et tertiaire par les APS n’est plus à démontrer, elle est à développer !
Le sport à l’école est un autre sujet important. Y a-t-il une bonne formule à mettre en place pour permettre aux jeunes de faire plus de sport, tout en donnant satisfaction aux professeurs d’EPS, aux associations et aux clubs ?
Avec 2S2C, nous avons réussi une chose : remettre au centre du débat la place du sport en faveur de notre jeunesse. C’est une exigence partagée par de nombreux acteurs et notamment par l’USEP et l’UNSS dont les présidentes nationales et les acteurs locaux sont formidables ! Je souhaite que l’EPS soit confortée dans le temps scolaire et notamment dans le premier degré. Mais je souhaite aussi que nos jeunes soient considérés dans leur globalité, comme enfants et adolescents et comme élèves, collégiens et lycéens. Bref, nous devons mener une réflexion sur les temps scolaires, périscolaires et extrascolaires. Avec ma collègue députée du Nord Béatrice Descamps, nous proposons une concertation sur l’année scolaire 2020/2021 avec l’ensemble des acteurs concernés.
« Je souhaite que l’EPS soit confortée dans le temps scolaire »
La mise en place du projet 2S2C a posé la question des infrastructures, parfois peu nombreuses et vétustes. La France a pris du retard dans ce domaine. Comment résoudre ce problème, qui a un coût financier important ?
Le plan de relance de l’économie française serait un très bel outil pour reconstruire nos équipements sportifs souvent vétustes, toujours saturés ! Bruno Le Maire et Olivier Dussopt seraient bien inspirés de l’entendre…
Quels sont vos souhaits sportifs pour la rentrée 2020-2021 ?
Je souhaite que les Français sortent de la morosité née de la crise sanitaire en retrouvant le plaisir par le sport ! Les 300 000 clubs et associations fourmillent d’idées qui respectent les contraintes liées à la Covid 19. Je souhaite aussi aux clubs professionnels, tous sports confondus, de trouver des solutions pour survivre. Nous cherchons des solutions pour les y aider.
A titre plus personnel, je souhaite bien sûr remporter le prochain Tournoi des 6 nations avec le XV Parlementaire où je joue pilier gauche. Ce serait une belle victoire après la médaille de bronze gagnée à la Coupe du Monde au Japon !
A plus long terme, quel héritage Paris 2024 doit-il laisser pour que l’on puisse dire que ces Jeux sont réussis pour les Français ?
Dans un monde qui se complexifie de jours en jours, rassembler les nations autour de jeux pacifiques sera une première victoire ! Mettre en avant les sportives et sportifs français de haut niveau serait encore mieux. Claude Onesta y travaille avec son équipe et je leur souhaite plein succès. Je souhaite également que nos entreprises françaises soient mises dans les meilleures conditions pour démontrer qu’elles peuvent concourir à réaliser des jeux sobres, respectueux de l’environnement mais aussi à la pointe des technologies modernes. La France est un pays d’innovations sportives, le Tremplin le démontre tous les jours !
Mais surtout, ces Jeux Olympiques et Paralympiques seront un succès si l’on peut faire partager à chaque Française et chaque Français, quels que soient leur âge et leur condition physique qu’il peut remporter sa propre médaille d’or en réalisant son objectif qui pourra être de terminer un semi-marathon pour les uns ou d’abandonner sa voiture pour aller au travail en marchant ou à vélo pour les autres. C’est cela la richesse du sport et des APS : une immense diversité des possibles !
Quand est-ce la France sera « une vraie nation sportive » ? En 2016, Le Président de la République annonçait son souhait de 3 millions de pratiquants sportifs supplémentaires. Ou en sommes-nous ?
Nous avançons dans cette direction, mais l’exercice relève plus du marathon que du sprint !