Dans la foulée de la victoire des Brûleurs de Loups en finale de Coupe de France, le président du Grenoble Hockey Jacques Reboh évoque les grandes ambitions du club, mais aussi le développement du hockey français, qui a encore du retard à rattraper selon lui.
Tout d’abord, félicitations pour ce titre ! Comment avez-vous vécu cette finale ?
Jacques Reboh : Merci beaucoup. Le scénario était fou. C’est drôle parce qu’on arrivait après le match face à Amiens, qui était à plat. C’était très compliqué émotionnellement. On dominait, mais on ne marquait pas. J’ai longtemps craint que l’on soit coincé dans le scénario d’une équipe qui ne parvient pas à concrétiser toutes ses occasions et se retrouve perdante au bout. Finalement, tout bascule pour nous à quelques minutes de la fin, avec des exploits individuels.
« La finale à Bercy, toujours une grande fête du hockey tricolore »
Retrouver la finale de la Coupe de France, six ans après, et aller chercher le titre, c’était important pour vous ?
JR : Complètement. On est satisfait de casser cette image d’éternels seconds en Coupe de France. Ça fait quelques années que Grenoble joue les premiers rôles en Ligue Magnus, sans concrétiser en Coupe. C’est bien de ce côté-là d’être allé chercher ce titre, d’autant plus face à une équipe en bonne forme. Remporter le championnat, c’est la récompense de beaucoup d’années de labeur, et d’une régularité dans la performance sur toute une année. En revanche, la Coupe de France se joue sur un instant T. Le public français est peut-être plus habitué à ce genre de compétition, avec des matchs couperets où tout peut se passer, et surtout des surprises. Les médias aussi s’y intéressent, alors cette compétition est un bon moyen d’attirer la lumière. La finale à Bercy est toujours une grande fête pour le hockey tricolore.
Désormais, on entame le sprint final en championnat. L’objectif est évidemment d’aller décrocher ce doublé ?
JR : Dans un premier temps, l’objectif est d’aller chercher cette première place. Cela va nous permettre d’aborder les play-offs dans les meilleures conditions, avec l’avantage du terrain en notre faveur. Cela ne sera pas chose aisée, puisque Rouen nous talonne.
Et en Europe ? L’ambition est-elle de mieux figurer dans la compétition en passant quelques tours ?
JR : Effectivement. Cette année, ça a été une catastrophe. Je pense que l’équipe n’était pas forcément prête pour la Ligue des Champions. Le tirage était également très difficile. Ce n’est pas une excuse, il ne faut pas se cacher derrière ça, mais c’est une réalité. Avec la Coupe de France, nous sommes déjà assurés de jouer une Coupe d’Europe l’année prochaine. Certes, ce serait pour une compétition avec du hockey de moins bonne qualité. Mais cela n’empêcherait pas de faire parler. A Grenoble, le hockey se porte très bien, et son public n’est pas fait que de connaisseurs. Faire une épopée en coupe d’Europe serait peut-être plus parlant pour le grand public et les médias, à la manière de ce qu’a fait Angers cette saison.
« Travailler main dans la main avec la fédération »
Vous êtes à la présidence du club depuis 2016, pour porter le hockey grenoblois de nouveau au sommet en France depuis quelques années : quel peut être le cap supplémentaire désormais ?
JR : Le premier objectif, c’est de continuer à se professionnaliser. Les résultats sportifs sont souvent la partie haute de l’iceberg. La structuration, l’organisation, sont le travail en profondeur sur lequel on doit continuer de progresser. Il faut que l’on continue à travailler sur la formation, pour amener encore plus de joueurs au plus haut niveau. La professionnalisation de notre structure passe également par un dialogue avec la Fédération, afin que l’ensemble du hockey français soit tiré vers le haut. J’en ai parfois déjà parlé lorsque j’étais agacé, mais il existe d’autres championnats en Europe qui peuvent être des options, si jamais je me rends compte que nous sommes freinés dans notre progression. Les clubs sont interdépendants : nous ne sommes pas concurrents, mais adversaires. En France, il y a quelques locomotives, mais on ne pourra pas grandir sans les autres, sans l’ensemble des acteurs du hockey français.
Dans cette optique, la formation est-elle un axe de développement important ?
JR : Complètement. Nos équipes sont championnes de France en titre en U20, U17 et U15. Mais ce qui est le plus marquant, ce sont nos résultats en D2. Là, nos jeunes font face à des adultes, avec bon nombre d’anciens pros. Ils affrontent des joueurs expérimentés et aguerris, en étant âgés de 16, 17 et 18 ans. C’est une fierté pour nous, même si notre équipe en D1 a plus de mal. C’est la première étape vers le haut niveau, et un investissement de 500 000 euros à l’année. En revanche, les phases finales de championnats de jeune et celle de ces divisions se déroulent en même temps, ce qui va nous pousser à arbitrer. Cela fait partie de ces freins dans le développement du hockey, dans la manière dont il est structuré. Il nous faut travailler main dans la main avec la fédération pour trouver des solutions. Par exemple, les retours sur investissements des clubs formateurs quand des joueurs rejoignent d’autres clubs.