Directeur de l’INSEP depuis 2017, Ghani Yalouz est fier du système mis en place, permettant aux sportifs de haut niveau de poursuivre un double projet. Tout en dévoilant les détails de ce système, l’ancien lutteur assure que l’INSEP peut encore faire mieux.
Quels sont les facteurs qui expliquent une réussite aussi importante des bacheliers de l’INSEP ?
La formation scolaire, universitaire et plus largement l’accompagnement du sportif de haut niveau vers la voie de l’excellence sont ancrés dans l’ADN de l’INSEP. En tant qu’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel du ministère des Sports, l’INSEP doit former les champions de demain et les aider à préparer l’après-carrière. C’est un enjeu important qui fait partie des priorités de notre institut. L’implication des différents acteurs autour du jeune sportif (services de l’INSEP, fédérations, familles…) facilite sa réussite. Enfin, il existe également une capacité inhérente au sport de haut niveau de se mobiliser pour un objectif ou une échéance. Nos athlètes, certes bien encadrés, révèlent leur capacité en étant acteurs. Notre rôle est de créer cette dynamique collective au profit de l’engagement et du projet individuel.
Que met en place l’INSEP pour permettre à ces jeunes de réussir leur double projet ?
Outre les structures d’entraînement, l’INSEP travaille à optimiser les outils au service de la performance. Un jeune sportif à l’INSEP a une vie d’interne en collectivité, s’entraîne souvent de manière biquotidienne et se forme sur le plan scolaire. Dans chaque domaine, il y a une réflexion par rapport aux exigences et aux contraintes du sport de haut niveau. L’articulation des activités est primordiale. Les enseignements scolaires se font, par exemple, au sein de l’institut avec un petit lycée recréé dans une partie des bâtiments. Les horaires y sont aménagés avec une organisation très structurée et des moyens qui permettent d’individualiser les apprentissages. Le suivi est quotidien et s’affranchit du calendrier des vacances scolaires, pour tendre vers l’annualisation en fonction des plannings sportifs.
« Un travail de sensibilisation permanent »
Quels sont les moyens donnés à l’INSEP pour permettre de rivaliser avec les meilleures nations étrangères ?
Pour la mise en place d’une scolarité très adaptée, spécifiquement réservée aux sportifs de haut niveau, et permettant de répondre aux demandes et besoins des différentes disciplines sportives, nous avons un partenariat étroit avec le rectorat de Créteil. Des dotations en heures d’enseignements sont attribuées à l’INSEP pour le fonctionnement des classes. Ce sont des moyens fléchés vers l’innovation pédagogique, offrant un enseignement à distance lors de stages à l’étranger ou pendant des périodes de sollicitations très intenses. Cela permet également d’apporter beaucoup de souplesse au profit des préparations pour les compétitions de référence internationale.
Selon vous, la jeune génération actuelle a-t-elle désormais conscience de l’importance de ce double projet ?
L’importance de se former en parallèle d’une carrière sportive, y compris de très haut niveau, n’est pas forcément une évidence pour les plus jeunes que nous accueillons. Cette idée est assez liée à la maturité et au niveau d’expérience dans la pratique. D’où l’importance de l’accompagnement et du suivi socioprofessionnel qui existent à l’INSEP, mais aussi dans chaque fédération. Il faut encore une fois beaucoup de pédagogie et un travail de sensibilisation permanent pour impliquer nos athlètes.
Le lien est-il évident entre scolarisation réussie et performance sportive ?
Il existe de nombreux facteurs dans la performance sportive. Il est évident que le sportif de haut niveau doit acquérir des compétences et que le monde éducatif a indéniablement un rôle à jouer dans ces acquisitions. Il s’agit autant de valeurs, de citoyenneté, de posture, d’exemplarité, de dépassement de soi, de gestion des émotions, de force mentale, de capacité d’analyse… La scolarisation est structurante pour nos sportifs de haut niveau. Elle est même essentielle à l’émergence de la performance.
« L’INSEP joue le rôle d’animateur »
Quel rôle l’INSEP doit-il jouer concernant l’évolution de la scolarisation des sportifs de haut niveau ?
L’INSEP joue le rôle d’animateur du réseau des établissements du sport. À travers la mission du Grand INSEP, il y a un partage d’expertise et des réflexions sur des problématiques communes à l’ensemble du territoire. La scolarisation des sportifs de haut niveau fait partie des discussions. C’est un sujet interministériel où l’INSEP est au cœur des différentes mises en action et des expérimentations.
Une scolarisation adaptée et calquée à 100 % sur le calendrier sportif est-elle envisageable à l’avenir ?
La scolarité à l’INSEP fait ce travail d’adaptation et aménage l’organisation des enseignements en fonction des nombreux calendriers sportifs. Cela reste très complexe. L’individualisation des parcours implique, dans sa mise en œuvre, des moyens humains et financiers. Il existe des facteurs limitants de mutualisation des moyens que tout le monde peut comprendre. Il y a également des contraintes de calendrier d’examen. Cependant, le niveau d’adaptation de la scolarité à l’INSEP est salué et les efforts faits en la matière pour aller encore plus loin dans les exigences des calendriers sportifs sont reconnus. Les Jeux olympiques de Paris en 2024 sont un levier pour tendre vers le 100 % !