Hugo Beurey et Ferdinand Ludwig, tandem inséparable des poids légers, rament avec détermination vers les Jeux Olympiques de Paris 2024
Vous êtes un duo formé après les J.O de Tokyo, combien de temps cela prend pour bon un fonctionnement et être prêt pile pour l’échéance des Jeux Olympiques de Paris 2024 ?
Hugo Beurey : Dans la dernière olympiade, on n’avait jamais ramé ensemble et on n’a jamais été testé. C’est directement après les jeux de Tokyo 2021 que le projet a été construit. Finalement, dès les premières sorties, ça a plutôt bien fonctionné. Ça a été cool. Dès la première année, ça a aussi bien collé en compétition à l’international. C’étaient quand même des résultats prometteurs, on va dire. C’est un projet qui est construit sur 3 ans. On monte au fur et à mesure, on passe étape par étape. Ce qu’on s’est dit au départ, c’est que c’était une aventure humaine avant d’être sportive, et on a vraiment construit ça.
Comment se construit “une aventure humaine” ?
Hugo Beurey : On se connait d’avant, on était médaillé au championnat d’Europe en 2019 à Lucerne. Ce qu’on appelle “aventure humaine” c’est une aventure avec Thibault le coach, avec Baptiste qui est troisième homme du double. C’est une bonne entente, un groupe qui monte, un groupe qui fonctionne, c’est forcément bon pour l’esprit de compétition. Je prends un peu l’exemple de la dernière olympiade, où ça se tire un peu dans les pattes au niveau du groupe et c’est aussi pour ça que ça n’a pas fonctionné. Il y a eu beaucoup de changement de rameur dans le double et ce n’est pas un fonctionnement qui est durable dans le temps.
Vu que vous fonctionnez à deux, lorsqu’un de vous va mal, comment le gérez-vous ?
Hugo Beurey : Là, on peut l’expliquer, ça s’est passé cet hiver. Pour l’avoir expérimenté de septembre à début janvier, c’est assez compliqué au début dans un double, après un échec et la remise en route. Moi, je n’arrivais pas forcément à me remettre en route et après, je suis tombé malade. Mais des deux côtés, on a eu du soutien. Finalement, le jour où je suis revenu à l’entraînement après ma maladie, c’est le jour où Ferdinand s’est cassé le poignet. Sur cette période-là, on s’est vraiment laissé une période de réflexion, chacun de notre côté après, on a
refait une remise à niveau à deux sur le pourquoi du comment et ça nous a fait beaucoup de bien.
Cette réflexion, c’était pour éventuellement changer de partenaire ?
Hugo Beurey et Ferdinand Ludwig : Non pas du tout, c’est comprendre l’échec, puisqu’on a eu des passages très bons l’année dernière et on a eu aussi des passages très mauvais avec les Mondiaux. Comprendre comment on en est arrivés là, comment on a pu passer au travers complet des mondiaux. Ça a été des réflexions intéressantes pour ne pas reproduire les mêmes erreurs cette année.
Les Jeux à Paris du coup ça vous permet d’avoir vos repères sur l’eau, c’est un avantage ?
Hugo Beurey : Là, on commence à bien connaître les bouées. Après un bassin d’aviron ça fait 2000m, il y a des bouées toutes les 500m, pour moi ça ne change pas trop.
Ferdinand Ludwig : Ce qui peut changer c’est le vent, il peut y avoir un vent dominant. Après sinon on sait qu’à Paris c’est généralement un bassin qui est très rapide et je pense que cet été si le vent se lève, en son vent d’origine. On le surnomme “le bassin de Vent-Sur-Marne”, je pense qu’il peut y avoir quelques records du monde.
« Jürgen Gröbler, la petite flamme qui manquait à toute l’équipe »
Qu’est-ce que l’arrivée de Jürgen Gröbler (consultant exécutif de la Haute Performance) a apporté ?
Hugo Beurey : Pour moi, s’il n’était pas arrivé, et qu’il n’y avait pas eu d’annonce d’un renouveau à la fédération, je ne pense pas que j’aurais re-signé. Que ce soit sur le programme d’entraînement ou sur la gestion humaine pour moi, c’était fini avec l’équipe qui était en place avant et heureusement qu’il est arrivé. Ça a ramené la petite flamme qui manquait à toute l’équipe.
Ferdinand Ludwig : Depuis qu’il est arrivé, on dit souvent une équipe avant ce n’était pas ça. Avant, il y avait des équipes de France, tout le monde était séparé.
Il y a des facteurs qui ne sont pas quantifiables à l’approche de ces J.O : l’émotion, l’intensité, la pression, l’objectif de médaille, êtes-vous prêt à ça ?
Hugo Beurey et Ferdinand Ludwig : Je pense qu’on est prêt, on a fait un gros travail là-dessus sur la régate de qualification. Car sur la régate de qualif’ il n’y a que deux places. Moi, je l’avais déjà vécu en 2021. C’est une compétition assez bizarre. On s’était bien préparé à Lucerne cette année à être focus sur nous, à être serein. On a bien bossé et finalement on a eu l’attitude de d’habitude en course. Après les J.O c’est bien, on est sur un même fonctionnement qu’un championnat du monde avec les mêmes adversaires que d’habitude donc finalement, c’est une compétition comme une autre. Sur l’eau en tout cas, quand on est aligné au départ, c’est comme d’habitude.
Propos recueillis par Aurore Quintin