L’équipe de France masculine a un mois de février chargé avec d’abord le Top 16 européen à Montreux (3-4 février), pour lequel Simon Gauzy et Emmanuel Lebesson sont qualifiés, puis la Coupe du Monde par équipes à Londres (22-25 février). L’occasion de faire le point sur la saison des Bleus et sur les objectifs avec l’entraîneur national, Han Hua.
Dans quelles conditions l’équipe de France aborde-t-elle le Top 16 européen et la Coupe du Monde par équipes ?
C’est une période franchement un peu compliquée parce qu’il y a le Championnat, nous n’avons donc pas beaucoup de temps pour une préparation spécifique. En plus, je trouve que mes joueurs, en raison du nombre important de compétitions, ne sont pas à 100%. Simon (Gauzy) est un peu blessé au dos, il ne peut pas s’entraîner au maximum. Même chose pour Manu (Lebesson) qui a des contractures au dos. En plus, Tristan Flore est blessé et ne sera pas là, c’est dommage parce qu’il était mieux l’année dernière. Quentin Robinot sera le troisième joueur, il est dans une bonne période. Il a pas mal joué lors de l’Open de Hongrie, même s’il manque un peu d’expérience. Donc pour vous dire la vérité, je ne sens pas les joueurs à 100% actuellement. Après, on va essayer de faire le maximum, notamment pour la Coupe du monde par équipes, une compétition qui revient après avoir été annulée.
Sur quels ressorts allez-vous insister auprès de vos joueurs ?
C’est surtout la préparation mentale qui compte. J’ai toujours dit que pour évoluer au haut niveau, la technique ne suffit pas si le mental n’est pas là. Sans mental, il manquera toujours quelque chose, c’est pour moi le plus important. Après, gagner ou ne pas gagner, ce n’est pas pour moi l’essentiel. L’essentiel dans ces compétitions, c’est d’apprendre quelque chose.
Faites-vous une hiérarchie entre les objectifs ?
Oui, j’ai toujours dit que tout en haut, il y avait les Jeux Olympiques, ensuite les Championnats du monde, puis les Championnats d’Europe, la Coupe du monde. Je considère plus les épreuves comme le Top 16 ou les Open comme des examens pour savoir si le joueur progresse, pour essayer de voir ce qu’il lui manque.
Quel regard portez-vous sur Simon et Manu ?
Simon est un joueur qui a une technique solide, coup droit, revers, attaque-défense, service-remise, tout est bien. C’est un joueur équilibré qui, en outre, est encore jeune, avec de la motivation, du physique… C’est donc un bon joueur qui a la technique, c’est fondamental. Maintenant, il peut encore progresser au niveau mental. Je le répète mais pour moi, c’est fondamental, c’est ce qui donne la volonté et la confiance dans les matchs importants. Depuis deux-trois ans, il a déjà progressé dans ce domaine, mais ce n’est pas encore assez pour rivaliser avec les joueurs qui sont dans les deux ou trois meilleurs du monde. De toute façon, dans le sport, si tu ne progresses pas, tu baisses de niveau. Quant à Manu, il a une très bonne technique, le coup droit et son service sont ses points forts. Il est bon dans la prise d’initiative, un peu moins au niveau du revers et de la défense, même s’il a beaucoup progressé depuis deux-trois ans. Par contre, il est très motivé, il veut y arriver, il s’entraîne bien malgré le fait qu’il a une famille, un enfant, c’est très bien. L’important pour lui, c’est d’évoluer au niveau du courage et de la confiance, il a parfois tendance à trop réfléchir, à trop calculer. Comme c’est un joueur plus âgé, c’est parfois plus difficile d’apprendre de nouvelles choses. Il est pourtant très réceptif, mais pendant le match, les anciennes habitudes remontent parfois à la surface.
Quel sera l’objectif de l’équipe de France sur la Coupe du monde par équipes ?
C’est une compétition qui s’annonce relevée avec les meilleures équipes du monde. Il faut avoir une part de réussite avec le tirage au sort, mais la chance ne permet pas d’être sûr de gagner, ça ne suffit pas. On l’a vu lors des derniers Championnats du monde où on tombe contre l’Angleterre en quarts de finale et finalement on perd, parce que trop de pression, trop de calculs… Comme je l’ai dit, l’équipe n’est pas à 100%, mais c’est peut-être aussi le cas des autres équipes. Ce qu’il faudra, c’est donner notre maximum pour décrocher le meilleur résultat.
Et à Halmstad, en Suède, pour les Championnats du monde par équipes fin avril ?
C’est notre plus grande compétition de l’année. Nous irons en Suède sans Tristan Flore, ce qui est peut-être un handicap, même si, comme je l’ai dit, Quentin a montré de belles choses récemment. Il faut qu’il continue à bien travailler pendant les trois mois qui nous séparent des Championnats du monde, parce que le troisième joueur, c’est vraiment un élément important sur une telle compétition. Après, l’objectif pour nous est bien sûr de décrocher une médaille, même si beaucoup d’autres équipes pensent la même chose.
Les pays européens se rapprochent-ils de la Chine ?
C’est en tout cas notre objectif. Avec le changement de matériel, on a vu que la Chine après les Jeux Olympiques a été moins en forme. Le pays traverse une période où il n’est pas à 100%, comme ça arrive chez d’autres. Les pays comme l’Allemagne et la France progressent mais la Chine a encore de la marge, et il faut voir qu’en Allemagne, les deux meilleurs joueurs (Dimitrij Ovtcharov et Timo Boll) sont assez âgés, alors qu’en France, il y a des joueurs qui sont encore jeunes, comme Simon et d’autres. C’est bien pour l’avenir, à condition qu’on continue à bien travailler. C’est important d’avoir une bonne stratégie pour former des joueurs et bien travailler avec les joueurs importants, surtout dans la perspective des Jeux Olympiques. Tout ce que nous faisons, c’est en pensant aux Jeux Olympiques.
Quand vous regardez les cadets ou juniors de l’équipe de France, voyez-vous des joueurs susceptibles d’émerger d’ici Paris 2024 ?
Oui, il y a pas mal de bons jeunes joueurs, comme Alexandre Cassin qui, pour moi, a les atouts pour faire quelque chose dans l’avenir : la technique, le physique, le mental. Il est encore jeune et perfectible, notamment techniquement, parce qu’avec son Bac l’an dernier, il était moins régulier à l’entraînement. Je suis en tout cas sûr que dans cette génération, un joueur va sortir d’ici six-sept ans et va faire quelque chose, j’ai confiance.
Cela fait quatre ans et demi que vous êtes en France, appréciez-vous votre vie ici ?
Oui, je suis content. La France est un très grand pays, Paris est une ville très jolie, les conditions de travail sont bonnes, tout est bien. Maintenant, mon objectif en tant qu’entraîneur est de faire progresser toute l’équipe pour prendre des médailles dans les grandes compétitions.