Une vingtaine de joueurs de football alimentent leurs réseaux sociaux grâce aux photos d’Icon Sport. L’agence de presse a donc créé une application, afin de répondre à la demande grandissante des sportifs, adaptant ainsi sa manière de travailler. Explications avec Willy Mellet, directeur associé.
Les réseaux sociaux sont une vitrine pour les sportifs professionnels, un moyen de rappeler leur actualité et leurs exploits. Pour être bien visible, publier de belles photos s’impose. C’est à ce moment qu’Icon Sport, agence de presse spécialisée dans la photographie sportive, entre en jeu. Depuis six mois, la société a lancé une application afin que les sportifs, après avoir souscrit un abonnement, aient accès aux clichés pris lors des événements auxquels ils ont pris part. « Nous sommes partis du constat que nos photos sont reprises sur les réseaux sociaux depuis les sites de nos clients », raconte Willy Mellet, directeur associé d’Icon Sport. « Nous nous sommes rendu compte du potentiel du côté des sportifs, en plus du côté éditorial. On s’est dit : « on a les photos, pourquoi ne pas répondre aux besoins des sportifs pour leurs réseaux sociaux ? » » La volonté était présente, il ne restait plus qu’à créer l’application IconSport App, disponible sur smartphone via Androïd et Apple, ou permettre un accès au site via un ordinateur. Les sportifs, ou leurs agents d’image dans la grande majorité des cas, peuvent la configurer pour pouvoir accéder à une banque de photos de leur choix, puis les publier sur les réseaux sociaux tels qu’Instagram, Twitter ou Facebook. « Lorsqu’ils se connectent, toutes les photos d’eux vont défiler à l’écran. Ils cliquent sur autant d’images qu’ils veulent pour les sélectionner et les uploader », détaille Willy Mellet.
Une mise en ligne rapide
L’application n’a pas eu de lancement officiel, car Icon Sport préfère voir le dispositif évoluer progressivement, mais « notre objectif est de faire du volume », explique José Romano, responsable commercial. « Nous nous sommes appuyés sur nos connaissances pour contacter les agents d’image ». Pour l’heure, l’agence de presse travaille uniquement avec des footballeurs. « C’est le sport que nous couvrons le plus, avec le nombre de professionnels le plus élevé, le plus de moyens et le plus médiatisé », explique Willy Mellet. Une vingtaine de footballeurs professionnels, évoluant dans les cinq grands championnats européens, ont signé un contrat avec l’agence dont Marquinhos et Presnel Kimpembé (Paris SG), Blaise Matuidi (Juventus Turin), Lucas Tousart (Olympique lyonnais) ou encore Aaron Leya Iseka (Toulouse FC). Les joueurs ont accès à cette application après avoir souscrit un abonnement mensuel de 129 €, semestriel de 890 € ou annuel de 1 290 €, et peuvent disposer de leurs portraits dès la fin des rencontres. « Les agents sont satisfaits, surtout de la mise en ligne rapide des photos, les banques d’images étant parfois alimentées dès la mi-temps, souligne José Romano. Si c’est un photographe salarié sur un terrain, il met directement les photos dans le système. Dans le cas où les clichés ont été pris par des pigistes ou par une agence partenaire, quelqu’un d’Icon est disponible pour les mettre sur l’application et le site. »
Les réseaux sociaux : un gros potentiel marketing
Romain Menoret, de l’agence Sport Cover, gère les contrats avec Icon Sport de Michy Batshuayi (Valence), Benjamin Mendy (Manchester City), Wissam Ben Yedder (FC Séville), Nordi Mukiele (RB Leipzig) et Jean-Victor Makengo (OGC Nice) : « Nous avons besoin d’alimenter les comptes des joueurs et les clubs n’ont parfois pas les ressources. C’est important pour les joueurs de mettre à jour leurs comptes sur les réseaux sociaux. C’est leur vitrine. Il y a un impact pour leur club, et ça les aide à décrocher des contrats publicitaires. Les réseaux sociaux ont un gros potentiel marketing. » Il faut donc trouver les photos des joueurs pour offrir une visibilité optimale. « Nous avons commencé à travailler avec Icon parce qu’il n’y avait pas d’autres solutions », poursuit Romain Menoret. « C’est toujours compliqué d’aller demander aux photographes, qui ne répondent pas toujours ou qui n’ont pas le temps. Quand je vais sur le site d’Icon, je suis sûr d’avoir un minimum d’images que je peux remettre sur leurs comptes Twitter et Instagram, Facebook étant moins utilisé. »
L’objectif sur les footballeurs sous contrat
Grâce à son réseau de photographes en France et ses correspondants à l’étranger, Icon Sport est capable de répondre aux demandes des footballeurs évoluant dans les championnats français, anglais, espagnol, allemand et italien. « Nous couvrons neuf des dix matchs d’une journée de Ligue 1, et nous pouvons avoir quasiment tous les matches à l’étranger », affirme le directeur associé. Cependant, cette application entraîne des changements dans la méthode de travail de l’agence de presse. « Ça nous oblige à faire attention au club et à la sélection dans lesquels joue le footballeur », indique Willy Mellet. « Il faut briffer le photographe pour qu’il ne passe pas à côté du joueur sous contrat. Parfois, on hésite pour déterminer quel match de foot on va couvrir mais, maintenant, on se dit qu’un tel sera intéressant parce qu’il y a un sportif que l’on suit. Si l’application se développe, on sera amené à être présent sur les dix matches de Ligue 1. » Pour que l’application soit au maximum de son efficacité, le photographe ne doit louper aucun geste technique, aucune frappe, aucun tacle, aucune célébration. « C’est ce que nous vendons aux joueurs », insiste Willy Mellet. « On essaye d’avoir la couverture la plus large possible. » Les photographes doivent donc s’adapter à l’actualité du joueur, jongler avec son poste sur le terrain et son statut titulaire/remplaçant. « Nous couvrons plus de matches, donc nous créons de l’activité et faisons travailler encore plus les photographes, mais pas de là à recruter quelqu’un… »
Et les autres sports ?
À savoir maintenant si l’application va continuer de se développer et va se diversifier au-delà du football. « L’application pourra concerner d’autres sports dans le futur, avance le directeur associé. Si elle fonctionne bien, elle pourra être étendue au rugby, au basket, au handball et autres. » « Nous voudrions que ça arrive le plus vite possible, ajoute José Romano. Il faut arriver à toucher les autres sportifs, mais c’est plus difficile, car ces disciplines sont « moins professionnalisées » que le football ». Avec l’importance toujours aussi grandissante des réseaux sociaux, IconSport App est un bon filon à exploiter…
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Un peu d’histoire…
L’agence de presse Icon Sport, créée en 2015, dépêche des photographes sur le plus de terrains, de stades et de salles possible. « Nous avons toujours fait des photos de tous les sports, même si 50 % de notre activité se concentre sur le football », détaille Willy Mellet. Parti avec trois employés à sa création, Icon Sport, basé à Nanterre en banlieue parisienne, compte aujourd’hui dix salariés, dont cinq photographes, les autres étant free-lance. La société fait travailler une quinzaine de photographes par semaine, dont une dizaine rien que pour le football, et s’associe avec des correspondants à l’étranger ainsi qu’avec des agences partenaires pour étendre sa couverture.