Avec plus de trente podiums, dont seize titres, Greg Crozier et Karine Joly sont des stars du freefly, discipline émergente du parachutisme sportif. Rencontre.
Greg Crozier et Karine Joly ont tout gagné (ou presque) en freefly. « C’est une discipline artistique du parachutisme sportif qui est apparue il y a une vingtaine d’années », explique d’abord Greg Crozier. « Deux performers exécutent des figures pendant 45 secondes devant la caméra d’un videoman. » En dix ans, Greg Crozier et Karine Joly, partenaires en freefly et en couple à la ville, se sont constitué un palmarès impressionnant : champions du monde et d’Europe, quatre fois en France, vainqueurs de la Coupe du monde, des médailles d’argent et de bronze ainsi que plusieurs records, dont quatre mondiaux. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une équipe de freefly compte bien trois membres. « Baptiste Welsh, notre videoman, répète avec nous pour bien intégrer son placement et le cadrage. Son travail compte aussi dans la notation », explique le parachutiste. « C’est comme le batteur dans un groupe de musique. On ne voit pas forcément, mais il est bien là. »
Une même passion
Greg Crozier et Karine Joly sautent ensemble depuis une décennie, une longévité remarquable pour une équipe dans cette discipline. « C’est peut-être parce que nous sommes un couple », estime le parachutisme. « D’habitude, les équipes se forment selon leur morphologie similaire. » Greg Crozier a découvert le vol libre très tôt grâce à son père qui pilotait de petits avions en loisir. « Petit, je l’accompagnais à son club et regardais les engins voler dans le ciel. Mais ce n’est que plus tard, quand j’ai commencé à regarder des films d’action avec des sauts en parachute que j’ai eu envie de faire la même chose. » Quand il rencontre Karine Joly, elle avait déjà plus de 200 sauts à son actif. L’équipe s’est créée naturellement. Le palmarès a suivi, ainsi que la reconnaissance avec les médailles d’honneur du ministère des Sports, de l’Assemblée nationale et de la Ville de Nice, leur lieu de résidence.
De l’importance des simulateurs de chute libre
Grâce à la notoriété acquise avec leurs titres, ces parachutistes sont sollicités à l’international les deux tiers de l’année pour sauter aux États-Unis, au Brésil et en Australie. Rentré au pays, le couple licencié au Cercle parachutisme de Nice s’entraîne non loin à Gap, mais aussi à Vannes, en Bretagne. Mais les sauts depuis l’avion ne sont pas le seul moyen de travailler leur technique. « Nous nous entraînons aussi dans des simulateurs de chute libre », relève Greg Crozier. « Quand nous sortons en avion, nous ne pouvons faire que dix sauts, pour 45 secondes chacun, par jour, ce qui est peu. En soufflerie, une heure équivaut à 70 sauts. C’est important de combiner les deux. » Greg Crozier, Karine Joly et Baptiste Welsh devaient défendre leur titre de champion du monde en août prochain en Russie, autre nation forte des disciplines freestyle, mais la compétition a été annulée dans le contexte de pandémie de Covid-19. « Nous avons passé deux mois et demi sans rien faire », raconte le parachutisme. « Nous avons récemment repris les sauts en simulateur et nous pensons sortir à nouveau en avion dans l’été. En revanche, on ne sait pas quand les compétitions internationales vont recommencer. Cela dépend de la réouverture des vols internationaux. » L’équipe va beaucoup s’entraîner en soufflerie à l’automne en attendant les Championnats de France de freefly afin de ravir un cinquième titre national.