Gilles Moretton : « L’Urban Tennis donne accès au tennis »

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Gilles Moretton, président de la Fédération Française de Tennis (FFT), dévoile les enjeux de l’Urban Tennis ainsi que son développement en France.

Jeudi dernier, le premier terrain d’Urban Tennis a été inauguré au collège Hector Berlioz, dans le 18e arrondissement de Paris. Quelle est la genèse de ce projet ?

Gilles Moretton : La genèse, c’est tout simplement permettre au plus grand nombre de jouer au tennis. Lorsqu’on veut jouer au tennis, on est obligé d’aller là où il y a des courts. Ces courts de tennis se trouvent dans des clubs qui sont affiliés à la Fédération française de tennis. Pour intégrer ces clubs, il faut être membre. Cela veut dire qu’un jeune ou moins jeune qui a envie de goûter au tennis, ça l’interpelle, ça lui plaît. Il ne sait pas où aller. Donc l’idée derrière l’Urban Tennis, c’est de permettre le tennis partout, dans tous les lieux et pour tous, donner accès à ce sport sur un terrain plus petit, 6m par 12m, avec des raquettes un peu plus petites et des balles en mousse plus faciles d’accès. Ce que l’on veut au travers de cette discipline, c’est donner la chance au plus grand nombre de goûter au tennis et que si ça leur plaît, nous créons ce qu’on appelle une passerelle avec le club de proximité. Exemple : dans le 18ᵉ arrondissement de Paris, on a créé une passerelle avec un club affilié à la fédération. Et si les jeunes et les moins jeunes, puisqu’on aura aussi des moins jeunes qui pourront jouer, se plaisent à jouer au tennis et ont envie de jouer, on créera des facilités pour aller dans le club de proximité.

Comment cette initiative est-elle accueillie chez les jeunes ?

GM : Cette initiative est bien perçue. Il faut savoir que la Fédération Française de Tennis (FFT) a une politique d’ouverture du tennis qui est très importante. On a un dispositif dans les maternelles qui s’appelle de la cour aux courts, de la cour de maternelle aux courts de tennis. Dès la maternelle, on fait de l’initiation, avec du matériel éducatif, telles que des petites raquettes. Pour les collégiens et lycéens, nous avons des opérations parfois ponctuelles. Pour la première fois, on démarre la mise en place de terrains qui vont rester pérennes et qui permettront tout au long de l’année, lors de la récréation, à des jeunes de venir essayer le tennis. Ce dispositif montre que l’on peut rapidement prendre du plaisir. Le tennis a cette particularité, un petit peu comme le ski, où vous n’allez pas démarrer tout de suite par une piste noire. On va vous mettre avec des petits skis et vous allez faire ce qu’on appelle de la patinette dans un premier temps. Mais au tennis, on ne vous met pas tout de suite sur le central de Roland-Garros à jouer au tennis avec une raquette normale et des balles en dur. On sait qu’il faut du temps pour se faire plaisir. L’Urban Tennis va permettre aux lycéens de jouer toute l’année, de découvrir le tennis pour certains et de se dire, comme je l’ai vu moi la semaine dernière, avec certains jeunes qui avaient tout de suite des facilités : « Si tu veux continuer à jouer, il y a un club pas très loin. »

« La démocratisation du tennis existe depuis très longtemps »

Outre les jeunes, allez-vous attirer de nouvelles tranches d’âge à travers cette pratique ?

GM : Bien sûr. Il y a deux objectifs. Le premier objectif, c’est changer l’image du tennis. On a malheureusement l’image du tennis réservé à certains. On a cette image au travers d’un prisme qui est le prisme de la télévision et de Roland-Garros. Quand on voit Roland-Garros, on voit des gens bien habillés, avec des chapeaux blancs. On a l’impression qu’on ne peut pas y accéder, qu’on ne peut pas jouer, donc on regarde simplement le spectacle. Mais c’est tout à fait méconnaître la Fédération Française de Tennis, qui est installée dans tous les petits villages de France, où pour 50 €, vous jouez à l’année dans des conditions qui sont tout à fait acceptables. On a 7300 clubs de tennis. Le tennis est vraiment le sport pour tous. Ce qu’on a voulu démontrer avec l’Urban Tennis, c’est que la démocratisation du tennis, qui existe depuis très, très longtemps, a un problème d’image qu’il faut changer. La volonté qui a été la nôtre, c’est de permettre à des jeunes et des moins jeunes, bien sûr, vous l’avez dit, de jouer au tennis puisque dans l’établissement Hector Berlioz, le court pérenne sera ouvert le week-end aux Parisiens et aux Parisiennes. Il y a d’ailleurs un gardien à l’entrée de l’établissement, qui prêtera du matériel. Cela signifie que les gens en bas de chez eux pourront venir jouer ou s’essayer au tennis. Si ça leur plaît, ils pourront, derrière, accéder à un club.

« On veut pérenniser l’Urban Tennis Tour »

Concernant l’Urban Tennis, la FFT a lancé l’Urban Tennis Tour en juillet dernier. Quel bilan tirez-vous de cet événement ?

GM : C’est un succès populaire. Le tennis fait partie, comme le foot en ce moment, des sports qui sont les plus pratiqués, les plus médiatisés, avec la chance pour nous d’avoir dans notre patrimoine le tournoi de Roland-Garros. Au moment de Roland-Garros, toute la France regarde le tennis comme pour le Tour de France. En lançant l’Urban Tennis de partout sur des places de villages, sur des parkings d’hypermarchés, dans la rue, on a permis à des gens de le pratiquer. Il faut reconnaître que, comme pour tout sport, ça ne plaît pas à tout le monde. Sur 100 jeunes qui viennent jouer au tennis, certains à la fin de la journée, se sont amusés. Il y en a une vingtaine, une trentaine qui disent : « moi, ça m’a plu. J’aimerais bien revenir, demain où est-ce que je peux jouer ? » L’objectif, c’est faire la promotion de ce sport. Nous allons continuer cette politique d’ouverture puisque cette année, on va avoir plus d’une centaine d’étapes. On va aussi mettre en place une compétition avec des battle d’Urban Tennis pour des jeunes qui ne sont pas licenciés, mais qui ont des facilités parce que certains ont des aptitudes tennistiques. On leur permettra de venir en septembre l’année prochaine dans les allées de Roland Garros, installer des courts de tennis et disputer une compétition inter-quartiers.

L’Urban Tennis Tour sera-t-il un événement pérenne ?

GM : Oui. Non seulement on veut le pérenniser, mais surtout le développer. On a aujourd’hui la volonté d’avoir quatre équipes qui tournent en France et qui permettent au plus grand nombre de découvrir le tennis. Ce n’est pas simplement une opération ponctuelle. C’est une vraie politique d’ouverture et de développement vers le plus grand nombre. Le tennis, partout et pour tous, restera notre slogan.

D’autres terrains seront-ils inaugurés ?

GM : Dans les prochains mois, on a deux autres terrains en région parisienne qui vont s’installer. On a aussi beaucoup de communes qui nous demandent d’installer de façon pérenne sur une place. On a beaucoup de terrains de sport, de terrains de basket, de terrains de foot. On peut imaginer que le tennis s’intègre facilement avec d’autres équipements de proximité dans des quartiers. Donc oui, la volonté est de développer l’Urban Tennis pérenne. Parce que quand on parle du tour, c’est un tour avec des animations ponctuelles où on s’installe à un endroit et puis il y a énormément de monde qui passe. Cela représente à peu près 700 à 800 personnes qui viennent s’essayer au tennis, découvrir le tennis sous sa forme urbaine et avoir de plus en plus de terrains installés de façon définitive.

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