Alors que le CIO assure que l’égalité femmes-hommes s’appliquera aux participants de toutes les disciplines sportives dès Paris 2024, la gymnastique rythmique traîne des pieds. Peterson Céüs, président de l’association GR-Ade, dénonce le manque de réaction des différents acteurs, ce qui pourrait mettre la GR en danger.
Quel est aujourd’hui l’imbroglio entourant la gymnastique rythmique ?
Notre association a envoyé un courrier au CIO il y a déjà un certain temps pour savoir quelle était sa position concernant la parité des pratiquants. Le Comité international olympique nous a assuré qu’il avait un objectif de parité et d’égalité, avec une jauge se rapprochant le plus possible des 50% de pratiquants masculins et féminins. Or, aujourd’hui, la gymnastique rythmique n’est pas ouverte aux hommes. De son côté, la Fédération internationale de gymnastique nous a expliqué qu’elle s’était frottée au refus des fédérations nationales concernant l’introduction de la GR à destination des hommes. Les fédérations nationales que nous avons contactées expliquent en revanche que le problème vient de la Fédération internationale de gymnastique. Tout le monde se renvoie la balle et la situation n’évolue pas.
Cette ouverture aux pratiquants masculins est-elle nécessaire en vue de la survie de la discipline ?
En effet, la volonté de parité du CIO rend cela nécessaire. En trois ans, la GR va donc devoir trouver un moyen de créer des catégories masculines, ou alors s’arranger de je ne sais quelle manière pour faire consigner cette exception et être tout de même présente au programme olympique.
À un peu plus de trois ans de Paris 2024, n’est-ce pas déjà trop tard ?
Tout à fait. Même si le recours que nous avons déposé finit par aboutir, la Fédération française de gymnastique devra trouver des solutions pour créer un collectif masculin de haut niveau pour la GR. Or, ce n’est pas en trois ans que l’on crée une équipe olympique. De plus, dans l’hypothèse où le recours aboutit, il ne concerne pas les autres fédérations nationales. Toutes ces fédérations ne pourront pas créer de collectif en l’espace de trois ans. Pour que la GR demeure présente aux Jeux olympiques, je pense vraiment que le CIO va devoir faire « semblant » qu’il n’y a pas de discrimination, alors que la discipline demeure uniquement féminine.
Si la GR venait à disparaître du programme olympique, serait-ce la mort de la discipline ?
Médiatiquement, c’est certain. Les Jeux olympiques sont le plus grand événement sportif au monde et l’unique événement où la discipline est médiatisée. Le grand public ne voit la GR que tous les quatre ans lors des JO. À mon sens, retirer cette notion de rendez-vous médiatique et cette fenêtre d’exposition pour la discipline desservirait forcément la GR et l’empêcherait d’attirer de nouveaux pratiquants. La discipline serait moins visible et donc beaucoup moins intéressante aux yeux du grand public.
Plus d’informations sur l’association GR-Ade sur https://gr-ade.com/