Yves Fantou, président du club de football l’US Saint-Malo en Bretagne, regrette que la situation difficile du sport amateur, causée par la pandémie de Covid-19, ne soit pas assez reconnue par le Gouvernement. Entretien.
Comment votre club de l’US Saint-Malo traverse-t-il cette crise causée par la pandémie de Covid-19 ?
Nos équipes, dont notre National 2 et la D2 Féminine, réussissent malgré tout à s’entraîner avec cette pratique nouvelle sans contacts, mais il existe une désaffection. Au-delà de la baisse de licenciés depuis le début de la saison, on constate un absentéisme lors des séances chez les lycéens, parce qu’ils n’ont pas la motivation de la compétition. Il peut n’y avoir que quinze jeunes dans un groupe, alors qu’avant on en avait systématiquement vingt.
Tirez-vous un constat alarmant pour le football amateur en général ?
Le football subissait déjà une baisse globale de licenciés, mais là, ça s’effiloche. On ne sait pas comment on va retrouver des éducateurs et des arbitres après cette crise. De nombreux d’éducateurs formés se retrouvent dans une situation de précarité. On ne parle pas assez de ces gens, pourtant cette situation affecte des milliers d’éducateurs et de bénévoles. Nous sommes dans un monde qui profite du bénévolat. Grâce à nos partenaires privés, une heure dans notre club coûte moins de 50 centimes. Il y a peu d’activités à ce prix-là, mais cela reste sous silence.
Le sport amateur est-il le grand oublié de cette crise selon vous ?
Je comprends que la situation est compliquée. La santé est importante, cette pandémie concerne les grands-parents de nos joueurs. Ce n’est pas mon rôle de dire si le football est essentiel ou non, mais on ne parle que de la culture, alors que le sport est un domaine fort dans l’éducation des jeunes. Le secteur culturel bénéficie d’un plan de relance de 2 milliards d’euros de la part du Gouvernement, alors que l’aide apportée au sport dans sa globalité est de 120 millions d’euros. Le sport est sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, mais le ministre Jean-Michel Blanquer est trop occupé par la situation des écoles. Le sport professionnel continue et, malheureusement, le football donne une mauvaise publicité à cause du scandale Mediapro. Il faut qu’on se pose des questions et j’aimerais qu’il y ait un éclairage sur le sport amateur.
Quelles sont les vertus du sport amateur ?
À l’US Saint-Malo, nous avons eu la chance de garder le contact avec nos licenciés pendant les confinements grâce aux réseaux sociaux. On publiait régulièrement des vidéos, mais ce n’est pas la même chose que de venir à l’entraînement et de jouer un match le samedi. Les gens essayent de mettre en avant la pratique individuelle, c’est bien, mais le sport encadré est fondamental. Être en club, c’est apprendre à arriver à l’heure à l’entraînement, à respecter les règles. On voit l’arrivée du esport, mais ce n’est pas l’école de la vie et notre but est aussi de lutter contre la sédentarité. Le lien social porté par les clubs est fondamental.