Ibrahim Ghanem : « Je suis resté une journée entière sans parler, sans sourire, sans rien »

Crédit photo : France Lutte

Athlète de l’équipe de France de Lutte Gréco-romaine, Ibrahim Ghanem, champion du monde 2023 en -72kg, a vu son rêve olympique s’envoler suite à une commotion cérébrale.

Comment vit-on le fait d’être dans une catégorie non olympique quand on sait que le rêve de tout athlète de haut niveau c’est de faire les Jeux Olympiques ?
De base, j’ai commencé en 2022 en -77kg dans une catégorie olympique, mais malheureusement ça n’a pas bien marché et je suis resté six mois dans cette catégorie. J’ai fait les championnats d’Europe 2022 en -77kg, j’ai perdu au premier tour contre le champion turc d’Europe et après, j’ai fait deux à trois tournois toujours dans cette catégorie, mais ça n’a pas bien fonctionné. Mon poids de forme, c’est 75-76kg du coup, on a discuté avec les entraîneurs, et on s’est dit que c’était mieux de descendre en -72kg et qu’après, on verra.
J’ai fait pour la première fois les Championnats du monde en 2022 à 72kg et je termine 5eme ainsi que les Championnats d’Europe ou je fais 2eme en 2023. Je décide de rester dans la même catégorie, la même, je fais Champion du Monde. Après ça, on s’est réuni avec les entraîneurs pour tenter une qualification olympique pour les J.O de Paris en -77kg. Malheureusement, je n’arrive pas à prendre beaucoup de poids, je ne monte pas plus que 77-78kg maximum ce qui est léger comparé à mes adversaires qui font des régimes et montent à 84-85kg minimum.

Comment on se sent quand on prend un titre de champion du monde, mais qui ne vous propulsera pas sur les JO ?
On se sent vraiment très triste parce qu’après avoir pris mon titre de champion du monde en -72kg, j’ai pris beaucoup de confiance en moi et dans ta tête, tu t’approches d’une médaille olympique parce que tu as un titre de champion du monde.

Vous êtes monté en -77kg, dans la catégorie de votre coéquipier Johnny Bur pour tenter une qualification olympique. Suite à un échec sur le premier TQO (tournoi de qualification Olympique) en Azerbaïdjan, qui de base n’était pas prévu pour vous, les entraîneurs ont décidé de vous remettre en course avec Johnny pour le 2eme et dernier TQO. Comment s’est déroulée cette sélection ?
Les entraîneurs nous ont fait faire un match de sélection avec Johnny Bur que j’ai gagné. Après on est parti en stage en Hongrie et malheureusement durant ce stage je me suis blessé, j’ai eu une commotion cérébrale. Je me suis renseigné auprès du médecin pour voir si je pouvais quand même combattre pour le TQO, mais il m’a dit de ne pas faire le tournoi et donc c’est Johnny qui est parti.

C’est un deuxième échec pour vous, comment avez-vous vécu cette désillusion ?
Je suis resté une journée entière sans parler, sans sourire, sans rien, parce que tu vois ton rêve partir, s’en aller comme ça devant toi, vraiment ça m’a rendu triste. Dans ma tête, je m’étais dit, c’est le dernier tournoi, à 90% je vais me qualifier. Je me testais sur les stages, j’allais combattre contre les adversaires en 77kg je me sentais bien, j’avais confiance en moi et quand je me suis blessé mon rêve s’est envolé.

Comment comptez-vous rebondir ? Et quels sont vos prochains objectifs ?
On a parlé avec les entraîneurs, pour la suite d’après les jeux et il y a les championnats du monde en octobre avec les catégories non olympiques dont la mienne. Je suis toujours léger au niveau du poids, c’est pour ça que l’on décide de me faire repasser en -72kg, jusqu’à 2026-2027 pour gagner encore des médailles et pourquoi pas faire un deuxième titre de champion du monde. Après, il y a un tournoi en Hongrie prochainement pour la ranking list mondial, puis il y aura le tournoi de Madrid début juillet et les championnats du Monde en octobre. Et dans deux ans, peut-être passer en -77kg pour re-tenter une qualification olympique pour les JO de Los Angeles.

Propos recueillis par Aurore Quintin

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