Laura Flippes, la gauchère caviar des Bleues

Laura Flippes of France during the Handball Golden League match between France and Denmark on March 23, 2019 in Boulazac, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport)

À 24 ans, Laura Flippes compte déjà trois médailles de taille avec l’équipe de France : le bronze à l’Euro 2016, l’or au Mondial 2017 et à l’Euro 2018. Où va bien pouvoir s’arrêter l’ailière du Metz Handball, devenue l’une des gauchères les plus impressionnantes de son sport ?

 
Depuis plusieurs mois, sa progression est fulgurante. Piston infatigable de Metz et de l’équipe de France, Laura Flippes est, à 24 ans, la main gauche du handball français. Championne d’Europe avec les Bleues en décembre dernier, la Strasbourgeoise a franchi un cap depuis l’été 2018 et ses performances de haut niveau sont devenues des plus régulières. En atteste son Euro en France bouclé à 20 sur 24 au tir et une troisième breloque enfilée autour du cou, après le bronze européen en 2016 et l’or au Mondial 2017. Ses belles performances internationales sautent désormais aux yeux, de quoi ravir le Metz Handball, son seul club depuis ses débuts professionnels en 2013. Produit alsacien formé à Achenheim Truchtersheim (ATH), en troisième division, Flippes y était déjà une joueuse unique.

Ses premiers tirs… de la main droite

Fille de handballeurs, alors que sa mère est passée par la Division 1 avec Achenheim et que son père y a coaché, Laura Flippes brillait alors surtout… par sa main droite. « À mes débuts, je n’avais pas forcément plus de talent que les autres », confesse celle qui est capable de jouer à l’aile droite comme à l’arrière. « J’ai commencé le hand de la main droite, alors que dans la vie de tous les jours je suis gauchère. J’ai très vite changé de main. Et là, j’ai commencé à me dire que j’avais un don qui, en travaillant un peu, pouvait m’emmener loin. » Car dans le handball comme dans beaucoup d’autres sports, les gauchers du pied ou de la main, plus rares, sont évidemment convoités. « C’est mon papa qui m’a dit que les gauchères étaient très recherchées et que c’était bête de ne pas utiliser cette capacité-là. » À Achenheim, elle fait profiter l’ATH de son poignet gauche déjà dévastateur et de ses qualités d’attaquante. Souvent surclassée, elle se démarque rapidement des autres et porte son équipe jusqu’à l’accession à la Division 2, en 2013. Quelques mois plus tard, l’Alsacienne débarque au centre de formation de Metz, une équipe qui sort tout juste de la première finale européenne de son histoire, en Coupe de l’EHF. « L’Europe, ce n’était pas vraiment ce qui me préoccupait encore. Déjà, je ne m’imaginais pas intégrer l’équipe première immédiatement même si ça s’est fait rapidement. J’avais des objectifs plein la tête, mais atteindre l’équipe première était le premier. » Quelques semaines après son arrivée, elle prend part au premier match de la saison avec la D1. Profitant de blessures, la novice ne se débine pas et inscrit même sept buts dès sa première rencontre.
 

« À Metz, on signe dans un club qui gagne »

Portée par ses débuts rêvés, la numéro 8 messine redouble d’intensité au travail, perfectionne son coup de poignet, s’améliore également en défense. 2014, 2016, 2017, 2018, 2019, un seul titre de championne de France lui échappera, en 2015 lors d’une année de transition pour le club le plus titré de l’Hexagone avec ses vingt-trois sacres en D1. Metz, une machine infernale. « Cette domination, je ne l’explique pas vraiment », lâche-t-elle modestement. « Il y a une vraie culture, une vraie rigueur ici. On sait qu’en arrivant à Metz, on signe dans un club qui gagne, qui en veut toujours plus. » Convoitée par Brest lors de l’intersaison, l’ailière a privilégié son club de toujours avec qui elle vient de resigner pour cette saison. Signal qu’elle s’y sent comme un poisson dans l’eau. « J’entame ma septième saison et j’y ai toujours la sensation de progresser chaque année. Je n’ai donc aucune raison de m’en aller. » D’autant que sur la scène européenne, le MHB est également l’une des places fortes du hand féminin. Demi-finaliste la saison passée en Ligue des champions, grâce notamment à une Laura Flippes au niveau, Metz vise la finale cette année. « C’est clairement l’objectif. Il faudra faire encore mieux que la saison dernière, voire aller chercher le titre européen. » Face aux Françaises d’Emmanuel Mayonnade, se dresseront toutefois les Norvégiennes du Vipers Kristiansand et les Hongroises du FTC Budapest dans un groupe particulièrement relevé. « De toute façon, en Ligue des champions, on aura forcément des matchs difficiles. Mais, on a quand même de grandes chances de passer, j’en suis sûre. »

Les JO, pour boucler la boucle

En sélection, dans une équipe de France qui réussit l’exploit de détenir simultanément les titres européen et mondial, Laura Flippes commence à faire partie des meubles. La gauchère semble avoir définitivement trouvé sa place dans le groupe tricolore, elle qui cumule désormais 55 sélections depuis sa toute première en amical face à la Norvège, en 2016. « Je me sens vraiment bien avec l’équipe de France », savoure-t-elle. « J’ai la sensation d’avoir la confiance de l’équipe et du staff. Ça fait beaucoup de bien de pouvoir jouer son propre jeu sans trop se poser de questions. Je ne me sens pas avec un couteau sous la gorge, à me dire : « Mince, là, il ne faut surtout pas que je fasse d’erreur ». C’est ce qui me permet d’être à mon niveau et de répondre à la confiance que me donne le sélectionneur (Olivier Krumbholz, NDLR). » L’ambiance qui règne au sein du vestiaire et l’alchimie qui peut exister en dehors des terrains, participent grandement à placer la France comme LA nation mondiale du handball. « Comme je l’ai toujours dit, quand j’ai un ballon de décalage, j’ai constamment l’impression qu’il y a toute l’équipe qui va venir tirer avec moi ! Je sais que ça va finir au fond. C’est une sensation incroyable. » Mais, la Strasbourgeoise a-t-elle conscience qu’à 24 ans seulement, elle détient déjà un palmarès sensationnel avec ses cinq Championnats en club et ses trois médailles internationales ? « C’est vrai que c’est fou, mais je ne m’en rends pas vraiment compte. Il y a certaines filles qui n’ont jamais obtenu de titres, et moi… » Justement, son prochain objectif sera désormais d’aller chercher une nouvelle médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020, dernière breloque qui manque à Laura Flippes et à l’équipe de France. « C’est quelque chose que l’on me demande souvent : bien-sûr, c’est le dernier titre qu’il me manque. Donc, je veux aller le chercher ! »

« Paris 2024, ce serait un rêve ! »

« Vivre des Jeux olympiques, c’est quelque chose qui me ferait un plaisir fou. Mais là, en plus à Paris, en France ? Ce serait un rêve ! » Laura Flippes a déjà eu un petit galop d’essai en décembre dernier avec l’Euro et a pu mesurer ce qu’est vivre une compétition internationale poussée par tout un pays. « Déjà, cet Euro en France… pfff, c’était génial. Et des Jeux, je pense que c’est bien plus fort. C’est le rêve de tout sportif. » Le but, forcément, serait d’aller au bout. « On ne va pas aux Jeux olympiques pour participer, hein ! C’est encore un peu loin, mais j’y pense forcément. Bon, déjà, il faut que je me concentre sur ma saison avec Metz et à ces prochains Championnats du monde (du 30 novembre au 15 décembre 2019 au Japon, NDLR) que je vais disputer avec l’équipe de France. Il me reste beaucoup de chemin encore d’ici-là. »
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La bio express de Laura Flippes :
Par Romain Daveau
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