Jean-Baptiste Franceschi, 24 ans, fait partie des grands espoirs du rallye français. Déjà brillant sur asphalte, il s’est surpris lui-même cette année en remportant le rallye Terre de Lozère. Une polyvalence qui pourrait permettre au Varois de viser très haut dans les prochaines années.
Qui ? Qui pour reprendre le flambeau sur les routes asphaltées, terreuses ou enneigées, aux quatre coins du monde ? Si Sébastien Ogier et Sébastien Loeb ont encore brillé cette saison en championnat du monde des rallyes, la France reste sur deux années sans titre mondial. Une première depuis plus de quinze ans. Derrière les deux Sébastien, une nouvelle génération est prête à s’affirmer. Pierre-Louis Loubet, Adrien Fourmaux, Yohan Rossel, Yoann Bonato, Jean-Baptiste Franceschi : tous ces jeunes pilotes ont des profils de successeurs annoncés. « Forcément, ça donne des ambitions. Le championnat du monde des rallyes a besoin de pilotes français qui jouent devant. On est toute une génération de pilotes à rêver de ça. Pour moi, Ogier et Loeb sont des idoles et des exemples à suivre. La marche est très haute », confie Jean-Baptiste Franceschi. Des marches, le jeune pilote de 24 ans ne cesse d’en gravir depuis plusieurs années, lui qui doit sa passion pour le rallye à son père, Jean-Charles Franceschi. « Mon père participait à des rallyes dans la région et j’ai donc été passionné par ce sport depuis mon plus jeune âge. J’allais souvent voir des rallyes, je suivais mon père qui obtenait de super résultats. Honnêtement, quand je me suis approché de l’âge où je pouvais me lancer en rallye, je n’y croyais pas trop. Mais nous avons finalement réussi à acheter une voiture un peu avant mes 18 ans. C’était une petite C2, pour débuter. J’ai passé mon permis le jour de mes 18 ans et trois semaines plus tard, j’étais déjà engagé sur un rallye. »
« Je voulais avant tout faire des rallyes pour m’amuser »
Depuis, la passion du rallye n’a pas quitté Jean-Baptiste Franceschi. « Je voulais avant tout faire des rallyes pour m’amuser, comme le faisait mon père. C’étaient principalement des rallyes de la région et quelques épreuves en championnat de France. Plein de gens m’ont alors conseillé de m’inscrire dans une formule de promotion. C’est en effet ce qui permet aux jeunes pilotes de gravir les échelons. Grâce à plusieurs sponsors, nous avons réussi à acheter une 208 afin de participer à la 208 Cup et ça nous a permis de franchir un cap supplémentaire. » Vainqueur de la 208 Cup en 2019, Jean-Baptiste Franceschi abordait forcément cette saison 2020 avec énormément d’envie. « En gagnant la 208 Cup, on gagnait aussi notre participation au programme complet sur asphalte. Mais on a tendance à dire qu’on est tombé la mauvaise année… Trois courses ont été supprimées en championnat de France et deux en championnat d’Europe. Heureusement, nous avons réussi à monter un programme sur terre. Mais même s’il y a parfois des obstacles, on ne lâche rien. Comme pour tout pilote, nos débuts aussi ont été compliqués. Nous étions obligés de tout gérer nous-mêmes avec mon copilote, ça a duré pendant quatre ans. Aujourd’hui encore, attirer des sponsors est assez compliqué. Cette année, nous avons la chance d’être soutenus par Citroën, il est certain que ça aide beaucoup. Mais dès qu’il s’agit de trouver des partenaires, c’est assez difficile, encore plus en cette année particulière. » Cela n’empêche pourtant pas le Varois de figurer parmi les meilleurs pilotes tricolores sur cette année 2020 au volant de sa Citroën C3R5.
« La terre est une surface qui permet de chercher ses limites »
Sur asphalte, après une cinquième place au Touquet en tout début de saison, il monte sur le podium du Rallye Cœur de France, épreuve du championnat de France. « En asphalte, il nous manque encore un peu d’expérience par rapport aux pilotes qui jouent devant. D’un autre côté, nous avons quand même obtenu de bons résultats en jouant avec les meilleurs sur plusieurs spéciales. On essaye de combler ce manque d’expérience en travaillant un peu plus à chaque fois, mais ce qui est certain, c’est que la progression est positive », assure le principal intéressé. La très belle surprise est venue d’une autre surface : la terre. À la fin du mois d’août, il triomphe sur le rallye Terre de Lozère, devançant Adrien Fourmaux, pilote de sa génération et représentant français cette saison en WRC-2. « Sur terre, je suis le premier surpris de pouvoir jouer les premiers rôles d’entrée de jeu. Terre de Lozère était mon premier rallye en quatre roues motrices sur cette surface et nous avons tout de suite été en bagarre avec Adrien Fourmaux et en avance sur les autres pilotes habitués de ce championnat. Battre Adrien Fourmaux, qui est un pilote de championnat du monde, est pour nous une référence. Être en tête du championnat et devoir le gérer est motivant et très encourageant pour la suite », se réjouit Jean-Baptiste Franceschi. « La terre est une surface qui permet de chercher ses limites, des limites qui sont d’ailleurs un peu plus importantes que sur asphalte. J’adorais cette surface en deux roues motrices et j’ai pleinement retrouvé ces sensations en quatre roues motrices. C’est une surface qui me donne beaucoup de plaisir. »
« Mon ambition est de gravir les échelons »
« J’ai toujours eu l’idée en tête de monter un programme polyvalent afin de montrer ma pointe de vitesse sur terre », poursuit le pilote de 24 ans. « On sait très bien qu’en championnat du monde, 90% des rallyes se déroulent sur terre. Fin août, on a réussi à mettre en place ce programme qui nous a permis de participer à plusieurs rallyes sur terre avec la C3. Je pense que travailler sur cette polyvalence peut peser dans la balance pour la suite. » La suite immédiate, c’est la fin des championnats de France asphalte et terre en ce mois de novembre. Jean-Baptiste Franceschi a rendez-vous au rallye Terre de Vaucluse (13 au 15 novembre), puis au Rallye du Var (26 au 29 novembre). « Le Rallye du Var est une épreuve qui nous est familière, avec des routes que l’on connaît. Pour nous c’est un peu comme à la maison. On attend avec impatience ces deux épreuves », confie le pilote de la Citroën C3R5, qui devrait de nouveau batailler face à Yoann Bonato et Adrien Fourmaux. « Ce sont d’excellents pilotes, plus expérimentés que moi, qui nous tirent vers le haut. Le niveau qu’ils affichent nous pousse à bosser encore plus pour nous rapprocher d’eux le plus rapidement possible. » « Nous », car depuis cette année, Jean-Baptiste Franceschi est convaincu d’avoir trouvé le bon binôme. « Florian Haut-Labourdette est mon copilote cette saison. C’est un ami proche que je connais depuis de nombreuses années. J’ai confiance en lui à 2000%. C’est quelqu’un qui est toujours à la recherche des détails et qui peaufine son travail. Il m’apporte beaucoup de maturité. Cette année, c’est un gain important pour moi, c’est certain. » Un binôme que l’on pourrait retrouver très haut dans les prochaines années. « Après cette saison, mon ambition est de gravir les échelons. Je pense évidemment au championnat du monde, au WRC-2 ou au WRC-3. » Et lorsque l’on sait que Mathieu, jeune frère de Jean-Baptiste, affiche également un très beau potentiel, le nom de Franceschi n’a pas fini de résonner sur les rallyes futurs.