Depuis 2015, Jean-Luc Moudenc est le président de France urbaine, une association d’élus de grandes villes, d’agglomérations et de métropoles. Celui qui est aussi maire de Toulouse dévoile les contours de France urbaine.
Qu’est-ce qui a motivé la création de France urbaine en 2015 ?
France urbaine émane de la fusion de deux associations d’élus, l’Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) et de l’Association des Communautés urbaines de France (ACUF). Depuis novembre 2015, date de son officialisation, France urbaine est identifiée comme l’association des maires de grandes villes, présidents de métropoles et de grandes agglomérations, dont le poids s’est considérablement renforcé par la récente réforme territoriale des lois MAPTAM et NOTRe. Une suite logique, puisque les territoires urbains sont moteurs de croissance, d’innovation et de compétitivité, façonnant les solutions de demain sous le prisme des réalités du quotidien, au plus près des habitants. Cette responsabilité nécessite la constitution d’une association forte et visible auprès des pouvoirs publics. À ce jour, 103 collectivités, grandes villes, métropoles et grandes agglomérations, représentant près de 36 millions d’habitants, sont adhérentes à France urbaine.
La thématique sportive, priorité de l’association
Quelles sont vos priorités pour ce premier mandat de président ?
Inscrire l’association dans le paysage politique et institutionnel figure parmi les priorités centrales. Le processus demeure néanmoins naturel, tant la mobilisation des 103 collectivités membres de France urbaine est forte en matière de politique de la ville, de développement durable, de santé, d’éducation, de numérique, etc. Les territoires formulent des solutions, des innovations, des paramètres, que nous devons porter en dialoguant avec l’État, en garantissant une sensibilisation des enjeux territoriaux auprès des parlementaires – davantage nécessaire depuis la fin du cumul des mandats et l’absence d’élus locaux au Parlement -, en formulant des propositions concrètes en mesure de parfaire les décisions publiques et politiques. En mars 2017, nous avons interpellé les candidats à l’élection présidentielle en référençant dans le « Manifeste d’Arras » une trentaine de propositions relatives à la transition énergétique, à la cohésion sociale et territoriale, au développement économique, à la citoyenneté. Il plaide pour une « République des territoires », en mesure de consolider une vision décentralisatrice, prenant acte du rôle des territoires dans la formulation des réponses aux enjeux sociaux, environnementaux, et économiques. Cette mobilisation est nécessaire, tant la soustraction répétée des moyens budgétaires, opérée de manière unilatérale par l’État, entrave la montée en compétences des espaces urbains sur les thématiques sociales. C’est ce que nous avons rappelé dans le « Pacte de Dijon », qui propose une nouvelle politique de cohésion urbaine et sociale.
La thématique sportive fait-elle partie des priorités de l’association ?
Les grandes villes et métropoles participent largement au financement des équipements sportifs, ainsi qu’aux subventionnements des associations sportives. La vitalité du sport en France se démontre par le volontarisme des élus locaux à initier des politiques sportives au profit de la cohésion sociale, de la santé, du sport pour tous. La thématique sportive est une priorité de l’association, comme de nos territoires. La place des grandes villes et intercommunalités dans le sport a été rappelée à l’occasion de la concertation sur la nouvelle gouvernance du sport, à laquelle France urbaine a de facto pris part. Le Conseil d’administration de France urbaine, mobilisant les maires et présidents de nos collectivités, ainsi que les élus aux sports réunis au sein de la commission Sport, a exprimé la nécessité d’intégrer les collectivités parmi les instances de la future agence nationale du sport. Nous sommes également mobilisés dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques 2024, de la Coupe du monde de rugby en 2023 ou encore de la Coupe du monde de football féminine en 2019, autant d’événements internationaux qui permettent de mettre en valeur nos territoires.
« Faire valoir nos positions »
De quels moyens d’action France urbaine dispose-t-elle ?
Les élus, mais aussi les techniciens de nos collectivités, se réunissent périodiquement afin d’échanger et de porter collectivement des revendications auprès des différentes institutions. Nous faisons valoir nos positions auprès de l’État et du Parlement, à l’instar de la concertation sur la nouvelle gouvernance du sport. À notre initiative, une contribution commune aux associations d’élus (France urbaine, AMF, ADF, Régions de France) a été soumise à la ministre des Sports et au président de la République, avec pour but d’innerver le Projet de loi « Sport et société » qui sera discuté au Parlement en 2019. Notre parti-pris est de travailler en intelligence et de manière collective, en co-construction avec les institutions. La réponse aux enjeux contemporains ne peut que s’appliquer de manière concertée.
Quels seront les axes de travail de France urbaine en 2019 ?
Nous continuerons de défendre la décentralisation et d’affirmer la place dont les territoires urbains disposent, dans la formulation de politiques publiques réfléchies et adaptées aux particularités locales. Nous appuyons en ce sens le principe d’expérimentation et la possibilité pour les collectivités de tester des dispositifs innovants, à l’image de coopérations territoriales. Nous veillerons également à suivre la déclinaison et la mise en œuvre de nouvelles réformes : le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), le projet de loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN), le Plan Pauvreté, le Plan Santé, la stratégie relative à l’inclusion numérique, etc. Tout en maintenant notre attention et notre mobilisation à l’égard de celles à venir. Ces différentes évolutions, passées par le législateur, confèrent une part importante aux grandes intercommunalités, les accréditant de nouvelles responsabilités qui doivent à notre sens se traduire par une autonomie fiscale. Dans cette perspective, nous continuerons de nous mobiliser pour qu’une réforme de la fiscalité locale soit engagée, et nous l’avons rappelé. Être responsables de nos actions, c’est être responsables de nos ressources.