Le Havre survole la Ligue 2 avec, en son sein, plusieurs joueurs formés au club. Le club normand est également toujours en lice en Coupe Gambardella. François Rodrigues, directeur du centre de formation et entraîneur des U19, nous parle de la méthode havraise.
Comment organisez-vous l’effectif pour la Coupe Gambardella ?
François Rodrigues : Notre quotidien, c’est le championnat. Les catégories U17, U19 et la réserve sont amenées à faire évoluer le joueur. Les joueurs qui le méritent montent d’une catégorie. On a donc des championnats compliqués avec des effectifs plus jeunes que les adversaires, sauf chez les U17 grâce à une génération talentueuse. On est concentré sur l’évolution du joueur avec ce système décloisonné. Pour la Coupe Gambardella, à titre exceptionnel, on regroupe les meilleurs jeunes sur une semaine de type compétition pour être le plus performant. Cette semaine se rapproche plus d’une méthode professionnelle.
Est-ce une récompense pour les joueurs sélectionnés ?
FR : Bien évidemment. Il y a une telle concurrence sur les trois catégories, la semaine est très intéressante pour les formateurs. Quand on réunit les joueurs qui ont déjà joué en N3 avec les potentiels U19, on a quasiment une équipe. Il y a une émulation au niveau du groupe. Il y a toujours des déçus, mais ils apprennent que ce métier n’est pas facile. Ils auront de la concurrence durant toute leur carrière.
Le centre de formation côtoie-t-il les professionnels ?
FR : Oui, on a la chance d’avoir Mathieu Bodmer (directeur sportif) et le coach Luka Elsner et son staff qui sont très attentifs à l’évolution des jeunes. Certains garçons s’entraînent très régulièrement avec eux et ont déjà joué. Ils sont quasiment tous les jours supervisés par Mathieu Bodmer. Le coach Luka Elsner est très attentif et n’hésite pas à lancer les jeunes, le dernier en date étant Antoine Joujou.
Voir les jeunes jouer avec les professionnels est un avantage pour l’attractivité du centre de formation ?
FR : Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de faire la réputation du Havre sur la qualité de sa formation. La formation, c’est la base du club. Lorsque des parents inscrivent le gamin chez nous, on va s’inscrire sur un projet de jeu et un projet professionnel. Il a plus de chances de réussir chez nous qu’ailleurs. On va le détecter, le former, l’exposer et le vendre. C’est aussi ça la pérennité d’un club formateur. Mais si demain on retrouve l’élite, ça nous permettra peut-être de garder un peu plus nos jeunes talents avant de les vendre.
« La précocité est importante chez les nouvelles générations »
Cette éventuelle accession en Ligue 1 remet-elle en cause l’apport de la formation à l’effectif ?
FR : Non, l’ADN du club, c’est la formation. Mais on va peut-être devoir élever notre curseur d’exigence pour former des joueurs encore plus performants. Ce serait même un atout pour attirer et conserver des joueurs encore plus talentueux. Par exemple, un joueur comme Saël Kumbedi, qui est parti à Lyon, on aurait pu lui proposer un projet en Ligue 1.
Titulaire en Ligue 2, Arouna Sangante n’a que 20 ans. Est-ce une exception ou est-ce que les défenseurs centraux arrivent à maturité de plus en plus jeunes ?
FR : La précocité est importante chez les nouvelles générations. Je ne suis pas surpris concernant Arouna. La méthodologie au Havre permet de responsabiliser très vite les défenseurs centraux. On leur donne une grosse confiance dans leurs prises d’initiatives. On l’a fait avec Loïc Badé parti à Lens, puis à Rennes. Demain, il peut y avoir d’autres joueurs comme Yoni Gomis.
Parmi les jeunes de la Coupe Gambardella, des joueurs vont-ils avoir leur chance prochainement avec les professionnels ?
FR : Il s’agit de voir comment ils vont passer les derniers paliers vers le haut niveau. Ils ont beaucoup de fougue, d’énergie. Ils doivent être conscients que pour jouer en Ligue 1 ou en Ligue 2, il faut s’inscrire dans un projet collectif. Parfois, il leur manque un peu d’expérience, de maturité intellectuelle. Certes, on est un club formateur. Mais ça ne doit pas être au détriment de l’équipe première. On a les yeux rivés sur la montée, ce qui va encore être très dur. Le coach et son staff sont suffisamment intelligents pour inclure les jeunes par dosage au fur et à mesure. Surtout, cela se fera par au mérite et sur ce qu’ils montrent au quotidien.