En poste depuis 2017, Gilles Sezionale est le président de la Fédération Française de Natation. Transformation de la gouvernance de la fédération, réforme de la licence, travail sur la formation… autant de sujets sur lesquels le président de la FFN a axé son mandat.
Vous avez pris les commandes de la fédération en 2017. Trois ans plus tard, quel bilan tirez-vous de votre action ?
J’ai la satisfaction d’avoir mené à bien des réformes importantes qui étaient inscrites dans mon programme. Je pense en particulier à la transformation de la gouvernance de la fédération. Désormais, ce sont les clubs qui participent à l’élection du comité directeur de la FFN. Nous avons aussi limité à deux mandats l’exercice du président de la fédération, imposé une limite d’âge de 70 ans pour les membres du comité directeur, mais aussi intégré d’anciens sportifs à ce comité directeur, je pense à Alain Bernard notamment. Depuis trois ans, nous avons aussi souhaité œuvrer sur la réforme de la licence. Le but de cette réforme est de mieux s’adapter aux pratiquants, de proposer notamment des prix différents selon les activités proposées. En effet, chaque licencié ne cherche pas forcément la même chose. Je pense à la licence eau libre à 10€, la licence apprentissage à 22€ jusqu’à 15 ans ou encore la licence à 10€ pour les adhérents de plus de 16 ans qui ne souhaitent pas pratiquer la compétition. Cette licence adaptée est une vraie réussite, nous étions 308 000 en 2018, et nous sommes passés à 375 000 en 2019. Pour 2020, nous avons déjà passé le cap des 300 000 licenciés cette année, plus vite que dans toute l’histoire de la fédération ! Nous avons déjà 50 000 licenciés de plus par rapport à 2019 à la même date.
« Un potentiel de 600 000 licenciés »
Comment continuer de « transformer » les adhérents en licenciés ?
C’est en effet l’un de nos objectifs à long terme, que tous les adhérents puissent devenir licenciés de la Fédération Française de Natation. C’est un potentiel de 600 000 licenciés, ce qui serait évidemment colossal pour nous. C’est dans cette optique que nous continuons à travailler et à mettre de nombreuses choses en place. Je pense à des événements comme l’EDF Aqua Challenge, qui rassemble des milliers de personnes lors de chaque étape. Nous travaillons également sur des thématiques fortes comme le sport santé, bien évidemment l’apprentissage de la natation avec le dispositif « J’apprends à nager » et le plan Aisance Aquatique lancé par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu. Ce rôle sociétal est essentiel et fait partie des prérogatives de notre fédération.
Le développement du sport de masse et le haut niveau sont-ils liés à vos yeux ?
J’en suis convaincu. Avoir une base plus large permet d’avoir plus de licenciés et donc un haut niveau performant. C’est aussi pour cela que nous avons souhaité redonner confiance aux clubs en apportant un éclairage particulier sur la formation. C’est un succès qui se construit progressivement et qui commence à payer. Chez les jeunes, nous avons connu une année 2019 exceptionnelle avec de nombreux titres et surtout de nombreux records de France jeunes battus. C’est le signe qu’une nouvelle génération talentueuse émerge, je suis donc plutôt optimiste du point de vue du haut niveau et des performances à venir.
« Travailler sur la détection et la formation des jeunes »
Justement, tout ce travail a-t-il pour but d’arriver à maturité en 2024 ?
Pour 2020, c’est en effet un peu court pour cette génération. Mais ce sont des athlètes qui doivent évidemment arriver à maturité en vue du rendez-vous de Paris 2024. Nous espérons que cette génération très prometteuse et déjà très performante dans les catégories de jeunes sera aux commandes dans quatre ans. Le but est d’ailleurs de continuer à travailler sur la détection et la formation des jeunes, nous travaillons en particulier sur la reconnaissance du travail des clubs formateurs et le développement des droits de mutation afin de leur offrir plus de moyens.
Est-ce une dynamique que l’on retrouve sur l’ensemble des disciplines portées par la fédération ?
Il est en effet bon de le rappeler, la Fédération Française de Natation a en charge pas moins de cinq disciplines. L’eau libre est sans doute celle qui recueille le plus de succès à l’heure actuelle, le travail entrepris depuis plusieurs années porte indéniablement ses fruits. La natation course est en reconstruction, mais l’engouement est en train de renaître. Du côté du plongeon, nous nous battons pour le développement de la discipline, nous faisons tout pour que la future piscine olympique créée à l’occasion de Paris 2024 bénéficie d’un bassin de plongeon, afin de permettre à la discipline de se développer en France. Nous sommes la huitième nation mondiale en natation artistique, avec l’objectif de continuer à gagner quelques places malgré la forte concurrence. Enfin, en water-polo, je suis très fier de nos filles qui travaillent à l’INSEP tout au long de l’année et qui ont validé leur ticket pour le Tournoi de qualification olympique. Elles auront donc une chance de participer aux prochains JO de Tokyo.
« La fédération doit avoir ses propres bassins en gestion »
Quel rôle la fédération peut-elle jouer concernant le développement des infrastructures ?
La FFN participe activement au développement des bassins éphémères. Nous travaillons d’ailleurs en étroite collaboration avec les fournisseurs de bassins sur ce sujet. L’un des grands projets de la fédération est d’avoir ses propres bassins en gestion. C’est un travail qui se concrétise, puisque le premier bassin en gestion du genre se situe à Clichy, puis nous en aurons un autre du côté de Toulon. C’est une nouveauté qui doit notamment permettre aux clubs de se développer.
Quelle suite entendez-vous donner au reste de votre mandat ?
Comme je le disais, aider les clubs à se structurer, à se développer et leur permettre d’avoir leurs propres bassins en gestion est une priorité. Nous devons aussi continuer d’œuvrer sur la formation et la détection des jeunes, nous avons une vingtaine de centres de formation et des centres d’entraînement qui se sont développés progressivement, ce maillage territorial est la clé de notre réussite. Ce travail est capital et même vital, afin d’éviter le creux générationnel que nous avons connu et de continuer à monter en puissance.
La FF Natation en chiffres :
- 308 000 licenciés en 2018
- 375 000 licenciés en 2019
- 53% de licenciées féminines
- 75% de licenciés loisir
- 600 000 adhérents
- 5 disciplines olympiques
- 1 326 clubs
- 42% des clubs inscrits au programme natation santé
- 4 119 piscines
- 7 735 éducateurs
- 144 110 abonnés sur Facebook
- 50 500 abonnés sur Instagram
- 27 870 abonnés sur Twitter